Absinthe, Jimmy, la COP 21, chichi-pompon et état d'urgence

- Alors?

- Vous me parlez ? ( C'est la première fois qu'Absinthe adresse la parole à Jimmy, ce qui explique son étonnement)

- Mon cher oui, ne faites pas cette tête d'abruti

- Madame ! Restons sur nos dispositions antérieures je vous prie, ignorons-nous. Pour toujours. A vie. Ce sera mieux.

- Oh ça va hein, c'est l'état d'urgence au cas où vous ne le sauriez pas

- Donc c'est l'état d'urgence donc je suis un abruti ?

- Pffff

- Bravo les raccourcis

Absinthe en aparté: je confirme  il est vraiment abruti

- De toutes façons je n'ai pas dit "abruti" j'ai dit "ahuri"

- Ahuri ? Je suis ahuri ? Madame !

- Oui ?

- Vous n'avez que l'injure à la bouche. C'est effrayant.

- Bon. On perd du temps là. C'est la guerre. C'est pas le moment de faire votre chichi-pompon.

- Soit. Mais dés que la guerre est finie on se parle plus. On n'a pas grand chose de commun vous savez.

- C'est sûr. Et heureusement. Bref. Comment on fait demain ?

- Demain ?

- Pour la COP 21

- Je vous demande pardon ?

- La COP 21 ! ( Non mais c'est vraiment un abruti)

- C'est une nouvelle litière?

- Oui c'est ça, une litière de Dijon (Misère il est pas abruti il est con)

- ?

- LA CONFERENCE POUR LE CLIMAT

- Oh oh ! ça va je suis pas sourd. Et alors?

- Alors t'as posé une RTT?

- Ben non

- Le préfet a dit faut prendre une RTT

- Le préfet ?

- Oui. Il a dit "Maintenant rangez vos drapeaux et lundi faites pas chier, télétravail ou RTT "

- C'est injurieux. Il nous prend pour des chats de dessin animé ou quoi?

- Ouais. Genre on dormirait toute la journée sur les radiateurs.

- N'importe quoi....

- Dans quel monde ces gens-là vivent

- Ils sont hors-sol

- Voilà. Hors-sol.

- Nous on bosse.

- On n'est pas des artistes.

- C'est sûr. On est des travailleurs.

- Et Gattaz ? ll en pense quoi ?

- Gattaz il a échangé tous les jours fériés catholiques contre des jours à la discrétion du préfet

- C'est quoi ce truc?

- Ben c'est simple: Hollande a supprimé le lundi de Pâques, le jeudi de l'Ascension, le lundi de Pentecôte, la Toussaint, Noël, mais le préfet pourra la veille dire "Ya congé". Si il y a trop de circulation. Ou de la pollution. Ou un grand match de foot.

- Pas bête.

- Et les vacances?

- Supprimées. Quand on a la chance de bosser on va pas en plus avoir des vacances. Un peu d'égalité. C'est une mesure de pure justice a dit Valls.

- Et les salaires?

- Ils plombent la compétitivité. C'est un souci. On y réfléchit.

- Mais les croquettes?

- Quoi les croquettes?

- Si on peut pas se déplacer, on fait comment ? Qui achète nos croquettes?

- T'inquiètes. Elles sont livrées. Tu mets un drapeau à la fenêtre. Tu chantes la marseillaise dans l'interphone. Et on te file les croquettes  dans la boite à lettres.

- Mais y en aura pas assez ! Ya pas grand chose qui peut passer par la boîte à lettres...

- Dis donc c'est pas faux. Tu soulèves un point important.

- Oui, on nous entube quoi

- En plus, nous les chats, on sait pas chanter, on miaule

- Putain c'est vrai. En fait ils ont pas pensé aux chats

- Ils pensent qu'à eux. A leurs petits intérêts.

- C'est dégueulasse.

- Soyons unis.

- Soyons forts.

- Demain on bosse. Ils vont pas nous en empêcher.

- C'est pas demain qu'un préfet va faire la loi pour les chats.

- Tu sais quoi Jimmy?

- J'ai envie de tout faire péter

- Chut !  T'es pas prudente

- Mais on n'a pas d'issue

- Si, si, dimanche c'est les élections

- Ah tu vois que t'es un abruti !

 

 

"Heureux celui qui n'a pas de patrie" (Hannah Arendt)

Quel contresens...

Hier au rayon parfumerie du Printemps Hausmann !!!

 

Juste après la guerre, mon père qui avait 17 ans en 1945, était chef scout (chez les scouts laïques qui s'appelaient Les éclaireurs). Dans les camps (scouts) l'été ou à Pâques, avec les éclaireurs dont il avait la responsabilité, il montait toujours un mât de fortune pour y lever le matin le drapeau (français). Ensuite comme marin puis administrateur des affaires maritimes quand il a arrêté la navigation, le drapeau que d'ailleurs les marins appellent pavillon -quel joli mot- (sans doute que drapeau est le mot des douaniers, espèce tournée en ridicule par les marins !)a toujours fait partie de sa vie (et donc un peu de la nôtre).

Il montait les couleurs en signe de fête et il mettait les pavillons en berne en signe de deuil.

C'est pourquoi il aurait été stupéfait de la demande du gouvernement de pavoiser. Pavoiser c'est un signe de réjouissance. On ne pavoise pas pour 130 morts.

Hier les drapeaux auraient dû être en berne. Quel contresens ...

Ceci dit, ceci dit, tout était consternant hier dans cette cérémonie. Accablant. Hollande seul en scéne, les autres derrière, l'appareil d'état avait des allures coréennes, et puis Brel ! Oh non, pitiè. Et pourquoi pas "Prendre un enfant par la main" ? Et on a ricané bêtement en disant "Un peu plus, c'était moins une,  ils auraient choisi "Ne me quitte pas" et "Quand reviendras-tu?" de Barbara.

Et puis aussi on s'est inquiété pour Mireille Matthieu.

Oui. On n'est pas humains , on ricane de tout. On n'a pas de coeur.