10/10/2012
Une description
Un genre d'enfer. Elles chuchotent toute la journée. Parfois plus fort, exprès, elles disent "enfin on verra bien". Ou "de toute façon c'est toujours la même chose". Ou "moi je te dis, je ne sais plus quoi faire". De temps en temps, un vient. Ils ferment alors la porte. Ils s'enferment. J'entends moins les chuchotements. Quand la porte se rouvre, ils rient très fort, exprès aussi. Ils passent dans le couloir et disent "alors où on déjeune?"ce qui ne s'adresse pas à moi. Quand le téléphone sonne, ils répondent de façon excessivement aimable. Dés qu'ils raccrochent, ils soupirent excédés. Ils ne répondent pas toujours quand je dis "bonjour", c'est qu'elles n'ont pas le temps de lever les yeux de leur écran. Elles disent "ah j'ai oublié de te mettre dans la boucle". Ils disent "je suis débordé" puis un temps....et ajoutent "comme tout le monde ici" exactement comme si c'était le cas.
Il demande" ça te fait rien si j'allume la lumière ?" car il sait que ça me fait et l'allume. Elles disent qu'elles ont "vécu un semestre de folie". Ils pensent qu'ils sont très bien. Ils se serrent les coudes mais chacun vendrait l'autre. Ils mangent ma vie jour après jour et je n'ai plus des tonnes de jours. Ils me pousseraient au fond du lac si c'était permis par la loi. Ils me poussent de toutes leurs forces.
14:15 | Lien permanent | Commentaires (3)
L'aventure, dimension bouture
Au bout de 4 semaines, j'ai planté la bouture d'impatience. Elle est passée de la cuisine dans un pot de yaourt vide en verre où elle était dans l'eau, au balcon où elle est dans la terre, dans un pot.
C'est une aventure.
12:17 | Lien permanent | Commentaires (4)
Les yeux noirs carrés
Rovinj en Croatie (photo wikipédia)
J'imagine, ce matin où le brouillard a fait disparaître la tour Eiffel, me dit Louise à l'instant en chemin pour le lycée -on est mercredi je suis à la maison-, j'imagine que j'arrive à Rovinj dont je ne connaissais ni le nom ni l'existence il y a deux minutes, mais j'ai tapé "Croatie médiévale" et j'ai vu cette photo.
Et pourquoi j'ai tapé Croatie médiévale? (bravo à ceux qui trouvent, c'est la question du jour, il y aura un cadeau pour le gagnant. En vrai.)
Donc j'arrive en bateau directement de l'île de la passion, avec mes chocos BN. La traversée a été bonne. On a essuyé une seule tempête (ah l'expression "essuyer une tempête"!). Je dis "on" mais je suis une navigatrice solitaire, personne ne veut embarquer avec moi. Aucun esprit d'aventure les gens ! Des petits embruns me mouillent, c'est délicieux.
Je me faisais une fête d'aborder ici. C'est super à la mode la Croatie. Enfin déjà un peu moins? "Quoua tu ne connais pas la Croatie?" Et regardez c'est beau, avec cette église très vénitienne. Je vais pouvoir prendre un bain dans un hôtel et boire un mojito quelque part (mojito + chocos BN = miam).
Et puis non.
Au fur et à mesure que j'avance, les façades du port me font peur à me regarder comme ça avec leurs gros yeux noirs carrés. Et on dirait qu'il n'y a rien dans les maisons, que les murs à l'intérieur ont brûlé, qu'il n'y reste que des bandes armées, tout le monde a fui.
08:21 | Lien permanent | Commentaires (2)