06/12/2012
Berthe aux grands pieds
Degas
Alors moi je suis Berthe aux grands pieds (je sens que ça va être un billet qui va nous élever à des hauteurs himalayennes). Chères commentatrices qui chaussez du 36 ou du 35 (sans blague?), je ne suis pas à la hauteur de vos mignons petits pieds raffinés, moi je chausse du 40, voire du 41.
Pourtant tout avait bien commencé. Je chaussais du 37. 1m 62, pointure 37. Bon, ce n'est pas petit petit mignon, mais disons que ça va. Et puis mon pied -enfin, les deux heureusement- ont grandi, grandi. Tout le poids de la vie est descendu dans mes pieds, et soudain j'ai fait du 38. Et puis après avoir eu 2 enfants, du 39 -mes soeurs c'est pareil: 1 enfant = 1 pointure de +. Vous imaginez si j'avais cinq enfants ! Et là maintenant, du 40.
Bon. Quels sont les avantages de chausser du 40?
Aucun. Et les inconvénients? Aucun. Alors pourquoi j'écris ce billet?
Parce que j'attends que les pommes de terre cuisent. Elles mettent un peu plus de temps à cuire quand on chausse du 40.
20:09 | Lien permanent | Commentaires (8)
Le dernier fils de Claudel
vitrail de Chagall (mais pas dans l'église du billet, hein, ça serait trop beau!)
Rien n'est fait dans cette église pour croire à (en?) Dieu. Elle est laide à l'extérieur, elle est laide à l'intérieur. En plus, un grand portrait du pape est accroché au bord de la première travée en hauteur, une photo laide. Les paroissiens ont tous le figaro qui dépassent de leurs poches. Et des jeunes filles scoutes, l'air soit bébêtes, soit obligées d'être là par leurs parents (que feront-elles? au moins autrefois elles pouvaient partir vivre en communauté avec des chevelus en rendant dingues leurs parents, mais maintenant?) complètent le décor.
Incroyable: la messe est à onze heures, et à onze heures cinq, onze heures dix, des paroissiens arrivent encore, sans se presser et le soleil entre alors avec eux, éclaire l'église puis s'éteint quand la porte se referme.
A onze heures pile un vieil homme en noir un peu courbé s'est glissé dans l'allée de droite vers l'autel, pour s'asseoir sans doute de biais tout près. Il a cent ans. C'est le dernier fils de Paul Claudel.
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05/12/2012
Un bon mercredi: Cahuzac est le père de la fille de Rachida Dati
le typhon Bopha aux Philippines (dans Libération, photo Reuters)
Au loin le bruit du monde. Celui des personnages politiques qui nous amusent mais n'ont aucune importance, simplement les potins du village sont devenus hexagonaux (comme je parle bien! ça fait longtemps que je n'avais pas dit "hexagonaux", ça fait du bien) ou mondiaux. Que Cahuzac ait eu un compte en Suisse il y a douze ans, la belle affaire! C'est possible. Et alors? Bon là il ment, mais que pouvait-il faire d'autre? Dire "oui oui c'est vrai"? Que Dati emmerde Desseigne pour une raison que nous ignorons aussi, c'est pareil. Quelle importance ça a? Bon donc ce bruit du monde. Et puis plus loin le bruit au-delà des frontières: les opposants à Morsi au Caire, la Syrie, le typhon qui a tué au moins 238 personnes aux Philippines, mais 238 personnes pas américaines, alors c'est pas grave on dirait.
Et mon mercredi, mon bon mercredi. Le matin j'ai oublié dans le four un gâteau pendant que j'écrivais des billets. Après je me suis recouchée. J'ai dormi. Il faisait gris. Froid. J'ai pris le bus. Je suis allée prendre une cup of tea chez maman. On parlait. Soudain elle a dit: "Il neige!". J'étais en ballerines. Elle m'a prêté des bottes en caouchouc qui étaient à papa. Du 42 mais très bien. Etanches. J'ai attendu le bus à l'arrêt Charles Péguy. Louise était dedans qui rentrait du lycée avec une amie à elle de son ancien lycée. Elles ont ri en voyant mes bottes. J'ai dit "Tout à fait Kate Moss, non?". Elles ont re-ri. Ensuite il faisait bon à la maison. Il fait bon. La chance d'avoir un toit. Des bottes, un toit. La paix. Un Cahuzac, une Dati.
22:02 | Lien permanent | Commentaires (13)