20/06/2013
Le lustre du colloque
Aujourd'hui je suis allée pour le travail à un colloque. J'aime bien les colloques. Surtout quand c'est dans un endroit qui ne fait pas colloque mais plutôt musée Grévin. Vous avez vu ce lustre? On dirait aussi un peu un bordel du 19ème siècle, cet endroit, non?
En plus c'était un peu moins loin que le travail d'habitude, en plus c'était intéressant, en plus c'était très bon les petits trucs du buffet à midi, il y avait des espèces de grosses crevettes délicieuses enroulées dans une feuille de basilic, à saisir délcatement avec une petite pique de bois, délicieuses, elles étaient vraiment délicieuses , en plus c'était en plein Paris à Strasbourg Saint Denis, il pleuvait. La porte Saint-Martin était là toujours aussi intrigante, je l'ai photographiée aussi. Franchement elle est laide. Mais elle est là depuis 1674, alors ce n'est pas rien. Elle est belle de son âge. C'est Louis XIV qui a demandé de la construire.
Surprise, en sortant je vois un Gibert. Je ne savais pas qu'il y avait un Gibert ici. Le magasin est une sacrée curiosité, très vétuste et déglingué. Je ne trouve pas la correspondance de Barbey d'Aurevilly avec son ami Trebutien que je cherche depuis des semaines, sans vraiment chercher. J'achète "Un été avec Montaigne" d'Antoine Compagnon,un tout petit livre qui correspond apparemment à une série de petites émissions d'une minute sur France-Inter l'été dernier. C'est peut-être idiot.
Oui c'était une bonne journée. Et ce soir à la table où j'écris, Louise révise ses textes pour l'oral. Et là, elle lit à voix haute le début (maintenant il faut dire "incipit", wow!) du " Rouge et le noir". Elle a noué ses cheveux haut sur sa jolie tête et elle me demande le sens de certains mots..."hébétude" par exemple !
22:15 | Lien permanent | Commentaires (10)
19/06/2013
Le poème de Gautier qui a torturé Louise aujourd'hui: "Une bonne soirée"
Théophile Gautier. Une bonne soirée. (Emaux et camées).
Bon, de toutes façons le poème leur a été donné coupé à "appas" ce qui est complètement idiot et il fallait comparer ça à un texte de Max Jacob tout à fait compréhensible mais aussi à un texte de Joe Bousquet incompréhensible pour qui ne le connait pas, enfin pour qui ne savait pas qu'une balle allemande l'avait paralysé depuis qu'il avait 21 ans et Louise ne le savait pas, et je ne vois pas comment les autres élèves pouvaient le savoir. Et en plus il fallait comparer aussi avec une peinture de la chambre de Van Gogh, ce que Louise n'avait pas vu croyant qu'il s'agissait d'un autre sujet, bref, quel est l'intérêt de faire travailler les élèves sur ce poème très "petit maître" -moi j'aime bien les petits maîtres- mais franchement cette "Bonne soirée" n'avait rien à voir avec leur programme, et le passage de Joe Bousquet était vraiment imbitable.je dis pas ça parce que je suis sa mère. De Louise. Pas de Joe. Faites un effort.
(ci-dessous Bousquet déjà au boulot pour réviser l'oral)
22:23 | Lien permanent | Commentaires (30)
Maurice Nadeau (1911-2013)
La première fois que j'ai entendu le nom de Maurice Nadeau c'est en classe de 1ère parce que j'avais un exposé à faire sur le surréalisme. Je me souviens très bien du choc éprouvé à découvrir le surréalisme, André Breton, les dadas, et surtout l'écriture automatique. Enfin quelque chose d'amusant! Et comme Maurice Nadeau avait écrit une histoire du surréalisme, son nom est apparu dans ma vie. Sans que je me souvienne si j'ai eu son livre dans les mains d'ailleurs. Il l'avait écrit juste après la guerre mais avait fondé la Quinzaine Littéraire en 1966, c'était trois ans avant que je sois en première et je me souviens par contre très bien que je ne lisais pas la Quinzaine littéraire à cette époque, mais...Pilote et ensuite Charlie Hebdo. Oui bon, ça va! En fait j'ai toujours trouvé la Quinzaine horriblement barbante, la seule chose que j'aimais c'est le format. Ensuite pour une raison ou une autre j'ai lu parfois les numéros spéciaux, sur ceci ou cela. Pendant une longue période souvent l'été dans le jardin de la maison en Charente, j'avais des bonnes résolutions. Lire la Quinzaine, je me suis longtemps dit: "mais quand même si t'es pas capable de te concentrer assez pour lire la Quinzaine..." Mais rien à faire. Depuis longtemps je sais bien quel personnage extraordinaire est Nadeau, je sais sa vie splendide, fils d'une mère femme de ménage et qui ne savait pas lire, résistant, prof, instituteur, éditeur, ami de Beckett avec qui il passait des longs moments d'amitié dans le silence mais ils étaient ensemble, "découvreur" de Houellebecq, mais de tant d'autres avant: Beckett, Pérec, Claude Simon..., (et après?), admiré, respecté, vénéré, lâché par beaucoup de ceux qu'il éditait et les lâchant, et avec un rapport à l'argent que bien sûr j'aime. Lâcher l'argent, oui. Oui Nadeau est ce monument qui fait honte à tellement, cet homme plein de livres, sa vie pleine de livres, et son appel à l'aide il y a encore 1 mois, à 102 ans pour sauver la Quinzaine, serrait le coeur et en même temps agaçait. Ses raisons de se battre et en même temps ce sentiment pour moi d'un combat barbant, fichu. Je ne sais pas bien expliquer pourquoi. L'orage gronde et éclate ici. Comme un orage d'été charentais quand la Quinzaine parcourue et oubliée sur un transat, prenait sur le coin de la gueule une violente pluie d'été.
17:44 | Lien permanent | Commentaires (4)