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26/12/2014

Ramon Gomez de la Serna (1888-1963) dit "Ràmon"

Photo-0434.jpghier midi chez ma soeur

Il parlait de lui en disant "cet homme joyeux que les autres rendent triste"... Il était né à Madrid et il est mort à Buenos Aires. Je le trouve très méconnu... car je ne le connaissais pas et le voilà ce matin de 26 décembre. Valéry Larbaud, enthousiaste: "Joyce,Proust  et Ràmon sont les trois écrivains européens les plus importants de leur génération".

C'est un mélancolique farfelu qui faisait simuler une panne d'électricité dans ses conférences pour qu'elles se passent à la lueur des bougies. Il a beaucoup écrit dans les journaux, beaucoup écrit tout court, et inventé un curieux genre littéraire: la "gregueria". Exemple de gregueria: "Le plus important dans la vie c'est de ne pas être mort".

Dans ma bibliothèque j'ai retrouvé ce matin, datant de 1994, une mince brochure - que je n'avais jamais lue-  de 22 pages en noir et blanc publiée par le groupement de libraires l'Oeil de la lettre, brochures qui étaient données aux clients. Florence Delay y écrit un long et très beau texte sur lui, qui s'appelle "Ràmon à Paris". Il y vit de 21 ans à 23 ans, inconnu,et, écrit-elle, "il y repère le signes d'identité de Paris: "ses noirceurs idéales, ses cheminées baudelairiennes, son fleuve plein du sang des idées" (c'est lui qui dit cela, et: "Paris c'est voir passer sous la neige d'éventuelles aimées décolletées et suicidaires").

Il s'écrit de nombreuses lettres à lui-même. La lettre 7 commence comme ça: "Mon cher Ràmon,à qui écrirais -je lettre après lettre, je n'ai que toi au monde" et les termine par "je t'embrasse".

 

Ràmon en 1934

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25/12/2014

Faible avec les forts

...Et puis le contrat d'un mois à la fnac du forum des halles a été renouvelé un mois puis pff terminé, plus de contrat. Je suis retournée vivre à Saint-Malo espérant chaque jour un appel. De la fnac. Et 1 mois et demi plus tard, appel, et j'y suis retournée ventre à terre. J'ai commencé le lundi qui était le lendemain de l'élection de François Mitterrand comme président de la république, c'était le lundi 11 mai 1981. Et cette fois j'étais au rayon "documents" du rayon des livres d'enfant. C'est à dire qu' à 98% je vendais des livres sur les châteaux-forts et les poissons, les volcans et les égyptiens. Et le reste se partageait entre les dictionnaires dits pour enfants, un ou deux livres particulièrement chiants sur Mozart ou Picasso, des livres sur la danse classique et le livre de cuisine du Père Oliver pour les enfants, vous savez le blanc avec des dessins. Ah et les livres sur les lions aussi. C'était un rayon pas très drôle, le rayon des "marraines" qui veulent offrir des livres instructifs (je ne sais pas si ça existe encore. Je veux dire les marraines comme ça).

Ma chef était minuscule avec un petit nez pointu et elle n'avait pas inventé la glace à trois faces.Elle se noyait dans un verre d'eau et disait toujours "laissez-moi, je fais des choses de bureau" en tripatouillant des factures et en mettant trois heures à faire ce qui aurait du durer dix minutes. Elle était sévère avec les faibles et faible avec les forts, ce qui est une chose que j'ai en horreur. Elle manifestait en effet la plus grande indulgence pour les garçons ou les hommes sous ses ordres, et était intransigeante avec les filles et les femmes. Par exemple les gars avaient le droit d'aller regarder des samedis entiers après-midi les matchs de foot ou de rugby au sous-sol au rayon des télés, tandis que si nous prenions nous les filles, une minute de pause en plus dans l'après-midi elle hurlait. Ou plutôt couinait.

Elle-même s'autorisait à aller chez le coiffeur sur les heures de travail ou pire disait "Je vais me faire épiler" ce qui me dégoûtait à tous les égards.

Dans le rayon voisin, celui des bandes dessinées il y avait un vendeur ultra politisé, syndicaliste, et j'men foutiste, qui est devenu mon mari. Je vous le dis sans tourner autour du pot. Mariage qui a été dissous par la justice il y a 7 ans je précise pour qui l'ignorerait. Bref.

Très vite je me suis fait trois amies: trois collègues dans le rayon, Nathalie, Hélène, et Brigitte.

C'était une époque de loufoquerie. Aux lendemains donc de l'élection de Mitterrand, les pots sauvages se sont succédé dans les réserves, le champagne coulait à flots, personne ne s'occupait des clients. Nathalie était la vendeuse sage, mais elle avait la particularité d'être apparentée de très près avec le sculpteur Arman et j'aimais beaucoup ce qu'elle pouvait dire à son propos, c'était amusant. Brigitte était la vendeuse dévergondée qui tutoyait tous les éditeurs et avait dit un jour à Olivier Nora en rigolant: "c'est pas la peine d'être aussi beau pour dire de telles conneries". Elle m'entrainait dans des cocktails d'éditeurs où jamais je n'aurais mis les pieds sans elle et même dans les jardins de l'hôtel particulier de Gallimard. Elle allait me chercher des petits-fours, elle fendait la foule pour arriver au buffet, j'étais encore très timide, elle était très protectrice et elle était drôle. Hélène était réservée et intelligente. Elle vivait avec un architecte. Je les aimais beaucoup toutes les trois.

Mais le plus dingue dans le magasin c'était un jeune type très anarchiste, très gai, très drôle, ami très proche de mon futur mari, complétement loufoque,avec les joues très rouges, et complétement rebelle. il travaillait au rayon histoire  mais n'arrivait jamais avant quatorze heures, et passait son temps à circuler dans les rayons pour voir ses potes. ll en avait partout, aux livres, aux disques, aux télés etc. Je pense qu'il travaillait deux heures par semaine.  Il avait des idées et des théories sur tout et à l'en croire si le président des états unis écoutait ses conseils le monde aurait mieux tourné. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi doué pour la vie, et qui aux dernières nouvelles l'a autant gâchée.

(...)

 

Jimmy, Absinthe, et moi (bééé bééé), sur les pas des rois mages

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