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14/10/2012

"...Les oiseaux sont de la banlieue..."

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 Oiseaux de bon augure, un dimanche après-midi de pluie (qui passe pas trop)

 

 

 

 Oh les charmants oiseaux joyeux !
Comme ils maraudent ! comme ils pillent !
Où va ce tas de petits gueux
Que tous les souffles éparpillent ?

Ils s'en vont au clair firmament ;
Leur voix raille, leur bec lutine ;
Ils font rire éternellement
La grande nature enfantine.

Ils vont aux bois, ils vont aux champs,
À nos toits remplis de mensonges,
Avec des cris, avec des chants,
Passant, fuyant, pareils aux songes.

Comme ils sont près du Dieu vivant
Et de l'aurore fraîche et douce,
Ces gais bohémiens du vent
N'amassent rien qu'un peu de mousse.

Toute la terre est sous leurs yeux ;
Dieu met, pour ces purs êtres frêles,
Un triomphe mystérieux
Dans la légèreté des ailes.

Atteignent-ils les astres ? Non.
Mais ils montent jusqu'aux nuages.
Vers le rêveur, leur compagnon,
Ils vont, familiers et sauvages.

La grâce est tout leur mouvement,
La volupté toute leur vie ;
Pendant qu'ils volent vaguement
La feuillée immense est ravie.

L'oiseau va moins haut que Psyché.
C'est l'ivresse dans la nuée.
Vénus semble l'avoir lâché
De sa ceinture dénouée.

Il habite le demi-jour ;
Le plaisir est sa loi secrète.
C'est du temple que sort l'amour,
C'est du nid que vient l'amourette.

L'oiseau s'enfuit dans l'infini
Et s'y perd comme un son de lyre.
Avec sa queue il dit nenni
Comme Jeanne avec son sourire.

Que lui faut-il ? un réséda,
Un myrte, un ombre, une cachette.
Esprit, tu voudrais Velléda ;
Oiseau, tu chercherais Fanchette.

Colibri, comme Ithuriel,
Appartient à la zone bleue.
L'ange est de la cité du ciel ;
Les oiseaux sont de la banlieue.

 

Victor Hugo. Les chansons des rues et des bois (1865)

 

 

 

 

21:38 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (7)

Paris, juin 1930, parution le 8 novembre

 

 

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Je ne me casse pas la tête, je recopie ici la présentation trouvée sur le site des éditions de Minuit:

 

"Paris, juin 1930. Samuel Beckett loge encore rue d’Ulm dans la turne qu’il occupe depuis deux ans en tant que lecteur d’anglais à l’École Normale Supérieure, et qu’il devra bientôt quitter à la rentrée d’octobre.

Il apprend tardivement, le jour même de la date limite fixée pour le dépôt des textes, qu’un concours pour le meilleur poème de moins de cent vers ayant pour sujet le temps, a été proposé par Richard Aldington et Nancy Cunard qui dirigent à Paris les éditions en langue anglaise Hours Press. En quelques heures, il écrit Whoroscope, poème de quatre-vingt-dix-huit vers sur la vie de Descartes, telle qu’elle fut décrite en 1691 par Adrien Baillet. Il achève ce poème en pleine nuit, va le glisser dans la boîte à lettres de Nancy Cunard avant l’aube, et il remporte le concours. Whoroscope sera publié en septembre 1930 sous la forme d’une plaquette ; c’est la première publication séparée d’une œuvre de Samuel Beckett.

Ce poème présente un intérêt plus anecdotique que purement littéraire. On y décèle la hâte de l’écriture, le goût encore estudiantin du jeune homme de vingt-quatre ans, friand de canulars et de calembours, pour un style volontairement obscur et biscornu, son attrait espiègle pour les jeux de mots saugrenus et les parodies cocasses (telle, en 1931, Le Kid, sa parodie du Cid). Cependant on y discerne également la vaste étendue de sa culture, aussi bien scientifique que littéraire et philosophique."



13/10/2012

"Je ne suis point réconcilié avec Budé, je n'ai jamais cessé de l'aimer"

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Guillaume Budé sur la façade de la mairie de Paris

 

 

C'est Erasme qui parle: "Je ne suis point réconcilié avec Budé, je n'ai jamais cessé de l'aimer". Cette phrase magnifique...

Guillaume Budé est né en 1467 et il est mort en 1540. Je connais son nom depuis la sixième à cause du latin et de mon père qui vénérait la collection qui porte son nom. (aux éditions Belles Lettres) Moi j'aimais, j'aime toujours, le rose particulier des couvertures de ces livres (en-dessous la photo avec le flash de mon téléphone rend moche ce rose couleur de terre quand il y a de la brique rose dedans, on dirait de la terre romaine)dont il fallait couper les pages. Je ne savais pas qu'il avait repris ses études à 25 ans (Budé à 25 ans en 6ème?! ) ni que c'est lui qui avait "inventé" le mot "encyclopédie".

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Voilà, j'ouvre à l'instant le "De natura rerum" de Lucrèce dans la collection Budé. Comme j'aime  cette introduction! La simplicité de ses phrases. La première, que je porte au pinacle.

"Introduction.

 

I Vie de Lucrèce

De la vie de Lucrèce on peut dire que nous ne savons pratiquement rien. Une date pour sa naissance, une autre pour sa mort, et toutes les deux mal assurées, c'est à peu près tout ce que l'antiquité nous a laissé. Ses contemporains l'ignorent ou se taisent sur son compte. Cicéron, qui fut peut-être son éditeur, lui consacre dans toute sa Correspondance, ou du moins dans ce qui nous en reste, une phrase courte et banale, du reste défigurée dans les manuscrits, et qui ne mérite certes pas les flots d'encre qu'elle a fait couler. Sous l'Empire, l'oubli semble s'être fait rapidment sur son nom. Notre principale source d'information est la courte biographie insérée par saint Jérôme dans ses additions à la Chronique d'Eusèbe (*) .(...)"

 

Il y a une association Guillaume Budé. Avec des conférences comme celle-là: "Pourquoi les tragédies grecques nous semblent-elles tragiques?". Pas plus magique que ce titre. La cotisation c'est 40 euros et on reçoit les bulletins de l'association. Deux par an. C'est par année civile. Je vais m'inscrire pour janvier 2013. C'est le cadeau que je demanderai au Père Noël, tiens! Et hop!

 

(*)  Saint Jérôme a écrit la suite de la chronique d'Eusèbe de Césarée. Eusèbe de Césarée était mort en 339. Saint Jérôme a écrit la suite. Bon, je l'ai déjà dit. En-dessous saint-Jérôme en pleine inspiration, peint par Le Caravage dans son sublime manteau exactement couleur Budé:

 

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