08/03/2015
Spécial "Journée de la femme"
07:31 | Lien permanent | Commentaires (4)
07/03/2015
"Tu ne cherches pas la perfection?"
Absinthe aujourd'hui, en promenade avec Louise (photos:Louise)
C'est la question posée hier par mon chef. La question qu'il m'a posée et qui n'était pas une question. Mais qui était sa joie de se sentir lui chercheur de perfection. Parce que c'est vrai, depuis hier j'y pense, moi je ne cherche pas la perfection. Et non seulement je ne la cherche pas, mais elle me fait assez horreur. Je m'allonge et je vous dis? Quelqu'un qui cherche la perfection pourrait faire un crime parfait, quelqu'un qui cherche la perfection se prend pour Dieu, quelqu'un qui cherche la perfection ne voit pas que le monde s'écroule à côté. Vanité, ridicule.
Et plus je lui disais "je préfère tout faire même si c'est moche, que faire parfait la moitié", plus je sentais que je l'énervais. Et plus j'avais envie de dire "moche" car le mot "moche" lui hérisse visiblement autant le poil que moi l'idée de perfection, et plus j'avais envie de lui hérisser le poil.
J'en ai parlé à mon chéri ensuite, qui sait combien je suis approximative. Genre je fais la vaisselle vite et mal. Lui à la perfection mais faut pas avoir un train à prendre. Il est assez chercheur de perfection lui aussi. Moi je trouve qu'il y a trop de choses à faire. Que si on en fait certaines parfaitement, on ne peut pas faire les autres. Et alors que ça ne sert à rien. Bon, je comprends son raisonnement. Mais quand même.
Quand même je trouve qu'il y a là dedans beaucoup d'orgueil.
Comme je suis sur le divan, je continue. Je sais comme mon père ne cherchait pas la perfection. Il faisait mille choses mais tout était toujours un poil vaseux. Il fabriquait par exemple chaque année des fabuleuses crèches de Noël chaque fois différentes. Par exemple après son voyage à Lisbonne avec Maman, la crèche était à Lisbonne avec des tramways en pente et qui marchaient vraiment, actionnés je ne sais plus comment. Eh bien sur ses crèches il restait toujours des traces de colle ou un truc mal coupé ou un bout de publicité qui apparaissait car il se servait toujours de papiers retournés, détournés, il n'achetait jamais du matériel neuf pour faire quoi que ce soit, ou le moins possible, vraiment s'il ne pouvait pas faire autrement. Et ces traces, ce non-parfait, m'apparaissaient comme sa signature, celle d' une suprême modestie: il abandonnait ses créations avant de les rendre parfaites car ce n'était pas son objectif.
Il réparait de la même façon les choses. Il y avait toujours un petit truc qui disait "je ne m'y crois pas assez pour avoir essayé que ça soit impeccable, je ne cherche pas à être le meilleur ". C'est ainsi d'ailleurs qu'il écrivait des alexandrins -très approximatifs-, il savait bien qu'ils n'étaient pas parfaits.
Il a construit des meubles, cultivé des jardins, écrit ses mémoires, dessiné des arbres généalogiques, prononcé pour son travail des discours, des allocutions, fabriqué des marionnettes, des costumes, des déguisements (il s'était habillé en La Fontaine avec un sac poubelle), des étagères, des lits de poupées, des lampes, des puzzles, des bateaux en bouteille, abattu des cloisons, coupé des arbres, conduit des bateaux, récité du Corneille, sauté en parachute, rencontré le shah d'Iran, allumé des milliers de feux et aussi des feux d'artifice, navigué par tous les temps, illustré ses films super 8 avec Les nourritures terrestres qu'il disait à voix haute, - ah c'est particulier- planté des palmiers, monté des murs, planté des tentes, construit une véranda, tapissé des murs, peint des plafonds, chanté en même temps que La Callas...ce n'était jamais en cherchant la perfection. D'ailleurs il aurait dit "La quoi?"
Voilà. On va s'arrêter là, comme disait l'homme qui regardait par la fenêtre (oui, mon psi, bravo).
22:00 | Lien permanent | Commentaires (12)
Les fleurs violettes dont je ne connais pas le nom et qui ont quinze jours + les tulipes jaunes d'hier
13:28 | Lien permanent | Commentaires (3)