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07/03/2015

"Tu ne cherches pas la perfection?"

photo abs.jpgphoto abs 2.jpgAbsinthe aujourd'hui, en promenade avec Louise (photos:Louise)

C'est la question posée hier par mon chef. La question qu'il m'a posée et qui n'était pas une question. Mais qui était sa joie de se sentir lui chercheur de perfection. Parce que c'est vrai, depuis hier j'y pense, moi je ne cherche pas la perfection. Et non seulement je ne la cherche pas, mais elle me fait assez horreur. Je m'allonge et je vous dis? Quelqu'un qui cherche la perfection pourrait faire un crime parfait, quelqu'un qui cherche la perfection se prend pour Dieu, quelqu'un qui cherche la perfection ne voit pas que le monde s'écroule à côté. Vanité, ridicule.

Et plus je lui disais "je préfère tout faire même si c'est moche, que faire parfait la moitié", plus je sentais que je l'énervais. Et plus j'avais envie de dire "moche" car le mot "moche" lui hérisse visiblement autant le poil que moi l'idée de perfection, et plus j'avais envie de lui hérisser le poil.

J'en ai parlé à mon chéri ensuite, qui sait combien je suis approximative. Genre je fais la vaisselle vite et mal. Lui à la perfection mais faut pas avoir un train à prendre. Il est assez chercheur de perfection lui aussi. Moi je trouve qu'il y a trop de choses à faire. Que si on en fait certaines parfaitement, on ne peut pas faire les autres. Et alors que ça ne sert à rien. Bon, je comprends son raisonnement. Mais quand même.

Quand même je trouve qu'il y a là dedans beaucoup d'orgueil.

Comme je suis sur le divan, je continue. Je sais comme mon père ne cherchait pas la perfection. Il faisait mille choses mais tout était toujours un poil vaseux. Il fabriquait par exemple chaque année des fabuleuses crèches de Noël chaque fois différentes. Par exemple après son voyage à Lisbonne avec Maman, la crèche était à Lisbonne avec des tramways en pente et qui marchaient vraiment, actionnés je ne sais plus comment. Eh bien sur ses crèches il restait toujours des traces de colle ou un truc mal coupé ou un bout de publicité qui apparaissait car il se servait toujours de papiers retournés, détournés, il n'achetait jamais du matériel neuf pour faire quoi que ce soit, ou le moins possible, vraiment s'il ne pouvait pas faire autrement. Et ces traces, ce non-parfait, m'apparaissaient comme sa signature, celle d'  une suprême modestie: il abandonnait ses créations avant de les rendre parfaites car ce n'était pas son objectif.

Il réparait de la même façon les choses. Il y avait toujours un petit truc qui disait "je ne m'y crois pas assez pour avoir essayé que ça soit impeccable, je ne cherche pas à être le meilleur ". C'est ainsi d'ailleurs qu'il écrivait des alexandrins -très approximatifs-, il savait bien qu'ils n'étaient pas parfaits.

Il a construit des meubles, cultivé des jardins, écrit ses mémoires, dessiné des arbres généalogiques, prononcé pour son travail des discours, des allocutions, fabriqué des marionnettes, des costumes, des déguisements (il s'était habillé en La Fontaine avec un sac poubelle), des étagères, des lits de poupées, des lampes, des puzzles, des bateaux en bouteille, abattu des cloisons, coupé des arbres, conduit des bateaux, récité du Corneille, sauté en parachute, rencontré le shah d'Iran, allumé des milliers de feux et aussi des feux d'artifice, navigué par tous les temps, illustré ses films super 8 avec Les nourritures terrestres qu'il disait à voix haute, - ah c'est particulier- planté des palmiers, monté des murs, planté des tentes, construit une véranda, tapissé des murs, peint des plafonds, chanté en même temps que La Callas...ce n'était jamais en cherchant la perfection. D'ailleurs il aurait dit "La quoi?"

Voilà. On va s'arrêter là, comme disait l'homme qui regardait par la fenêtre (oui, mon psi, bravo).

Commentaires

Parfait !

Écrit par : tanguy | 07/03/2015

je l'adore ton papa, c'est merveilleux un homme comme ça. moi aussi les perfectionnistes m'énervent un peu. toutefois il vaut mieux qu'un chirurgien par exemple ou un architecte qui construit des barrages soient perfectionnistes.

Écrit par : Julie | 08/03/2015

Oui mais prenons l'exemple du chirurgien: l'important c'est qu'il fasse le boulot et qu'il opère tous les patients prévus. Pas que son masque de chirurgien soit parfaitement repassé. Tu vois ce que je veux dire?
Je crois que je préfère la quantité à la qualité !! Je préfère quelqu'un qui fait à manger tous les jours des patates et des nouilles pour dix personnes à quelqu'un qui un soir fait un plat absolument parfait.

Écrit par : Sophie | 08/03/2015

Merci pour ce billet, Sophie, il m'a encouragée, moi qui ne suis pas du tout perfectionniste mais plutôt dilettante (pour ne pas dire fumiste!)
Je trouve ton analyse très juste, il y a un côté angoissant dans le perfectionnisme comme si quelque chose pouvait être fini, c'est à dire n'évoluerait plus, ne se transformerait plus donc ne vivrait plus.
Et puis, le portrait de ton père est extraordinaire. C'est un vrai atout dans la vie d'avoir un tel père.
Bon dimanche.

Écrit par : Fanfan | 08/03/2015

Merci Fanfan.
D'avoir eu car il est mort il y a presque 5 ans. Bon dimanche à toi aussi. Tu es à Marseille ?

Écrit par : Sophie | 08/03/2015

J'ai oublié : Louise fait de très belles photos et le modèle est adorable.

Écrit par : Fanfan | 08/03/2015

Oui elle fait des jolies photos !

Écrit par : Sophie | 08/03/2015

Je sais, j'employais le présent parce qu'il est toujours en toi.
Oui, je suis à Marseille et irai passer quelques jours à Paris fin mars- début avril.

Écrit par : Fanfan | 08/03/2015

Je suis d'accord, la perfection ce n'est pas humain. Mais il faut un minimum de bien fait, tout de même, pour éviter le "ni fait, ni à faire".

Écrit par : sabine | 08/03/2015

De toute façon dans ce que je pense il y a une exception: le fini parfait de tes créations. Je ne sais pas pourquoi ta perfection ne me dérange pas mais me ravit.

Écrit par : Sophie | 09/03/2015

tu as raison, la perfection quand c'est vital, pas pour les broutilles. chez moi rien n'est parfait, à commencer par moi.....

Écrit par : Julie | 08/03/2015

bonjour tout le monde, chez moi la perfection je la cherche jour et nuit dans ce que je fais, ce que je suis et voudrais etre , mais elle ne peut exister car je fais trop de choses diverses....cela fait souffrir de ne epouvoir être parfaite, c'est mon petit defaut qui me fait souffrir au fond de moi même, la fatigue et le temps consacre a chaque tache font que mon désir de trop bien faire empêche de s'épanouir, au travail c'était pareil, avec l'âge et les difficultés on apprend à relativiser ...heureusement!! C'est le debut de la sagesse dit on...
bravo d'àvoir eu un tel papa, le mien,disparu trop tôt a mon gré, n'était pas mal non plus dans le " je n'arrête jamais" mon époux aussi, un jour tout cela se termine et c'est tres lourd à porter
excuser ce petit intermède....
Julie, je te souhaite bonne guérison, malchance...
avec moi, le temps avance et je peux reprendre une vie presque normale, un peu sequellaire bien sûr... Mais ouf!!!
Meilleure santé a vous tous et toutes

Écrit par : jos | 10/03/2015

Les commentaires sont fermés.