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15/01/2017

Avant-hier soir à l'opéra de Versailles (2)

opera 3.png19h 40: " Euh...On s'est trompés. C'est une soirée privée ?" . Je vois en effet des hommes en costume et des femmes bien coiffées, genre électeurs de Fillon, boire des coupes de champagne au bout du couloir. Enfin, de la galerie."Mais non, c'est le foyer" me répond le Professeur de l'air averti de celui qui irait au théâtre toutes les semaines. Admettons. Mais il est bizarre ce foyer. D'ailleurs, en s'approchant des jeunes filles qui tendent des verres derrière une sorte de table, on voit une petite pancarte "tarifs" aux prix écrits en doré -Louis XIV oblige- et là c'est indéniable, à défaut de foyer c'est bien un bar, pas une soirée privée." Ouh, ça doit coûter les yeux de la tête" dit le Professeur. Je sens un regret dans sa voix. Il doit avoir faim. Je ne dis rien car si je dis "bah pas grave", je veux dire "pas grave le prix", il va se faire fort de dire quelque chose du genre " Hors de question de manger avec ces cons". (Monsieur Bienveillant)

19h 43: nous continuons notre avancée dans le couloir. Mais nous avons perdu depuis un moment la fiancée du Professeur. Elle a dû déposer sa toque au vestiaire.

19h 45: soudain le Professeur stoppe net. Je sens qu'il va me dire "On pourrait manger un petit quelque chose".

19h 46: "On pourrait manger un petit quelque chose?". Il l'a dit. On fait donc demi-tour.

 ...Et l'acquisition de deux énormes parts de quiche. Toutes les petites tables (en fait des espèces de hauts tabourets sans chaise, vous voyez ce que je veux dire?) sont prises. (Par les électeurs de Fillon). Je veux poser mon assiette en carton sur le socle d'une statue aux pieds de laquelle il serait parfait de couper cette quiche. Refus catégorique du Professeur. Je vous l'ai dit: il a des principes ! Des principes ridicules. Je vois pas moi, en quoi ce serait malséant de manger une quiche dans ce coin obscur derrière cette statue. Mais j'obtempère. Les psychorigides, il ne faut pas les contrarier, ils peuvent être TRES dangereux.

19h 47: nous voilà donc attablés debout, en train de cracher élégamment nos lardons de quiche -ils sont pas bons ces lardons- et de partager la minuscule table d'un couple atroce: lui en costume très bien coupé, l'air avantageux, cravate bordeaux, l'air riche, entre 35 et 40 ans, barbe de trois jours se voulant à la mode, assez petit, quelque chose d'indéfinissablement contrefait dans la mise, pérorant comme une caricature devant une jeune fille toute blonde et fluette, ravissante et l'air extrêmement cruche, qui doit avoir vingt cinq ans à tout casser,  et qui aquiesce à tout ce qu'il dit avec un air un peu intimidé.  J'ai un problème: ça me dégoûte qu'il puisse lui faire l'amour. La bouche pleine de quiche je ne peux pas les quitter des yeux. Il a quelque chose d'obscène.Et puis on les touche presque, mais c'est comme s'ils ne nous voyaient pas. Vous savez: ces gens pour qui les autres sont transparents.

19h51: soudain, branle-bas de combat, c'est l'heure, tout le monde se dirige vers le théâtre. On est quand même pas là pour manger des quiches (dégueulasses), bordel ! Ni pour faire l'amour en mangeant des quiches. Manquerait plus que ça tiens. Bonjour la décadence.

19h52: le Professeur tend nos billets à une jeune beauté (oui, tout s'est très bien passé quand on les a retirés, aucune anicroche,c'est très bizarre, je dirais si j'osais que c'est presque inquiétant) qui nous accompagne...wow... vers le parterre ! Je suis tellement contente car nous ne savions pas du tout où nous serions placés. Génial. Rapport à mes lunettes cassées. On va être tout près. Je vais VOIR!

19h 53: de plus en plus incroyable, l'ouvreuse, très jeune fille de bonne famille (mais en très mini-jupe noire qui découvre des jambes exquises) nous accompagne au premier rang. Oh ! Et encore plus incroyable, elle nous place juste au milieu du premier rang. Comme des ministres de la culture le soir des César dis donc ! Appelez-nous Jack et Monique Lang.

19h54: la salle est magnifique. Avec le Professeur on a un sentiment d'imposture.On pense qu'on va venir nous chercher, c'est pas possible. Au premier rang et au milieu ! On est fous de joie. On peut étendre nos jambes; On n'a aucune tête devant nous. Sur la scène il y a un clavecin du même bleu délicieusement éteint que celui de la salle. Nous sommes heureux.

(à suivre...)

 

Commentaires

Alors !!! La suite ...Vite...Vite...

Écrit par : jos | 15/01/2017

La suite de ce joli roman on l'attend de pied ferme, tu nous laisse en attente...
Tu rediges merveilleusement...

Écrit par : jos | 16/01/2017

Somptueux cadeau de Noël.que le père Noël vous à offert..

Écrit par : jos | 16/01/2017

La suite, la suite, la suite..

Bon, c'est certain, si un jour je vais à l'opéra à Versailles, je ne mangerai pas de quiche.

Écrit par : Julie | 16/01/2017

Tu m'inquiéte quelque peu...... c'est qui, la fiancée du professeur ?

Écrit par : Julie | 16/01/2017

C'est moi... enfin non, c'est la petite vieille toquée.

Écrit par : la Mère Castor | 16/01/2017

C'est comme si j'y étais, le premier rang, les jambes étendues... Le bonheur, pourvu que la suite soit du même jus (hors la quiche dégueu).

Écrit par : la Mère Castor | 16/01/2017

J'adore cette soirée ! Et je suis épatée que tu connaisses le prénom de la femme de J. Lang.

Écrit par : sabine | 16/01/2017

Les commentaires sont fermés.