UA-122527695-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/01/2015

Sinon, Poutine, il vient?

20090401-budapest_pano.jpg(le périphérique fermé Porte de Montreuil hier à 17h)

Quelque chose ne va pas pour dimanche. Enfin,"quelque chose" ce n'est pas une seule chose. Outre la grotesque unanimité complètement hypocrite d'un rassemblement de gens que tant de choses séparent (je ne donnerai la main ni à Sarkozy ni à Hollande ni à Merkel ni à personne), outre la couleur quand même très "nous les blancs on a les bonnes valeurs" de cet élan "républicain" d'enfants gâtés, outre que la revendication sur la "liberté d'expression" me parait déplacée (elle est où la liberté d'expression des palestiniens? elle est où la liberté d'expression des chômeurs en fin de droit? elle est où la liberté d'expression des salariés payés au smic? elle est où la liberté d'expression des syriens qui fuient dans des bateaux mortels et que beaucoup parmi les manifestants de dimanche voudraient voir faire repartir chez eux, etc.), oui, outre tout cela, me stupéfie cette candide puérilité: on dirait qu'ils viennent de découvrir qu'ils sont mortels et qu'ils trouvent ça trop injuste.

A part ça, on répète en boucle "il ne faut pas avoir peur", mais hier tout le monde avait peur. La peur s'est répandue très vite. La prise d'otage de Vincennes a eu lieu juste à côté de mon travail, les hélicoptères ont tourné dans le ciel tout l'après-midi et les sirènes de police n'ont pas arrêté, eh bien personne n'en menait large -en plus on se voyait passer le week-end au boulot, merci !- et quand Louise qui bossait près du Trocadéro m'a appelée pour me dire "j'ai peur" car la place  du Trocadéro avait été évacuée et il y avait des flics partout suite à ce qui s'est avéré une rumeur, le signalement d'un homme armé dans le métro à Trocadéro- , j'ai eu peur, je me suis dit "merde, merde". Le soir plusieurs lignes de métro ont été perturbées, colis suspects en veux-tu en voilà. Ordre aussi avait été donné que les boutiques de la rue des rosiers soient fermées. C'est bien le signe de la peur, non?

 

 

09/01/2015

La mise en scène des émotions

Juste un mot en vitesse avant de partir travailler. Oui, j'ai en horreur la mise en scène des émotions. Oui je trouve ridicule cette précipitation à répéter comme un slogan "Je suis Charlie". Depuis hier je n'entends que ça. "Je suis Charlie", ou des gens qui disent "je connaissais le frère du gars qui est parti en colo avec Charb quand il avait dix ans", comme si ça faisait d'eux des héros.Mais ils ne sont pas Charlie. Oui je ne partage pas cette envie de me retrouver avec d'autres gens avec qui je ne partage souvent rien dans le froid pour dire quoi ? Que c'est horrible ce qui est arrivé? Oui. Horrible comme beaucoup d'autres choses. Horrible parce que c'est en France ? Parce que c'est à Paris? Quel égoïsme.

J'ai participé à beaucoup de manifs dans ma vie, mais des manifs pour "demander", revendiquer. Des manifs comme éventuels moyens d'obtenir quelque chose. Avec un objectif. Ici quel est l'objectif autre que se mettre en scène? Quelle efficacité à ces rassemblements?

Ceci dit j'irai peut-être dimanche. Pour ne pas me fâcher avec tout le monde. Mais le "je suis Charlie" planétaire m'écoeure. Outre que pendant ce temps on ne fait rien.

08/01/2015

Dévitalisé

Je ne "SUIS" évidemment pas Charlie.Et ils ne "sont" évidemment pas Charlie.  J'ai lu Charlie- Hebdo chaque semaine pendant trois ou quatre ans comme je lisais Pilote les années précédentes et Actuel ensuite, avec ses feuilles de cannabis qui décoraient les marges.. A l"époque où je lisais Charlie-Hebdo je lisais -avec ferveur- la chronique de Cavanna en premier et je croyais en l'an 01 de Gébé qui disait que tout le malheur venait de ce que nous avions besoin d'usines qui fabriquent des langues de chat (c'est l'exemple qu'il prenait).  Charlie-Hebdo prônait la vie pauvre, la non-consommation, à une époque de grande consommation, c'était avant le premier "choc pétrolier". J'aimais bien Cabu et la tendresse de ses dessins de Catherine aimée du grand Duduche. J'aimais Reiser et sa vindicte contre "les beaufs". Et je trouvais en même temps Charlie très misogyne. Ne parlons pas d'Hara-Kiri, si gaudriole française.

Au boulot hier, c'était comme au théâtre. "Dix morts". Une porte s'ouvrait dans un bureau "Onze morts" et ensuite la porte à nouveau: "Douze morts", comme si chaque nouvelle mort annoncée confirmait l'horreur.Comme des buts dans un match.  Ensuite il y a eu: "Et Bernard Maris". Horreur des morts réelles, horreur de ce que je ressens chez les autres, cette jouissance morbide.

Le soir à la télévision, Hollande dans son rôle de président. Cazeneuve , dans un incroyable manteau matelassé. Philippe Val, anéanti. et dont on entendait  dans sa douleur quelque chose de notre mort rétrospective. Car il y a quelque chose de, disons pour faire vite, surréaliste, à voir Charlie-Hebdo qui incarnait l'insolence, l'idée d'un monde différent, non pas projeté dans l'avenir, mais parallèle, en un sens underground -ce mot qui ne correspond plus à rien- porté aux nues par cette Nation soudain rassemblée et ce deuil commun dans lequel il y a cette précipitation suspecte à se jeter (Charlie, Lady Di, etc, la pulsion de mort à l'oeuvre). Charlie, dévitalisé depuis si longtemps -vous connaissez un jeune de 20 ans qui achète Charlie-Hebdo, vous?-

PS: ceux qui hurlent pour la liberté de la presse et qui ont refusé  avec fierté de vendre le livre de Trierwiller ! Quelle mascarade.

2ème PS: je suis Pomme d'Api.