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04/05/2015

Dans les pâtisseries, dans les mosquées, les zellige sont partout (non, partout, c'est exagéré)

Photo-0490.jpgZelliges de la pâtisserie Bernis (quartier des Habous) à Casablanca

Les zellige, cette mosaïque émaillée dont les motifs sortent d'un kaléidoscope géant, sont merveilleusement rafraîchissants. Le froid du carrelage, sa perfection,  et l'abstraction des dessins reposent de la poussière, du soleil, de l'abandon, de la rupture des choses. Les zelliges sont l'envers des trottoirs abimés, des façades détériorées  ou des terrains vagues mélancoliques. Comme leur contraire.

Il faut un moment pour comprendre que leur beauté figée est en fait funéraire.

 

03/05/2015

Les palmiers-plumets près de la grande église blanche du Sacré Coeur, aujourd'hui "désacralisée"

Est-ce que je vais dire ça: "Pendant deux ans j'allais là, à la messe le dimanche avec ma soeur" ? Oui je le dis. C'est vrai et ça n'existe plus. Aujourd'hui l'église n'est plus un lieu de culte. Sa taille montre combien les français étaient nombreux. Elle a été construite en 1930 et plus ou moins complètement finie en 1952. Je n'ai pas encore cherché combien de français vivent aujourd'hui à Casablanca. Je n'en ai pas vus.Photo-0491.jpg

الدار البيضاء, ad-Dar al-Baïdaa

Photo-0484.jpgau coin de la rue

Les photos ne disent rien des choses, les mots peuvent en dire plus, ou mieux, mais ce n'est pas facile. Nous avons vécu une semaine à Casablanca dans le haut du quartier du Mâârif, au-dessus de la rue Socrate quand elle croise le boulevard Yacoub el Mansour,qui est un calife berbère du XIIème siècle. L' appartement était prêté par des amis (très lointains pour moi, inconnus). Au coin de la rue se tenaient cet oranger, et une mosquée de rue, c'est à dire une mosquée sans édifice, dont les hauts-parleurs appelaient à la prière avec une voix glaçante, loin des muezzin  mélodieux que j'aimais à Jérusalem ou Istanbul. La première nuit (à 5 heures du matin) cette voix d' homme avec un sabre m'a réveillée en sursaut, les autres nuits elle ne m'a pas dérangée. (Mais je ne m'ennuierai pas de lui). Il appelle à la prière 5 fois par jour aux mêmes heures.

Les rues ont changé de nom. Les noms français ont été remplacés par des noms arabes. Ainsi la rue des Pyrénées (qui n'était pas le nôtre mais celle où a habité 18 ans mon compagnon de voyage et d'amour) est maintenant celle-là (photo en-dessous). C'est bien logique. Et j'ai eu du mal à retrouver la rue Charles Lebrun où j'habitais avec mes parents en 67-68 (l'année précédente c'était boulevard Zerktouni, la boulevard en 66 avait déjà pris le nom du résistant qui s'est suicidé en 54 dans sa prison pour ne pas donner de noms). Le changement de tous les noms donne un sentiment d'égarement et de flottement que j'aime. Casablanca n'est plus une ville occupée. Mais comme les riches ne sont plus les français mais certains marocains peut-être encore plus arrogants, c'est désespérant. Je trouve qu'il y a du désespoir là-bas (ou je le vois partout?). Alors mes yeux s'accrochent à la lumière magnifique de cette ville, à ce soleil parfait balayé par le vent de l'océan atlantique, aux bougainvillées qui descendent sur les murs blancs, aux bosquets de volubilis qui cotoient les sacs poubelles éventrés sur le trottoir, aux mosquées décorées avec des spéculoos, aux palmiers partout, et à tout le charme de ce qu'on ne voit ou n'entend plus en France: un gars qui répare sa voiture couché en-dessous comme dans un garage, le bruit du rideau de fer (des boutiques) qu'on baisse, des vitriers, des tailleurs aux échoppes minuscules. Rien de touristique dans "notre" quartier, mais rien d'ailleurs de touristique dans tout Casa. Aucun touriste (sauf à la mosquée Hassan II à certaines heures). Bien contente par choix de ne pas en être sortie, d'être retournée plusieurs fois sur la corniche où la mer est verte avec des gros rouleaux blancs, là où il n'y a pas encore de constructions, mais où on doit la beauté de cet accès merveilleux à l'expropriation des habitants de l'ancienne médina.

 

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