Le loup a mangé le petit arbre rouge

par la fenêtre de la cuisine ce matin

 

 

L'escalator sans marches et les ours

Ours cuisinier en face de mon travail

 

Vous voyez cet escalator? Tous les jours, enfin 98% des jours, mais sans compter le mercredi, je prends cet escalator. C'est juste en face de là où je travaille. Je sors de la cantine, je traverse la rue, je rentre dans le centre commercial et je prends cet escalator sans marches, parfait pour les caddy, parfait pour les jambes, très reposant. Quand je suis là, la moitié de la journée est passée, mais je ne suis même pas pressée que la journée de travail soit terminée parce que je sais que quand je rentrerai je serai archi-crevée. En ce moment il y a les décorations de Noël et ces ours dans la neige avec des espèces de sucres d'orge. Les ours remplissent de leur présence muette et signifiante (aujourd'hui c'est la fête: je dis le mot "signifiante" - j'ai attrapé la nauhérite - heureusement qu'il ne me lit plus, c'est la maladie de Philippe Nauher- oh on peut bien rire un peu) donc les ours sont là et disent des choses qu'ils n'ont pas besoin de dire, ils sont comme les bateaux sur la mer à l'horizon, vous voyez ça? ou comme les saucisses dans la choucroute. Ils sont l'indispensable sel de Noël. Imaginez une année civile sans Noël...Déjà que l'hiver est long et pénible... Vous recevez les catalogues de noël dans vos boîtes à lettres vous? Dans celui des Galeries Lafayette (papier glacé très luxueux) se trouve un bolero en vison blanc dont le prix est indiqué: 20 000 euros et quelques. Eh bien vous voyez, l'ours de mon moche centre commercial plein de misère, il est là pour ça, pour dire: "arrêtez la déconne, nous on est là, les ours, dans le bruit des escalators et le boucan de vos fatigues, pour vous dire ça, ne crevez pas de vos avidités".

Merci les ours.

Non je n'ai pas bu, c'est mon état normal. Et vous?

 

 

Par amour on peut raccommoder les plus horribles serviettes de bain et n'en penser pas moins

Edmund Blair-Leighton