UA-122527695-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/06/2013

Ses bras à elle, sa main à lui

film-le-mepris3.jpeg

Godard tourne un film qui s'appelle "Adieu au langage", il aura 83 ans en décembre, il n'est pas à bout de souffle

290620132428.jpg

 

28/06/2013

Sunset Boulevard

280620132422.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis arrivée ce matin en avance. Il pleuvait mais ça ne se voit pas sur la photo. J'étais déjà venue il y a dix jours. Une lubie. Je veux dire: une lubie l'hôpital américain. Quand le mec de l'échographie (non, j'attends pas un bébé!, lol de lol) m'a dit il y a 1 mois:" Bon, maintenant  il va falloir faire une scintigraphie, j'ai des collègues qui ont besoin de payer leurs piscines, c'est la crise", j'ai demandé: "Vous me conseillez d'aller où?" et qu'il a répondu: "Cochin, le nom d'un autre hôpital que j'ai oublié, ou l'hôpital américain, ils sont très bien équipés", j'ai bondi sur l'occasion.

L'hôpital américain, mon rêve! Sunset Boulevard!

Je vous explique: j'ai deux fantasmes d'hôpital, l'hôpital américain (qui n'en est plus un, de fantasme) et le Val de Grâce. L'impression dans les deux que si on y meurt c'est de manière élégante. Ce qui est vachement rassurant, non?

Bref pour moi l'hôpital américain a toujours été celui des stars, celui où, dans mon esprit,  Sylvie Vartan a accouché. C'est dire. Depuis, j'ai appris que c'est là que Djamel Debouzze a accouché. CQFD.

Et comme il n'y a pas longtemps, par hasard,  j'avais entendu dire que c'était un hôpital "normal", que c'était pas obligé d'être américain ou Sylvie Vartan pour y aller, je me suis dit "l'histoire ne repasse pas deux fois les plats -j'ai un master de philosophie , ou de maître d'hôtel - je vais aller à l'hôpital américain" (où si t'y accouches, ton bébé est américain et si t'y meurs ton enterrement est duty free)

Il y a dix jours il y avait eu une sombre histoire de rendez-vous compliqué, je vous passe les détails. Mais c'était parfait: une espèce de répétition quoi, pour voir le chemin.

Donc ce matin, formidable, il pleut, très décontractée, je pars en disant: "je prends Pontalis et un parapluie", ce qui illustre merveilleusement l'être exceptionnel que je suis: un parapluie et Pontalis. La tenue idéale pour faire un sautà l'hôpital américain. Je prends le train , je descends à la Défense, je prends le métro, je m'arrête Porte Maillot, je prends le 82, non sans avoir demandé une petite confirmation au chauffeur, certes  il y avait écrit sur le bus "hôpital américain" à l'avant mais on n'est jamais assez prudent, réponse irritée du chauffeur : "Jusqu'à nouvel ordre je vais là où c'est écrit", bon, d'accord, d'accord, j'avais ma petite confirmation.

Dans le bus j'étais assise à côté d'une femme de mon âge, très mince, bronzée mais pas trop, très moche, mais habillée de façon divine, avec vous voyez ça, des couleurs très "nude": des très jolis escarpins, une jupe ravissante, un imperméable oh la la, et des bijoux fins, ravissants aussi, l'air sévère comme le chauffeur de bus, je pense qu'elle était DRH ou alors contrôleur de gestion, oui c'est ça contrôleur de gestion et que son fils se drogue -j'aime bien penser que les contrôleuses de gestion ont des fils qui se droguent - et elle a ouvert en grand Les Echos, d'ailleurs il y avait une pleine page sur les malheurs de Stéphane Richard, j'aurais bien aimé la lire.

Et voilà que bon an mal an, après avoir traversé Neuilly tout dégoulinant de vert et de puanteur, nous arrivons à l'hôpital qui est le terminus.

Le hall ne ressemble pas à un hall d'hôpital mais au hall d'un grand hôtel: boiseries, drapeaux américains, grandes fleurs, tapis, et un accueil où on pourrait voir accoudée Hillary Clinton les clefs des chambres suspendues derrière, toute dorées.

Ceci dit, trois pas après, pour ce que j'ai vu, tout est absolument pareil que dans un autre hôpital (en + propre) et la salle d'attente où je suis n'a rien de confortable et atteint les sommets de l'angoissant avec sur le mur quatre fois la même affichette mauve hideuse avec en gros le mot "cancer". Donc t'es là, t'attends, t'attends tes résultats dans le service de "médecine nucléaire" - ça s'appelle comme ça, ça fait-y pas fukushima?-  et tu vois ce "cancer cancer" qui clignote. Plaisant.

Bon, allez, j'y allais pour me faire refaire les seins parce que figurez-vous que j'ai trop de calcium dans le sang (dégueulasse) et qu'à force de manger des mamie nova voilà ce qui arrive. Et que c'est dangereux parce que je peux avoir des calculs (archi-dégueulasse) dans les reins d'une minute à l'autre; et c'est la faute des parathyroïdes qui déconnent. (Oui c'est un billet dégueulasse. Soyez forts) Avait supputé le gars de l"échographie. Et faites gaffe: les parathyroïdes c'est pas la thyroïde, ça n'a rien à voir, c'est simplement que c'est tout près, mais s'il y a un petit mignon adénome (cancer? cancer?cancer?) dessus c'est le bazar, donc il faut couper la tête, enlever le truc et bien recoller avec du scotch, pas de quoi en faire un monde non plus, il y a des gosses qui crèvent de faim et Cécile Duflot ministre.

Donc j'étais là ce matin pour voir s'il supputait bien. D'abord, normal,  on m'a fait remplir des papiers. J'ai signé que j'étais super d'accord et super contente du dépassement d'honoraire annoncé. Oui annoncé  imprimé, on ne peut pas te le dire de vive voix, et t'es prié de signer que t'iras pas soupirer en sortant ton chéquier. Par contre oralement on m'a demandé bien fort mon poids. Je l'ai dit en ajoutant niaisement et en me tortillant "oui je sais pas ce que j'ai, j'arrête pas de grossir en ce moment", comme si je savais pas que c'est parce que je me bourre de saloperies, et comme si c'était une tare de grossir, quand je me suis aperçue que la dame qui me posait la question était énorme. Ah merde ! Bien plus énorme que moi.

Ensuite attente. Cancer cancer cancer. Dans la salle d'attente, pas de Claire Chazal, mais des gens tout ce qu'il y a de plus normaux, l'air malades, fatigués, inquiets. Des hommes âgés, beaucoup. Et pas des PDG; il doit y avoir une autre entrée pour les PDG et pour les stars. Crotte alors.

Ah j'oubliais: ma carte vitale a été utilisée (c'est un peu un reportage scientifique ce billet, non?) et une facture m'a été donnée pour la mutuelle. J'ai payé 100 euros, c'est à dire trois fois moins que chez l'échographiste "en ville" (faut le comprendre c'est la crise. Et je vous jure qu'en plus, sérieusement il me l'a dit)

A ce moment-là hop je vois le docteur, une femme d'une soixantaine d'année, à la beauté froide -peut-être même glaciale- cheveux blancs, très beau foulard autour du cou, différent de celui d'il y a dix jours, trés élégante et disssstinguée, qui sans un sourire commence à me parler. Je l'interromps pour lui montrer que je suis quasi une confrère, enfin une consoeur quoi, vu que je l'ai vue il y a dix jours, que je ne suis pas le patient lambda quoi, qu'il faut me ménager merde, et ne pas me parler comme à un chien, si ça se trouve Vanessa Paradis est ma meilleure amie.

( à suivre et la suite sera encore plus dégoûtante)