14/01/2013
"Mes amours durent en tout temps" (Clément Marot, encore...)
"La mort n'y mord" était la devise de Clément Marot. Splendide! Mais c'est "Chant de may et de vertu" que je recopie ici.
" Voulentiers en ce moys icy
La terre mue et renouvelle.
Maintz amoureux en font ainsi,
Subjects à faire amour nouvelle
Par légièreté de cervelle,
Ou pour estre ailleurs plus contens;
Ma façon d'aimer n'est pas telle,
Mes amours durent en tout temps.
N'y a si belle dame aussi
De qui la beauté ne chancelle;
Par temps, maladie ou soucy,
Laydeur les tire en sa nacelle;
Mais rien ne peut enlaydir celle
Que servir sans fin je prétens;
Et pource qu'elle est toujours belle
Mes amours durent en tout temps.
Celle dont je dis tout cecy,
C'est Vertu, la nymphe éternelle
Qui au mont d'honneur esclercy
Tous les vrais amoureux appelle
"Venez, amans, venez (dit-elle),
Venez à moi, je vous attens;
Venez (ce dit la jouvencelle),
Mes amours durent en tout temps"
Prience, fais amye immortelle,
Et à la bien aymer entens;
Lors pourra dire sans cautelle:
"Mes amours durent en tout temps"
Clément Marot,1538
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L'oranger du balcon a donné des oranges par millions
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13/01/2013
" A un poète ignorant" (Clément Marot, assez amusant lui aussi, qui appelait ses enfants: "mes petits maroteaux")
" Qu'on mène aux champs ce coquardeau,
Lequel gaste quand il compose,
Raison, mesure, texte, et glose,
Soit en ballade ou en rondeau.
Il n'a cervelle ne cerveau,
C'est porquoy si hault crier j'ose:
Qu'on mène aux champs ce coquardeau.
S'il veult rien faire de nouveau,
Qu'il oeuvre hardiment quelque chose,
(J'entens s'il en sçait quelque chose)
Car en rithme ce n'est qu'un veau
Qu'on mène aux champs."
écrit sans doute en 1526, publié en 1532
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