08/12/2012
Dans quinze jours, les jours rallongent
poinsétia sur assiette en argent massif
"On tient le bon bout" disait mon père à ce moment de l'année. Dans quinze jours, les jours rallongent. Ce sera le début de l'hiver, mais les jours commenceront à rallonger. Et en prime, dans 3 semaines, Noël sera passé! Et comme les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, ça sera une bonne chose de faite (de fête). En attendant, faut quand même surveiller le feu sous le christmas spirit, sinon c'est la barbarie. Ma grand-mère (oui, je sais, mon père...ma grand-mère...mes oncles...mes frères et mes soeurs...vous vous souvenez de cette chanson, cette chanson américaine qui avait été reprise par Claude François? Ah comme dit mon beau-frère "en ce temps-là, on savait habiller la femme"! -vous savez qu'il dit ça souvent? et même que c'est devenu la phrase familiale pour taquiner les nostlagiques?) , donc ma grand-mère disait: "Quand je ne ferai plus de Christmas pudding, c'est que je serai tout près du Seigneur"(= en langage de ma grand-mère, aux dernières extrémités). Elle le disait aussi pour son fameux pâté de lapin, et c'était bien dommage car à la fin il y eut plusieurs années où ne voyant plus bien ou n'étant plus assez attentive ou désirant que nous mourions tous avant elle, elle laissait plein de petits os minuscules de lapin dedans, et je peux vous dire que l'expression moche à la mode d'aujourd'hui : "c'était une tuerie", convenait parfaitement. Donc pour ma part moi Sophie marquise De La Pluie qui Passe, je dis moi aussi: quand on ne s'occupera plus de Noël dans cette maison c'est que je serai en 36ème dessous. Il sera bien temps alors d'être dispensée de toutes ces corvées tous ces préparatifs.
Alors là évidemment, c'est un peu en vrac dans ma tête, car j'ai un très gros rhume (la bonne excuse). A l'heure où j'écris, je suis encore en chemise de nuit avec par dessus un gros pull infâme surnommé doudou qui est VRAIMENT mon doudou nuisette et mules à pompons en col de cygne, et des mots virevoltent (là, je crois que je m'enflamme) dans ma tête sans queue ni tête et non pas dans ma queue sans queue ni tête, le mots "truffe" mais truffe c'est trop tôt je ne vais pas faire des truffes aujourd'hui: elles seront toutes mangées avant demain soir et toutes contaminées de microbes de rube, le mot "cadeau" mais vous me voyez fatiguée comme je suis aller semer des kleenex chiffonnés dans les magasins un samedi? - bon demain les centres commerciaux sont ouverts mais ma religion syndicale me l'interdit ou alors il faut que je mette un masque, à la rigueur oui un masque, mais je sens que demain j'aurai besoin de me reposer en lisant la Vie Ouvrière (la NVO pour les intimes), alors quels autres mots? " organisation" ? aaaaaargggg, non ça c'est trop compliqué, les pauvres divorcées savent qu'elles ne passeront pas Noël normalement avec leurs enfants, qu'il faut choisir entre plusieurs familles, qu'il y a les enfants, les parents, les frères et les soeurs... qu'organiser Noël c'est un vrai bordel, qu'au fur et à mesure qu'on avance dans décembre ça se gâte, vous voyez Claude François avait tout compris.
Bon, finalement je vais me recoucher et penser au printemps.
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07/12/2012
Oh mon amour!
photo prise ce matin par Louise, de la fenêtre de la cuisine
Oh mon amour, quelle fidélité de pensée!
Tchekov, dans la nouvelle qui s'appelle "Salle n° 6":
"Le crépuscule. Une grosse neige, fondante, tournoie paresseusement autour des becs de gaz que l’on vient d’allumer, et se pose, en couche molle et fine, sur les toits, sur le dos des chevaux, les épaules et les chapeaux. Le cocher Iôna Potâpov est blanc comme un fantôme. Replié sur lui-même autant que peut se replier un corps humain, il est assis sur son siège et ne fait pas un mouvement. Glissât-il sur lui tout un amas de neige, il n’éprouverait pas, semble-t-il, le besoin de le faire tomber… Son méchant petit cheval est immobile et blanc comme lui. Par l’angulosité de ses formes, la raideur en bâtons de ses pattes, par son immobilité, il ressemble, même de près, à un petit cheval en pain d’épice d’un kopek. Il est, selon toute probabilité, plongé dans ses pensées. En effet, avoir été arraché de la charrue, de ses paysages habituels et gris, et avoir été jeté dans cet abîme plein de feux monstrueux, de fracas incessant, et de gens qui courent, comment ne pas songer à tout cela "!
23:10 | Lien permanent | Commentaires (5)
06/12/2012
De je ne sais pas quoi !
Renoir
De temps en temps, mais je vous assure que je ne sais pas pourquoi, la vie devient brillante. Je veux dire qu'il y a une journée où tout brille. Pourtant c'est exactement la même journée que d'habitude et rien de spécial n'arrive. Mais par je ne sais quel mystère, chaque chose quotidienne est parée d'un éclat merveilleux. Comment expliquer ça? Chaque chose resplendit d'évidence, chaque chose est devenue précieuse. Le froid du matin se jette sur moi quand je pars travailler dans la nuit noire, et c'est comme un splitch de menthe délicieuse dans la figure, d'odeur de forêt dans l'obscurité. S'il pleut, les flaques brillent. J'entends au loin passer un train (pas siffler, zut !) et je me rends compte qu'entendre ce bruit est extraordinaire, imaginer qu'un type le conduit, que ce train matinal traverse les banlieues, qu'il roule, qu'il avance vers Paris. Tout est léger. Le boulanger rend la monnaie de façon charmante, et au café de la gare, le simple geste de prendre le journal sur le tourniquet des quotidiens apparait comme une chance dingue. Voilà, c'est ça: sortir du café, tenir d'une main un croissant ou un sac de chouquettes, de l'autre le journal, composter sa carte de transport, attendre le train sur le quai sombre et voir au loin ses phares (euh..ses phares?) approcher. Pouvoir avancer le pied, monter dans le train, trouver une place, s'asseoir, déplier le journal, le parcourir, le bonheur de faire ça parcourir le journal, et puis sortir peut-être de ma trousse avec des papillons dessus (Je ne vous ai jamais parlé de cette trousse? Mais c'est horrible, ça!) des trucs de maquillage et finir de me maquiller les yeux, tranquillement, en souriant largement à ceux - celles surtout - qui me regardent en biais avec réprobation. Bon je ne vous fais pas la suite, tout est comme ça, je ressens tout à l'extrême mais sans lourdeur, la moindre petite chose a une saveur exquise, puissante, complétement jouissive. Travailler est un plaisir.Tout est simple, gai, et léger.
Comme c'est sans raison particulière, j'imagine que c'est à un machin chimique dans le corps ou plutôt le cerveau, que je dois ça, ce sentiment indéfinissable, qui n'est pas de l'euphorie ou du bonheur mais plutôt une sensation de, oh et puis de je ne sais pas quoi, tiens !
22:54 | Lien permanent | Commentaires (9)