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17/01/2017

Le jeune Molière (très longtemps avant de créer et jouer Le bourgeois gentilhomme qui est sa 25ème pièce)

Molière_-_Nicolas_Mignard_(1658).jpgMolière jouant César dans "La mort de Pompée", de Corneille, peint par Nicolas Mignard

 

- Son père, comme Monsieur Jourdain, vendait des tissus et des tapisseries.

- Il a seulement 21 ans quand avec huit amis il fonde sa première troupe de théâtre, appellée "L'illustre théâtre" et dont fait partie Madeleine Béjart qui devient sa compagne. Puis l'Illustre théâtre fait faillite. 

- De 23 à 36 ans, pendant treize ans, c'est fou quand même, il parcourt toute la France avec la troupe itinérante de Charles Dufresne . Il est entre temps, à 28 ans, devenu le directeur de la troupe.

Et là, en-dessous ses déplacements:

 

Moliere_province.jpg

16/01/2017

Avant-hier soir à l'opéra de Versailles (3)

galerie.jpg
moi bénissant le Ciel (en fait, une des
innombrables statues dans la galerie qui mène au théâtre)

19h59: chut, ça commence !

Pas de rideau qui s'ouvre mais des rideaux clairs qui se tirent en scène sur des tringles comme les draps d'une lessive qui sécherait au milieu du décor, là, sous nos yeux. Celui d'un marchand de tissus, la boutique de Monsieur Jourdain, le bourgeois gentilhomme. Les rouleaux de tissus s'empilent, une grande table sert certainement pour les découper. Au fond, voilà sa maison, qui ressemble à un décor de Guignol, avec un étage comme un grenier sous les combles. C'est un très beau, très intelligent,  décor en bois sombre d'Eric Ruf, le directeur de la Comédie Française. On étend nos jambes à qui mieux mieux.

20h02: premières répliques entre le maître de ballet et le maître de musique. On re-étend nos jambes.

20h03: les musiciens de l'Ensemble La Révérence, sur scène, jouent Lully à ravir. S'ils faisaient des quiches, elles seraient divines.

20h04: c'est tout de suite drôle. En tant que ministres de la culture nous rigolons bien. Jack aime tellement le théââââtre!

20h10: "Hé bien, Messieurs? Qu'est-ce? Me ferez-vous voir votre petite drôlerie?": ça y est, Monsieur Jourdain vient d'entrer en scène !

20h30: nous sommes à Chambord le 14 octobre 1670, nous sommes le roi (surtout le Professeur), nous sommes la Cour (je suis la Cour). C'est la première. Et les quiches n'existent pas.

21h 03: on rit depuis une heure, on est éblouis, on oublie d'étendre nos jambes, on bénit Molière et ces jeunes acteurs tous formidables, énergiques, enthousiastes, Pascal Reneric est un bourgeois gentilhomme crédule et émerveillé, attendrissant, joué sans cruauté, postillonnant avec gaité, très "farce", et généreux, qui ne tire pas la couverture à lui. Il laisse Dorante être excellent et prendre ses aises et Nicole la servante tourbillonner, magnifique. Les extraordinaires danseuses contemporaines de Kaori Ito sont enchanteresses. Et les costumes de Christian Lacroix sublimes. (Oh le chapeau en cactus de Dorante !) N'en jetez plus ! C'est trop ! Heureusement que je ne vais pas aimer ensuite après l'entracte la scène des mamamouchis nains, sinon tout aurait été trop parfait !

22h (grosso modo, allez pas chipoter): entracte. Le Professeur dit: "Je vais te chercher une coupe de champagne acheter le DVD pour mes élèves" et disparait. Moi j'admire le plafond, les murs, j'imagine Persée joué ici pour le mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette le 16 mai 1770 le jour de l'inauguration: 3000 bougies éclairaient la salle ! Je suis Marie- Antoinette.

22h16: Louis XVI revient satisfait, son DVD sous le bras. J'étends les jambes. Il étend ses jambes.

23h 30: longs applaudissements frénétiques. Gratitude de la salle pour le texte, les acteurs, le lieu, ce bonheur.

23h 40: et sur qui on tombe en sortant ? La fiancée du Professeur ! Elle est enchantée elle aussi. Elle ajoute "Vous étiez très bien placés" ! Nous faisons un petit bout de chemin avec elle. Elle a remis sa toque (en vison je crois. J'ai envie de la toucher. La toque.)

23h 47: il fait noir, froid, nous nous retournons pour voir le château toujours illuminé. Si ça se trouve, des rois y mangent des quiches ?

23h 51: et notre carosse n'est même pas à la fourrière !

 

 

15/01/2017

Avant-hier soir à l'opéra de Versailles (2)

opera 3.png19h 40: " Euh...On s'est trompés. C'est une soirée privée ?" . Je vois en effet des hommes en costume et des femmes bien coiffées, genre électeurs de Fillon, boire des coupes de champagne au bout du couloir. Enfin, de la galerie."Mais non, c'est le foyer" me répond le Professeur de l'air averti de celui qui irait au théâtre toutes les semaines. Admettons. Mais il est bizarre ce foyer. D'ailleurs, en s'approchant des jeunes filles qui tendent des verres derrière une sorte de table, on voit une petite pancarte "tarifs" aux prix écrits en doré -Louis XIV oblige- et là c'est indéniable, à défaut de foyer c'est bien un bar, pas une soirée privée." Ouh, ça doit coûter les yeux de la tête" dit le Professeur. Je sens un regret dans sa voix. Il doit avoir faim. Je ne dis rien car si je dis "bah pas grave", je veux dire "pas grave le prix", il va se faire fort de dire quelque chose du genre " Hors de question de manger avec ces cons". (Monsieur Bienveillant)

19h 43: nous continuons notre avancée dans le couloir. Mais nous avons perdu depuis un moment la fiancée du Professeur. Elle a dû déposer sa toque au vestiaire.

19h 45: soudain le Professeur stoppe net. Je sens qu'il va me dire "On pourrait manger un petit quelque chose".

19h 46: "On pourrait manger un petit quelque chose?". Il l'a dit. On fait donc demi-tour.

 ...Et l'acquisition de deux énormes parts de quiche. Toutes les petites tables (en fait des espèces de hauts tabourets sans chaise, vous voyez ce que je veux dire?) sont prises. (Par les électeurs de Fillon). Je veux poser mon assiette en carton sur le socle d'une statue aux pieds de laquelle il serait parfait de couper cette quiche. Refus catégorique du Professeur. Je vous l'ai dit: il a des principes ! Des principes ridicules. Je vois pas moi, en quoi ce serait malséant de manger une quiche dans ce coin obscur derrière cette statue. Mais j'obtempère. Les psychorigides, il ne faut pas les contrarier, ils peuvent être TRES dangereux.

19h 47: nous voilà donc attablés debout, en train de cracher élégamment nos lardons de quiche -ils sont pas bons ces lardons- et de partager la minuscule table d'un couple atroce: lui en costume très bien coupé, l'air avantageux, cravate bordeaux, l'air riche, entre 35 et 40 ans, barbe de trois jours se voulant à la mode, assez petit, quelque chose d'indéfinissablement contrefait dans la mise, pérorant comme une caricature devant une jeune fille toute blonde et fluette, ravissante et l'air extrêmement cruche, qui doit avoir vingt cinq ans à tout casser,  et qui aquiesce à tout ce qu'il dit avec un air un peu intimidé.  J'ai un problème: ça me dégoûte qu'il puisse lui faire l'amour. La bouche pleine de quiche je ne peux pas les quitter des yeux. Il a quelque chose d'obscène.Et puis on les touche presque, mais c'est comme s'ils ne nous voyaient pas. Vous savez: ces gens pour qui les autres sont transparents.

19h51: soudain, branle-bas de combat, c'est l'heure, tout le monde se dirige vers le théâtre. On est quand même pas là pour manger des quiches (dégueulasses), bordel ! Ni pour faire l'amour en mangeant des quiches. Manquerait plus que ça tiens. Bonjour la décadence.

19h52: le Professeur tend nos billets à une jeune beauté (oui, tout s'est très bien passé quand on les a retirés, aucune anicroche,c'est très bizarre, je dirais si j'osais que c'est presque inquiétant) qui nous accompagne...wow... vers le parterre ! Je suis tellement contente car nous ne savions pas du tout où nous serions placés. Génial. Rapport à mes lunettes cassées. On va être tout près. Je vais VOIR!

19h 53: de plus en plus incroyable, l'ouvreuse, très jeune fille de bonne famille (mais en très mini-jupe noire qui découvre des jambes exquises) nous accompagne au premier rang. Oh ! Et encore plus incroyable, elle nous place juste au milieu du premier rang. Comme des ministres de la culture le soir des César dis donc ! Appelez-nous Jack et Monique Lang.

19h54: la salle est magnifique. Avec le Professeur on a un sentiment d'imposture.On pense qu'on va venir nous chercher, c'est pas possible. Au premier rang et au milieu ! On est fous de joie. On peut étendre nos jambes; On n'a aucune tête devant nous. Sur la scène il y a un clavecin du même bleu délicieusement éteint que celui de la salle. Nous sommes heureux.

(à suivre...)