16/05/2013
"...Avec le tendre désespoir d'une princesse de Racine"... , Edmond Rostand fait rimer glycine avec Racine, on peut aussi avec cuisine
"À mon balcon cette glycine
Tord ses bras fleuris dans le soir,
Avec le tendre désespoir
D’une princesse de Racine.
Elle en a la fière langueur
Et la mortelle nonchalance ;
Et lorsqu’un souffle la balance,
Et que le jour traîne en longueur,
Et tarde à partir, et recule
Le déchirement tant qu’il peut,
Elle exhale une âme d’adieu,
Bérénice du crépuscule !
Le livre glisse de mes mains.
Le petit drame se termine.
« Cruel ! » dit au jour la glycine.
Les cieux blessés ont des carmins.
Par la haute porte-fenêtre,
Mystérieusement, alors,
Une des branches du dehors,
Comme un geste vivant, pénètre.
Du frémissant encadrement
Ce bras jeune et souple s’échappe ;
Et je sens sur mon front la grappe
Qu’il laisse pendre tendrement !
Tout s’embaume. Et je remercie.
Et, pour lui dire mon amour,
Je donne à la fleur, tour à tour,
Le nom d’Esther et d’Aricie.
Et je compare, les yeux sur
Mon livre tombé sans secousse,
L’odeur plus forte d’être douce
Au vers plus ardent d’être pur !
Un divin poison m’assassine !
Et je doute, en le chérissant,
Si de ma glycine il descend
Ou s’il monte de mon Racine !"
Edmond Rostand, Les Musardises, 1911
Tord ses bras fleuris dans le soir,
Avec le tendre désespoir
D’une princesse de Racine.
Elle en a la fière langueur
Et la mortelle nonchalance ;
Et lorsqu’un souffle la balance,
Et que le jour traîne en longueur,
Et tarde à partir, et recule
Le déchirement tant qu’il peut,
Elle exhale une âme d’adieu,
Bérénice du crépuscule !
Le livre glisse de mes mains.
Le petit drame se termine.
« Cruel ! » dit au jour la glycine.
Les cieux blessés ont des carmins.
Par la haute porte-fenêtre,
Mystérieusement, alors,
Une des branches du dehors,
Comme un geste vivant, pénètre.
Du frémissant encadrement
Ce bras jeune et souple s’échappe ;
Et je sens sur mon front la grappe
Qu’il laisse pendre tendrement !
Tout s’embaume. Et je remercie.
Et, pour lui dire mon amour,
Je donne à la fleur, tour à tour,
Le nom d’Esther et d’Aricie.
Et je compare, les yeux sur
Mon livre tombé sans secousse,
L’odeur plus forte d’être douce
Au vers plus ardent d’être pur !
Un divin poison m’assassine !
Et je doute, en le chérissant,
Si de ma glycine il descend
Ou s’il monte de mon Racine !"
Edmond Rostand, Les Musardises, 1911
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