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11/04/2013

Rihanna nous envoie une photo

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Si vous suivez un peu, Rihanna est venue dîner à la maison il y a quelques jours. Elle n'a pas pu rester, il fallait qu'elle rentre pour voir le match des Lakers. Mais cette nuit, de Los Angeles, elle m'a envoyé cette photo par téléphone. Et elle avait écrit: "Au fait j'ai oublié de te demander: ton corsage à pois et ton tablier à carreaux tu les as achetés où?"

 

10/04/2013

"Note conjointe"

 

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"Je l'ai dit depuis longtemps. Il y a le monde moderne. Le monde moderne a fait à l'humanité des conditions telles, si entièrement et si absolument nouvelles, que tout ce que nous savons par l'histoire, tout ce que nous avons appris des humanités précédentes ne peut aucunement nous servir, ne peut pas nous faire avancer dans la connaissance du monde où nous vivons. Il n'y a pas de précédents. Pour la première fois dans l'histoire du monde les puissances spirituelles ont été toutes ensemble refoulées non point par les puissances matérielles mais par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l'argent. Et pour être juste, il faut même dire : pour la première fois dans l'histoire du monde toutes les puissances spirituelles ensemble et du même mouvement et toutes les autres puissances matérielles ensemble et d'un même mouvement qui est le même ont été refoulées par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l'argent. Pour la première fois dans l'histoire du monde toutes les puissances spirituelles ensemble et toutes les autres puissances matérielles ensemble et d'un seul mouvement et d'un même mouvement ont reculé sur la face de la terre. Et comme une immense ligne elles ont reculé sur toute la ligne. Et pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est maître sans limitation ni mesure. Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est seul en face de l'esprit. (Et même il est seul en face des autres matières.)

Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est seul devant Dieu.

Il a ramassé en lui tout ce qu'il y avait de vénéneux dans le temporel, et à présent c'est fait. Par on ne sait quelle effrayante aventure, par on ne sait quelle aberration de mécanisme, par un décalage, par un dérèglement, par un monstrueux affolement de la mécanique ce qui ne devait servir qu'à l'échange a complètement envahi la valeur à échanger.

Il ne faut donc pas dire seulement que dans le monde moderne l'échelle des valeurs a été bouleversée. Il faut dire qu'elle a été anéantie, puisque l'appareil de mesure et d'échange et d'évaluation a envahi toute la valeur qu'il devait servir à mesurer, échanger, évaluer.

L'instrument est devenu la matière et l'objet et le monde.

C'est un cataclysme aussi nouveau, c'est un événement aussi monstrueux, c'est un phénomène aussi frauduleux que si le calendrier se mettait à être l'année elle-même, l'année réelle, (et c'est bien un peu ce qui arrive dans l'histoire); et si l'horloge se mettait à être le temps; et si le mètre avec ses centimètres se mettait à être le monde mesuré; et si le nombre avec son arithmétique se mettait à être le monde compté.

De là est venue cette immense prostitution du monde moderne. Elle ne vient pas de la luxure. Elle n'en est pas digne. Elle vient de l'argent. Elle vient de cette universelle interchangeabilité.

Et notamment de cette avarice et de cette vénalité que nous avons vu qui étaient deux cas particuliers, (et peut-être et souvent le même), de cette universelle interchangeabilité.

Le monde moderne n'est pas universellement prostitutionnel par luxure. Il en est bien incapable. Il est universellement prostitutionnel parce qu'il est universellement interchangeable.

Il ne s'est pas procuré de la bassesse et de la turpitude avec son argent. Mais parce qu'il avait tout réduit en argent, il s'est trouvé que tout était bassesse et turpitude.

Je parlerai un langage grossier. Je dirai : Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est le maître du curé comme il est le maître du philosophe. Il est le maître du pasteur comme il est le maître du rabbin. Et il est le maître du poète comme il est le maître du statuaire et du peintre.

Le monde moderne a créé une situation nouvelle, nova ab integro. L'argent est le maître de l'homme d'Etat comme il est le maître de l'homme d'affaires. Et il est le maître du magistrat comme il est le maître du simple citoyen. Et il est le maître de l'Etat comme il est le maître de l'école. Et il est le maître du public comme il est le maître du privé.

Et il est le maître de la justice plus profondément qu'il n'était le maître de l'iniquité. Et il est le maître de la vertu plus profondément qu'il n'était le maître du vice.

Il est le maître de la morale plus profondément qu'il n'était le maître des immoralités. »

 

 

Péguy - Note conjointe sur Monsieur Descartes 1914 (paru après sa mort)

 

 

 

Sous la pluie hier après-midi qui tombait

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hier à la manif entre Montparnasse et l'Assemblée Nationale

 

Je suis pour les manifs. Quand le parcours traverse les "beaux quartiers" c'est la meilleure façon d'observer lentement les immeubles de Paris, les balcons, les portes cochères, les mascarons qui décorent les façades. Car même quand on se promène on est toujours sur le trottoir, on ne marche jamais au milieu de la rue.

Or dans une manif on marche au milieu de la rue, j'adore ça, et en prime il n'y a plus de bruit de voitures car la circulation est arrêtée. Et moi le bruit des camionnettes de la CGT ça ne me dérange pas.

C'était hier une "petite" manif, un parcours très court (de Montparnasse à l'Assemblée Nationale), pas la foule, quasiment pas de jeunes, et seuls ceux qui peuvent faire grève une demi-journée sans se faire virer, car c'est ça aussi la réalité. Mais c'était une grande manif par sa beauté. Sous la pluie les parapluies étaient nombreux, et au milieu du noir du bitume mouillé et brillant et des parapluies sombres, les drapeaux syndicaux faisaient des taches rouges et jaunes du plus bel effet. Quelques CRS bouchaient les rues adjacentes, magnifiques dans leurs tenues marine, et toujours sous l'uniforme restent à mes yeux des travailleurs.

Pendant ce temps les socialistes votaient à l'unanimité un texte de loi qui restreint considérablement les droits des salariés: pouvoir donné aux patrons de diminuer les salaires "en cas de diffiiculté" ou d'augmenter le temps de travail, et d'effectuer des mutations forcées ( si le salarié refuse, avant il "bénéficiait" -sic- d'un licenciement économique, désormais ce sera un licenciement tout court) et diminution des indemnités susceptibles d'être reçues aux prudhommes.

Autant dire, des mesures dont il est évident qu'elles favoriseront la croissance et créeront des emplois!

Un type que je ne connaissais pas m'a été présenté." Pierre" "Sophie" "Pierre". Il dansait seul au milieu de la chaussée en tenant un drapeau, grand, très mince, peut-être 55 ans-60 un photographe on m'a dit, les dents très abîmées, une silhouette de jeune homme maigre, les yeux qui brillaient, il avait certainement été très beau, il était perdu, il avait comme nous tous, tout perdu. Il souriait complétement désespéré. Mais il dansait sous la pluie. Ensuite on m'a dit "il est un peu allumé". Quelqu'un a ajouté: "je crois qu'il s'est mis à picoler".

Il était tellement allumé qu'il brillait, inoubliable, comme une torche dans la pluie qui tombait.