Mariku

Louise est depuis septembre dans un nouveau lycée - pas un lycée neuf, mais un lycée nouveau pour elle- qui s'appelle Marie Curie. Là-bas les élèves, et même les profs, disent en parlant du lycée: "Mariku".

Gentiment, affectueusement, de ce ton qu'on prend pour appeler d'une façon presque codée, par un diminutif, un surnom, un endroit familier, un endroit que finalement on aime bien. Et bien sûr on entend "Marie Cul", ce qui est exquis.

Sauf si on pense à elle. Je ne savais pas combien plusieurs années après la mort de Pierre Curie qu'elle adorait, sa liaison avec le physicien Paul Langevin, marié semble-t-il à une harpie, lui a valu d'insultes, d'opprobres, et de "polonaise!"

En 1911 quand elle a eu le Nobel de chimie (en 1903 elle avait eu celui de physique avec son mari), le comité du Nobel lui a même dit que ça serait aussi bien vu le "scandale" de sa conduite qu'elle ne se fatigue pas à aller chercher son prix. Ce que bien entendu elle fit quand même.

En 1896 elle avait été reçue 1ère à l'agrégation de physique (et avait gagné le tour de france, voir photo au-dessus).

Quelle femme, quel courage, quelle vie...J'aime bien que le lycée de Louise porte le nom de Mariku. (Avant c'était Pierre Corneille, c'était pas mal non plus. Les noms de lycées sont d'ailleurs comme ceux des fleuves et des rivières, il y a du charme à les dire. Les miens ont été ceux-là: lycée sans nom dont je me souvienne en 6ème à Douarnenez, lycée Guist'hau à Nantes en 5ème, lycée Chawqui à Casablanca en 4ème et 3ème , et puis lycée Corneille ensuite, là où Louise était...)Et vous?

 

 

 

 

La Vitava qui traverse Prague, traverse avant la Bohême et se jette dans l'Elbe

 

 

Prague cet été, photos de Louise

 

 

Parmi les choses douces de mon enfance il y a eu en classe à l'école primaire cette attention prêtée aux rivières et aux fleuves de France, à l'endroit où elles, ils, prennent leur source, vous savez, le mystérieux Mont Gerbier de Jonc. Au Tigre et à l'Euphrate ensuite en sixième ("elle voit le tigre et l'oeuf rate" disait mon père pour qu'on retienne ces deux noms). Au fleuve Amour au lycée. A la Volga dans mon coeur. Au Guadalquivir aussi. A la Loire. A la Charente dans ses méandres, en bas de la maison, qui devient majestueuse à Saintes.

A l'Amazonie, au Nil, au Mississipi, au Mékong, au Jourdain bien sûr, au Pô, au Tage, à la Rance, au Vidourle, au Drââ....

 

 

 

"La psychanalyse ne ressemble pas exactement aux publicités pour chauves" (G. Perec)

 

Steve Mac Queen et Ali Mac Graw

Je viens par hasard de lire quelques pages de Perec sur son analyse. C'est dans "Penser/classer" que je croyais avoir lu mais sans doute que ces pages non, je les avais sautées peut-être. Elles sont fulgurantes de simplicité pour dire ce que c'est qu'une analyse. Il y a juste 14 pages, et ça s'appelle magnifiquement "Les lieux d'une ruse".