Shakespeare

 Gauguin, 1881

 

 Ce soir dans le métro, trois jeunes femmes et un jeune homme. L'une parle très vite d'une voix très assurée, très claire en articulant très bien: "Si vous voulez, dit-elle aux autres,  j'ai des places à 10 euros pour Shakespeare."Ils ne répondent rien. Elle continue "Pas le samedi ni le dimanche mais 10 euros". Silence. "Il y a Michel Aumont". Le gars dit "Ah". Elle: "C'est au théâtre de la Madeleine, ça vous dit?" "Ben oui, pourquoi pas. Hein, pourquoi pas? "répondent-ils. "C'est le roi Lear" dit-elle. "Oui ben si t'as des places..." Ils marmonnent. Et elle, de sa voix claire et horripilante: "En plus, la mise en scène est très pêchue".

Je les regarde. Ce mot affreux de péchu, leurs têtes, leurs vêtements, leurs airs, tout m'irrite en eux.

En rentrant je regarde sur internet et je vois l'affiche de la pièce. Elle est horrible. A droite de Michel Aumont en bonnet de nuit, un type en imperméable de cuir noir, l'inévitable figure de nazi des théatres d'aujourd'hui. Pouah, pouah, pouah. Je préfère encore Secret story.

Le début du mois de novembre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La monaca. Ridolfo del Ghirlandaio,1510 (à Florence)

 Sans doute parce qu'il n'y a pas eu de vent, les arbres n'ont jamais été aussi beaux à l'automne. Ils ont gardé toutes leurs feuilles, et elles sont jaunes, rouges, le plus simple peuplier ruisselle d'or, c'est beau à couper le souffle. (Ou à le retrouver). Hier jour des défunts, poignant et silencieux. Le magnifique billet de Solko  Ars moriendi, et je ne savais même pas ce que ça voulait dire...J'ai dû chercher. Je ne savais pas qu'il s'agit de deux textes latins, de l'époque du portrait de la Monaca (la dame au voile). Dans ce portrait c'est le nuage qui me touche, éternel, le besoin du peintre de poser là ce nuage, un nuage gai, avec un air farceur, aussi léger que la Monaca, pensive, m'entraîne à la résignation. Mon Dieu donnez-moi pour novembre, un peu de la force de ce petit nuage pimpant.

Au Mexique

Une église du XVIème siècle surgie des eaux (site du figaro). Elle avait été inondée en 1966 lors de la mise en eau d'un barrage.