Nice

J'ai enlevé l'image de la Promenade des Anglais que j'avais postée ici avant-hier soir (ou hier matin, je ne sais plus). Cette coïncidence affreuse m'a mise mal à l'aise. Je ne pouvais pas laisser ce tableau. Hier soir j'avais hâte que Louise revienne du feu d'artifice de la Tour Eiffel, craignant deux attentats simultanés. Elle est bien rentrée. C'est quand même fou: mon anxiété disproportionnée, légendaire, et exaspérante, est en train de trouver sa justification. Bientôt plus personne ne se moquera de moi quand je m'inquièterais. C'est bien le signe que rien ne va plus. Le Professeur Ronchon, qui n'aime ni les feux d'artifice, ni le foot, ni les coquilles saint-jacques, (quel ronchon !) dit qu'il faut éviter la foule, qu'il l'a bien toujours dit que la foule c'est affreux. Mais je ne suis pas d'accord.N'est-ce pas un grand bonheur de la vie que debout la tête levée vers le ciel noir de regarder un feu d'artifice avec son amoureux ? J'ai un très heureux souvenir avec lui d'ailleurs d'un feu d'artifice à Brest où on avait rencontré Jos (tu te souviens, Jos?). De toutes façons en trois coups de cuillère à pot je lui ai montré qu'il avait tort. Bref, il a beau dire qu'il y a des attentats épouvantables partout dans le monde, certes, certes, certes, mais n'empêche c'est ignoble.

 

Jimmy, l'alangui

photo: T.

Depuis son opération Jimmy Le Craintif va mieux. Il y a dix jours la vétérinaire, vous savez celle dont je suis dingo,  lui a enlevé plein de dents -combien ? ce nombre reste secret, mais beaucoup- car il a une maladie dont j'ai oublié le nom. Du coup, comme les dents enlevées étaient infectées et les gencives etc, eh bien maintenant que ces microbes ne sont plus là, il va mieux. La vétérinaire dit que les chats n'ont pas besoin des dents pour manger. Enfin si, ils en ont besoin mais pour la viande. Or nous on ne donne jamais de beefsteack aux chats (ça va pas la tête? On n'a pas la fortune à Rostchild au coiffeur de Hollande). Bref, au contraire Jimmy mange mieux, il n'a plus mal -enfin je crois- car il a dû avoir affreusement mal,il ne bave plus (désolée pour les détails, je prends mes lecteurs pour des adultes ah ah), et il s'alanguit davantage, il semble moins apeuré, il prend plus ses aises.

D'ici qu'il mette sa casquette à l'envers et ses pieds sur les banquettes dans le métro, il n'y a qu'un pas.

Le Professeur Ronchon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rire tonitruant du Professeur est ce que j'ai aimé en premier chez lui. Un rire sonore (très sonore !) et gai qui couvre tout. Je l'ai entendu pour la première fois au téléphone, un soir de 2009. Il a toujours ce rire, qui a perdu pourtant un peu d'enfance, et gagné en gravité. Le Professeur n'a pas encore 40 ans, quoiqu'il aime à se vieillir et malgré ses trois cheveux blancs dans une tignasse plus sombre que l'âme de Manuel Valls, son ennemi juré.

Le Professeur déteste corriger les copies, porte en piètre estime les chefs d'établissement, et a souvent envie de buter ses élèves, les parents d'élèves, ses collègues, et pendrait volontiers haut et court "sa" ministre.

A part ça, charmant comme tout. Docteur Jekyll et Mister Hyde. C'est le gars qui aide les gens à porter leurs valises, à traverser la rue, à déménager, à réparer un pneu crevé, le gars qui donne de l'argent aux mendiants, qui donne des pourboires mirobolants dans les restaurants, qui fait le taxi pour mes enfants et qui continue pour Louise, qui accompagne maman chez le médecin, qui m'offre des fleurs au moins une fois par semaine. La dernière fois il y en avait même tellement qu'un court instant j'ai cru que c'était mon enterrement.

Le Professeur Ronchon a une spécialité (à part qu'il ronchonne parfois -souvent ?- contre le monde entier), c'est le far breton. Par piété filiale, il tient à la recette dite de son père, c'est à dire à la recette la plus étrange que j'ai jamais vue, d'un far qui cuit...trois heures. Comme le Professeur n'est pas très rapide culinairement parlant, si on inclut le temps de préparation, il lui faut bien quatre heures de sa vie pour réaliser ce chef d'oeuvre...dont la consistance quelque peu mastoque réconforterait un naufragé abandonné, à défaut de le régaler... Oh, on peut rigoler professeur Ronchon !

A part ça, le Professeur est amoureux d'Absinthe Sékincha, le Professeur descend à merveille les poubelles, le Professeur a des engouements successifs ardents, le Professeur ne prend pas ses médicaments contre l'asthme, le Professeur déconne parfois à pleins tubes.

Quand le Professeur ouvre une porte, c'est comme si le GIGN attaquait une planque de Daech et quand le Professeur va au conseil d'administration de son collège, c'est comme s'il partait à la guerre.

Ajoutez à cela que le Professeur prend soin des escargots, des coccinelles, et des fourmis, qui croisent son chemin.

Voilà, vous en savez déjà beaucoup sur lui !