Nicolaï Vassilievitch Abramov

 

Nikolaï Vassilievitch Abramov, brigadiste au kolkhoze de Loukerino, arrêté le 5 octobre 1937, condamné à mort le 17 octobre, exécuté le 21 octobre, et réhabilité en 1957, est photographié ici par ses bourreaux. Ce soir Le Monde publie un supplément de 8 pages sur la Grande Terreur stalinienne. Il y a soixante aujourd'hui, le 5 mars 1953, mourait Staline. Entre 1937 et 1938, 750 000 soviétiques sont exécutés et 800 000 autres envoyés au goulag.

"La Grande Terreur en URSS" de Thomas Kizny publie aux éditions Noir sur blanc les photos tirées des archives secrètes de la police politique soviétique, de ceux qui ont été photographiés par leurs bourreaux quelques jours ou quelques heures avant d'être fusillés, gazés, ou abattus à la hache.

 

Une photographe née en 1879, exposée au musée du Jeu de Paume

 

 

 

Laure Albin Guillot a photographié Paul Valéry, Jean Cocteau, mais tant d'autres aussi. C'est en 1922 qu'elle a ouvert son atelier de portraits. Elle a aussi été le premier conservateur de la Cinémathèque. En même temps elle fait des photos de mode, des publicités. Le musée du Jeu de Paume place de la Concorde, l'expose jusqu'au 12 mai.

 

"Que je sache, les martiens n'existent point"

 

 

Un homme très laid lit en face de moi dans le train de banlieue "Les mots et les choses" de Michel Foucault. Il fronce les sourcils, il déploie toutes les mimiques de l'étonnement ou d'une réflexion très forte, ou les deux, il se gratte la tête, comme dans un Laurel et Hardy, on dirait qu'il singe la perplexité, mais il a l'air sincère. Personne ne réfléchit aussi visiblement sauf les personnages des films muets.

Je n'ai jamais lu ce livre, je ne l'ai jamais eu non plus à la maison et pourtant je suis d'une époque où il était la Bible, d'une époque où tout le monde considérait que c'était impossible de ne pas l'avoir lu, d'une époque où les jeunes filles et les jeunes hommes couchaient ensemble sans souci ni du sida, ni de la jalousie, ni de l'amour-toujours, et mangeaient des choux à la crème en parlant de Michel Foucault comme aujourd'hui on parle de la météo.

La vie serait merveilleuse si j'avais osé demander à cet homme ce qu'il pensait de ce qu'il lisait, sans que ça me paraisse compliqué, et lui demander de me raconter.

Je me suis consolée ce soir avec 14 minutes de Foucault et Dumayet parlant en juin 1966, l'année de la parution des Mots et les choses. Je les trouve formidables chacun dans leur genre (taper Ina, Dumayet, Foucault, et vous tombez dessus). Ils sont extraordinaires. je les adore. J'adore ces 14 minutes qui me font tordre de rire et d'admiration et de tendresse

Comme dit Foucault: "ça serait déjà bien beau si la pensée arrivait à se penser elle-même".

Oh oui ! bien beau !

 

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