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20/12/2014

Pendant des années

58883471.jpgErnest Rouart

Pendant des années j'ai passé le mois de décembre dans l'euphorie des livres parce que je travaillais à la Fnac. Je crois que j'ai passé 17 Noël dans différentes Fnac. 17  mois de décembre merveilleux! Aujourd'hui mon dernier Noël en magasin date de 1997, mais ma nostalgie ne passe pas. Quand décembre commence chaque année, je regrette cette époque, cette folie, cette dinguerie, le magasin plein de gens à craquer, plein de livres, les réserves bourrées de centaines de cartons, les piles géantes, les magnifiques livres d'art qui ne se vendent qu'à ce moment, les livres d'enfants, les pléiades, les poches vendus dans des coffrets, les dictionnaires, les Larousse avec chaque année leur habit de Noël, le rayon droit abandonné mais sinon oh l'effervescence de tous les autres rayons , le travail tous les jours même le dimanche, tous ces livres, tous ces gens ! Les livres sélectionnés dans les journaux, épuisés dés le 10 décembre, alors trouver quoi d'encore mieux proposer à la place, les flop dont personne ne veut,  mais le 24 à 16h des clients dans l'hagardise du 24 à 16h quand il vous manque encore des cadeaux les achèteront, on partagera la même honte et le même soulagement, les trucs inconnus qu'on se promet à soi-même fin novembre de vendre par dizaines et ça marche,  les "et prenez ça avec le Goncourt ça fera une petite surprise au destinataire" -vous le savez ça que j'étais une malade de la vente additionnelle? Hein? Vous ne me connaissiez pas ce côté! Mais j'ai adoré vendre deux ou trois livres à qui venait en chercher un,  vendre des policiers moi qui ne peux pas en lire un, vendre des livres de généalogie, des livres sur les oiseaux, sur les trains, Shakespeare, Peter Handke, des bibles, des poésie gallimard par 6 - "ça c'est un cadeau !" je disais au client- des énormes livres avec des photos de match de foot, des livres de jardinage -jardinez bio!- moi qui ricane du bio, des Tintin "prenez en trois!", je ne sais pas d'où j'ai ce sens du commerce pour les livres. "Mais tu n'as pas de scrupules?" me demandaient des collègues. Des scrupules? Je répondais: "Mais non, je vends pas des armes, et je prends pas l'argent dans leur porte-monnaie ! Ils sont libres". Mais en fait  je les prenais par surprise, ils perdaient tout libre arbitre et parfois me disaient étonnés "ça y est j'ai dépensé tout mon budget cadeau, j'en avais dix à faire mais un seul livre à acheter, et voilà!" Et je disais "Et voilà! Vous m'avez fait plaisir !" Je faisais tout au sentiment, sans vergogne. C'était une drogue. J'en ai vendu, j'en ai vendu, j'en ai vendu !

Vers cette époque, à la fin de l'année, je rêve souvent la nuit que j'y suis encore alors que je dors.

 

Kàroly (Kàroly, c'est Charles) Ferenczy (1862-1917)

Ferenczy,_Károly_-_Red_Wall_(1910).jpg1910. Le mur rouge

Le coeur de Budapest

Photo-0421.jpgPhoto-0422.jpgMa soeur a un sac comme celui de Mary Poppins, elle plonge dedans et il y a toujours des cadeaux rapportés de ses voyages. Ce midi on déjeunait chez maman -des boulettes d'Ikéa, sois sage ou je te fais des boulettes d'Ikéa, le pire c'est que maman avait préparé ça pour me faire plaisir parce que chaque fois que je vais chez Ikéa - tous les deux ans ?- je m'esbaudis en mangeant ces boulettes  avec de la confiture d'airelles dessus, mais vous savez ce que c'est, c'est comme boire de l'ouzo quand on n'est pas en Grèce ou manger des churros si ce n'est pas le feu d'artifice du 14 juillet, c'est pas pareil !, donc ma soeur était là avec son mari qui pousse des grands rires d'ogre et mon chéri aussi, ce qui fait qu'ils font à eux deux un boucan invraisemblable, et nous les deux soeurs on est obligées d'hurler pour parler, et maman nous regarde tous les quatre heureuse de nous voir rire et qu'on soit là mais incapable de suivre la conversation dans ce brouhaha et d'ailleurs ça vaut mieux !,donc franchement les boulettes d'Ikéa ne sont bonnes que chez eux avec vue sur le parking, chez soi c'est pas terrible, bref, ma soeur avant qu'on passe à table -manger les boulettes d'Ikéa- a sorti de son sac ce coeur en pain d'épice que j'ai accroché ce soir chez nous au sapin, ramené de Budapest (le coeur, pas le sapin) avec deux têtes,et c'est fou comme une petite chose comme ça me fait plaisir, une chose inattendue à laquelle on ne pensait pas le matin, on ne pouvait pas penser, le coeur venu de Budapest.

Ma soeur qui est allée souvent là-bas, à Budapest, dit "c'est ma ville préférée". Connaissez-vous la Hongrie? Pas moi.Le_peintre_Károly_Ferenczy.jpg Le Danube y coule. Connaissez-vous ce peintre hongrois Ferenczy ? Aimez-vous Liszt? Ma soeur nous a dit que le déjeuner de Noël chez elle sera hongrois. Tant qu'il n'y a pas des boulettes d'Ikéa !