Endormie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 La Vierge enfant, endormie, Zurbaran, dans la cathédrale de Jerez

Nous coulons trois jours heureux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 photo: Louise

 

 

Louise et moi sommes à la maison depuis mercredi. L'une comme l'autre, pour des raisons différentes, avons été dispensées, elle de lycée, moi de boulot, par le médecin. On a chacune eu notre précieux papier, certifiant qu'il en allait de notre santé, elle pour le lycée, moi pour mon employeur.

Trois jours (presque) tranquilles, dans l'appartement ensoleillé (et donc à la poussière visible !) toutes les deux, à aller et venir entre nos lits, le balcon, le salon. Elle a un peu travaillé, moi beaucoup dormi, on déjeunait en tête à tête, tranquillement, elle qui chante, moi qui l'écoute chanter, et les deux chats nous suivent sur le balcon, sur nos lits, dans le salon.

 

Pour Noa

Noa a été enterré dans le jardin en face de la mer.  Noa était un chat noir, d'un noir presque bleu, qui est mort  mardi. Il était très âgé, malade, très maigre, avec des yeux splendides de connaissance de la vie (oui cette phrase est un peu bizarre). Il avait pris ses quartiers à Brest depuis la mort de sa maîtresse. Il ne lui a pas survécu longtemps. C'est triste. Je pense à son petit corps enterré dans le jardin, à son chagrin quand elle a quitté ce monde. Je pense au chagrin de Jimmy qui pense tout le temps à elle. Et nous aussi.

On savait qu'il était malade. On savait aussi qu'il avait disparu lundi midi par la fenêtre du salon à Brest. Mais il avait été retrouvé et emmené dans une clinique.

Quand tu m'as annoncé lorsque je t'ai retrouvé à l'entracte du concert de Rameau: "Noa est mort", vous voyez comme je suis bête, je ne pensais pas à lui, j'ai dit: "Yannick Noah?!?" C'est bête hein, mais ça vous fait rire. Si, si. Moi aussi j'ai ri d'horreur d'avoir dit ça, d'avoir pensé à Yannick Noah alors que c'était le tendre, le vieux, le sage Noa, dont tu m'annonçais la mort.