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03/05/2015

الدار البيضاء, ad-Dar al-Baïdaa

Photo-0484.jpgau coin de la rue

Les photos ne disent rien des choses, les mots peuvent en dire plus, ou mieux, mais ce n'est pas facile. Nous avons vécu une semaine à Casablanca dans le haut du quartier du Mâârif, au-dessus de la rue Socrate quand elle croise le boulevard Yacoub el Mansour,qui est un calife berbère du XIIème siècle. L' appartement était prêté par des amis (très lointains pour moi, inconnus). Au coin de la rue se tenaient cet oranger, et une mosquée de rue, c'est à dire une mosquée sans édifice, dont les hauts-parleurs appelaient à la prière avec une voix glaçante, loin des muezzin  mélodieux que j'aimais à Jérusalem ou Istanbul. La première nuit (à 5 heures du matin) cette voix d' homme avec un sabre m'a réveillée en sursaut, les autres nuits elle ne m'a pas dérangée. (Mais je ne m'ennuierai pas de lui). Il appelle à la prière 5 fois par jour aux mêmes heures.

Les rues ont changé de nom. Les noms français ont été remplacés par des noms arabes. Ainsi la rue des Pyrénées (qui n'était pas le nôtre mais celle où a habité 18 ans mon compagnon de voyage et d'amour) est maintenant celle-là (photo en-dessous). C'est bien logique. Et j'ai eu du mal à retrouver la rue Charles Lebrun où j'habitais avec mes parents en 67-68 (l'année précédente c'était boulevard Zerktouni, la boulevard en 66 avait déjà pris le nom du résistant qui s'est suicidé en 54 dans sa prison pour ne pas donner de noms). Le changement de tous les noms donne un sentiment d'égarement et de flottement que j'aime. Casablanca n'est plus une ville occupée. Mais comme les riches ne sont plus les français mais certains marocains peut-être encore plus arrogants, c'est désespérant. Je trouve qu'il y a du désespoir là-bas (ou je le vois partout?). Alors mes yeux s'accrochent à la lumière magnifique de cette ville, à ce soleil parfait balayé par le vent de l'océan atlantique, aux bougainvillées qui descendent sur les murs blancs, aux bosquets de volubilis qui cotoient les sacs poubelles éventrés sur le trottoir, aux mosquées décorées avec des spéculoos, aux palmiers partout, et à tout le charme de ce qu'on ne voit ou n'entend plus en France: un gars qui répare sa voiture couché en-dessous comme dans un garage, le bruit du rideau de fer (des boutiques) qu'on baisse, des vitriers, des tailleurs aux échoppes minuscules. Rien de touristique dans "notre" quartier, mais rien d'ailleurs de touristique dans tout Casa. Aucun touriste (sauf à la mosquée Hassan II à certaines heures). Bien contente par choix de ne pas en être sortie, d'être retournée plusieurs fois sur la corniche où la mer est verte avec des gros rouleaux blancs, là où il n'y a pas encore de constructions, mais où on doit la beauté de cet accès merveilleux à l'expropriation des habitants de l'ancienne médina.

 

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Commentaires

Il est un peu triste ton billet, un peu nostalgique... mais je suis contente de te retrouver !

Écrit par : sabine | 03/05/2015

Si le billet est un peu triste, pourtant je ne le suis pas...

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

Quelle chance Sophie d'avoir passé une semaine dans la mythique Casablanca !
Votre billet commence comme un (bon) roman... :)

Il nous faudrait mille vies... J'aurais aimé, moi, vivre à Pondichéry. Avec la possibilité d'y travailler évidemment. C'est bien là que le bât blesse, tant d'humains dans la misère la plus insupportable.

Si vous avez l'occasion, lisez le dernier roman de Mathieu Belezi "Un faux pas dans la vie d'Emma Picard". Voix (cri) d'un seul personnage, Emma Picard, qui s'installe avec ses quatre fils, à la fin des années 1860, sur vingt hectares de terre algérienne offerts par le gouvernement français...

Le bonjour à T., votre compagnon de voyage et d'amour :)

Écrit par : Michèle | 03/05/2015

Oui, quelle chance...je la savoure. (Et T.vous salue)

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

Très beau billet, j'aime bien ta vision de Casablanca que je ne connais pas du tout. A vrai dire, je ne connais quasiment rien de l'Afrique, de l'Amérique non plus d'ailleurs, je me rends compte que j'ai toujours envie de partir vers l'est.
Michèle, moi aussi, j'aimerais passer du temps à Pondichéry, je m'y sens chez moi.

Écrit par : Fanfan | 03/05/2015

Et moi je ne connais pas du tout l'Inde!

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

Je suis bien contente de te retrouver. J'aime bien ton billet, parce qu'il te représente entièrement, tu vois les choses derrière les choses, la mélancolie n'est jamais loin de la joie.

J'espère que tu es bien reposée.

Écrit par : Julie | 04/05/2015

Oh c'est joli de dire que je vois les choses derrière les choses !La miro que je suis, apprécie !

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

LE SPLEEN DE CASABLANCA - Abdellatif Laâbi

(...)
Les gardiens sont partout
Ils règnent sur les poubelles
les garages
les boîtes aux lettres
Les gardiens sont partout
dans les bouteilles vides
sous la langue
derrière les miroirs
Les gardiens sont partout
entre la chair et l'ongle
les narines et la rose
l'œil et le regard
Les gardiens sont partout
dans la poussière qu'on avale
et le morceau qu'on recrache
Les gardiens croissent et se multiplient
A ce rythme
arrivera le jour
où nous deviendrons tous
un peuple de gardiens

(...)

Écrit par : Michèle | 04/05/2015

Michèle, merci !

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

c'est beau et vivant, merci Sophie.

Écrit par : la Mère Castor | 04/05/2015

Oh je suis touchée

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

Je rêve devant les oranges.

Écrit par : Julie | 04/05/2015

C'est sublime hein ?!

Écrit par : Sophie | 05/05/2015

Les oranges sur les arbres, rien ne me fait autant envie.....

Écrit par : Julie | 06/05/2015

Les commentaires sont fermés.