Agostino Steffani (1654-1728)

 

C'est en écoutant ce soir Cecilia Bartoli chanter Agostino Steffani que je me dis cette chose si banale: la musique me rend plus heureuse que les livres, la peinture me rend plus heureuse que les livres, la pâtisserie me rend plus heureuse que les livres, le ciel me rend plus heureuse que les livres, les fleurs plus heureuse que la pâtisserie, le ciel plus heureuse que les livres,  l'amour plus heureuse que la musique,  la peinture, la pâtisserie, le ciel, les fleurs, la musique baroque plus heureuse que tout.

 

"L'idiot"

 

Je n'avais jamais lu "L'idiot". J'ai commencé cette nuit dans le salon pendant une insomnie, tandis que la maison dormait. J'ai continué un peu ce matin mais je ne pouvais pas parce j'écoutais Vivaldi en même temps et aussi je regardais la neige qui est tombée. Et Vivaldi, la neige, et L'idiot c'est trop de beauté en même temps, et en plus j'ai des tonnes de choses (idiotes) à faire. Qui a lu L'idiot?

 

Si ça se trouve, le salopard, il ne lui a même jamais donné ses croquettes ! (Marcela Iacub et Dominique Strauss-Khan: comme chacun de nous)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marcela Iacub est comme chacun de nous, des fois (souvent) très belle, et des fois pas, des fois très intelligente et des fois pas. Et même souvent, en même temps très intelligente et très bête. Comme chacun de nous, exactement. Dominique Strauss-Khan aussi, dont on peut penser qu'il n'est pas seulement, ni une curiosité sexuelle pour frustrés, ni l' intelligence planétaire qu'il était réputé être, mais aussi, comme Marcela Iacub, autre chose que son corps et que son cerveau et que ses mots et que la face donnée à voir au monde. Et voilà que Iacub, dont j'ai souvent trouvé les idées intéressantes, pas basses de plafond, écrit un livre sur sa liaison (ce mot existe encore, il est quand même bizarre) récente -2012 -avec Dominique Strauss-Khan. Les uns crient au génie, d'autres au scandale. Le livre n'est pas encore sorti. Il sort mercredi. Il s'appelle "La belle et la bête". La belle bien sûr, c'est elle. Juge-t-elle.  Super original ! La bête, juge-t-elle aussi, c'est Strauss-Khan. Super original ! N'est  ce pas ce que s'imaginent les jeunes filles? Qu'elles sont la beauté, THE beauté, et que l'homme est le diable, The diable, dont elles ont tellement envie, pour être à côté de lui encore plus belle, encore plus pure (je ne crois pas trop au soi-disant syndrome de l'infirmière: ce qu'une jeune femme trouve attirant c'est bien le diable, sinon elles seraient toutes mariées à Bruno Le Maire -encore que. Encore qu'il faudra un jour que je parle de ce Bruno Le Maire qui écrit très bien. Oui,  "Jours de pouvoir" chez Gallimard c'est très bien). Je n'ai pas grand chose à vous cacher: j'ai lu l'interview de Iacub dont elle dit qu'elle n'en donnera pas d'autre, et je ne l'ai pas lu dans une salle d'attente, je l'ai lu parce que je l'ai acheté parce que je voulais lire cet article) Ce qui m'a paru stupéfiant de bêtise, et même je n'y crois pas, - je veux dire que je me demande si vraiment Iacub a dit ça, peut-être que c'était pour rire? )c'est qu'elle puisse accuser Strauss-Khan de vilénie parce qu'il ne se souvient pas du nom de son petit chien à elle qu'elle adore, comme quoi ça prouverait bien, hein dit-elle, et par A + B, qu'il est trop méchant avec elle. C'est peut-être un gag. Enfin bon. Si elle le pense vraiment, il y a de quoi hurler! Le salaud, quoi. Si ça se trouve il lui a même jamais donné ses croquettes! Au petit chien de Marcela Iacub. Le porc. (C'est elle qui le dit)

A moi dans ce qu'elle raconte dans l'interview, Strauss-Khann me parait moins "dérangé" qu'elle: ilene sait plus qui est "Lola" -le nom du chien de Iacub- pas parce que c'est un méchant, mais parce qu'il est sensé. Quand elle dit:" je vais retourner avec Lola"et qu'il demande "qui est Lola?" Iacub voit en lui un malotru, alors que, bon vous pouvez penser autre chose, mais moi je me dis qu'il pense à un être humain, il se demande qui est cette Lola, cet être humain. Or les porcs ne savent pas qu'il y a des êtres humains.

Et puis la contradiction est tellement forte. Mais si banale. Voilà que ça me fatigue à l'avance de la dire, mais allons-y. Je suis attirée par un vilain garçon mais je voudrais qu'il soit, quand je veux, un gentil garçon.  On a toutes voulu ça et c'est ridicule! C'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est elle, c'est elle aussi, c'est lui, c'est eux. C'est avec une cruelle précision chacun de nous dans ce que la sexualité et les sentiments se heurtent un peu de front quand même. Et quand iacub accuse Sinclair d'avoir fait de Strauss-Khann son "caniche", est-ce que ce n'est pas trop drôle cette logique inconsciente (inconsciente?)?! Ces deux petits chiens (oui son chien à elle aussi est petit, elle le dit) comme objets de l'amour....

C'est donc l'histoire de la banalité. De notre plus grande banalité. De ce qui nous échappe quand on raconte. (Le caniche Strauss-Khann et sa petite chienne à elle semblent dans l'interview lui échapper vraiment). Un livre banal comme toute la vie. Il n'y a qu'Apathie pour s'être exclamé si drôlement (mais peut-être forcait-il son talent): "Alors voilà, une femme couche avec un homme et elle écrit un livre!" en s'étouffant d'indignation. Sans qu'on sache bien si la suffocation c'est "une femme couche avec un homme " ou "elle le raconte dans un livre".

Oui. La belle affaire!

En vrai, la plus belle affaire du monde: une femme couche avec un homme.

Et elle le raconte. Bien sûr que je lirai le livre. Sans aucune idée aujourd'hui de s'il me plaira ou non. Mais il ne manquerait plus que ça, que je le sache à l'avance !