UA-122527695-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/05/2015

L'histoire tragique de Polype, prince de Lutérusse, par lui-même

uzz.jpg

 

 

 

 

 

 

Je vivais tranquillement en mon royaume, Lutérusse. Mon père, Lekol (de Lutérusse) régnait avec ma mère Ô (ont vous connaissez sûrement l'histoire), et ma tante Vère habitait aussi le château. Une famille heureuse, un papa une maman. J'apprenais le grec, le latin, l'escrime, et les bonnes manières. Une éducation parfaite. Dans mon royaume capitonné je grandissais, heureux, même si parfois mes songes étaient obscurcis de cauchemars. Ma tante Vère en était je crois la cause. Elle aimait à me raconter qu'autrefois, jadis, il y a bien longtemps, deux monstres avaient envahi notre royaume, d'abord un garçon que mon père réussit à chasser au bout de huit mois Vlad l'empaleur, puis 5 ans plus tard,  une fille qui s'incrusta neuf longs mois chez nous, une horreur, deux horreurs. Ma tante avait beau me rassurer en me disant que ça n'arriverait plus, que c'était désormais impossible, je n'étais pas complétement tranquille. La preuve j'étais un peu dislexique. Néanmoins je grandissais et je grossissais en silence.

Un soir ma vie bascula. Notre royaume fut échographié, et je fus démasqué. Big brother is watching you. On parla soudain de moi.  Je reçus ensuite la visite d' une sorcière, une certaine Hystérosse Kopi, qui portait bien son nom, avec une caméra, plus folle que Maïwen, si, si, ça existe.Je fus mesuré. Deux centimètres. Et jugé nuisible, sans que je puisse me défendre, appeler à l'aide la Halde, 50 millions de consommateurs ou le Prince de Monaco mon ami.  Ah on les voit les socialistes au pouvoir. C'est pas joli joli.

Et puis avant-hier je fus expulsé comme le dernier des sans-papiers. Recueilli dans un bocal j'attends parait-il d'être analysé. Analysé! Pff. ll n'est pas né celui qui m'allongera sur un divan. Des charlatans. Alors j'écris. Je vais ouvrir un blog je crois. J'ai le nom. "Polype qui passe". Le dites pas à papa et maman. Je veux pas qu'ils tombent dessus. Merci.

Les mystères de l'univers: bon alors, pourquoi cette année les coquelicots se laissent cueillir sans tout de suite perdre leurs pétales ? (je sais je ressasse!)

IMG_3299.jpgphoto: Louise

Polype et la grande Duchesse (3 et fin)

uriii.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il se trouve que la grande duchesse a une fille, Petite Duchesse. Petite Duchesse apparait à l'hôpital vers 13h30, avec une gerbe de fleurs, comme si la grande duchesse était Lollobrigida descendant du premier vol Paris-New York. La petite duchesse est exquise (elle a sa licence "Attentions charmantes" et une autre "Chambre en bordel" mention très bien), et un sac de petits beignets. Sur les fleurs la grande duchesse s'extasie, les beignets elle se jette dessus.( "Mange, tu ne sais pas qui te mangera" est sa devise). La petite duchesse demande souvent "ça va? t'es sûre?". Moui dit sa mère si heureuse de la présence de son exceptionnelle fille qui n'a pas de piercing (la grande duchesse fait une fixation sur les piercing. Si la petite duchesse est pénible -ce qui peut arriver, elle prétend même que "c'est son charme" et là, la grande duchesse l'étranglerait- la grande duchesse se console toujours en pensant "oui mais elle n'a pas de piercing" (c'est sa phrase doudou. Pour son fils, elle en a une autre: "Oui mais il traîne pas dans les villes avec un chien et les cheveux verts". Vous remarquerez que la phrase pour le fils est un peu plus intense, mais que, finalement, la thématique "mes enfants ne sont pas punk-quel miracle-merci mon dieu- je l'aurais mérité pourtant" est la même. Pauvre grande duchesse, c'est certain,  elle n'a pas toute sa tête).

"Tu as quand même des cernes noirs" dit la petite duchesse. "Fais voir, t'as une glace?" demande la grande duchesse. C'est sur ces entrefaites que, l'infirmière ayant débranché la perfusion, le repas est servi.Une délicieuse et copieuse paëlla. Le plat préféré de la petite duchesse ! Dingue, la vie. Elles se régalent toutes les deux tout en s'envoyant des compliments "Quand même, nous on aime tout, on est pas râleuses, les gens se plaignent tout le temps de la bouffe à l'hôpital, mais franchement c'est trop bon". En plus après, il y a une petite mousse au chocolat.

Manger a épuisé la grande duchesse qui repiquerait bien un petit somme.De toutes façons la sortie n'est prévue qu'à 18 heures quand l'anesthésiste et le chirurgien seront passés. La petite duchesse s'éclipse, elle va voir sa grand mère qui habite tout près lui apporter un petit pot de beurre et une galette.  Certes la  grande duchesse est contente que l'opération soit passée, mais elle s"inquiète pour le polype. La gynécologue - qui n'est pas le chirurgien, essayez de suivre quand même- lui avait dit "C'est très probablement un début de cancer de l'utérus". Puis l y a un mois,  la première intervention à l'hôpital avait montré un polype et le chirurgien avait dit "si ça se trouve c'est juste un polype bénin..." "Mais un gros, hein, 2 cms " avait-il ajouté pour faire quand même bonne mesure.Et dégoûter tout le monde.  Puis, se disant "faut quand même être clair" il avait re-rajouté "Ce qui n'empêche pas d'avoir aussi  une displasie de l'endomètre". (c'est le nom chic pour cancer de l'utérus)." Mais on verra ça le 27" avait-il conclu en tournant les talons. "Alors je saurai le 27 ?" avait demandé implorante la duchesse avec le ton d'une femme menée en bateau qui demande "Bon alors chéri,  tu me diras à la rentrée si c'est moi que tu aimes ou elle?".

"Chaque chose en son temps" avait répondu le chirurgien. "Le 27 j'enlève, ça sera analysé et on verra les résultats" puis soudain humain: "Mais j'aurai déjà une petite idée". (Monsieur est trop bon, il aura sa petite idée. Mais livrera-t-il sa petite idée? La grande duchesse se garde de lui demander, elle a peur de l'énerver).

Quand il arrive, elle ne le reconnait pas. Quoi, c'est lui? Mais il était beaucoup plus grand ! Non, bon, c'est lui. Très romantique: "Alors j'ai raclé un peu l'endomètre et patati et patata". La grande duchesse n'écoute pas, elle est concentrée sur sa question "Et euh vous en pensez quoi?" Il sourit gentiment. (A cet instant la duchesse veut l'épouser). "Je crois que d'après ce que j'ai vu, c'est encourageant". Ah! "De toute façon je vous vois en consultation le 29 juin" . Et il se barre.

Elle demande à l'infirmière si le soupçon qu'elle a soudain - ne pas avoir les résultats de l'analyse avant le 29 juin- est fondé. L'infirmière confirme. Bon ben youpi, alors  attendons le 29 juin. (Quelle sagesse, cette duchesse)." Vous allez faire quelques pas pour voir si tout va bien?" demande l'infirmière. La duchesse, abattue "Bah..." "Et vous allez aussi uriner s'il vous plait" demande-t-elle. "Mais je n'ai aucune envie d'uriner" grommelle la duchesse, complètement de mauvaise foi. "Et c'est normal que je saigne autant?" s'enquiert-elle, genre sapristi parlons des choses sérieuses. "Oui oui pendant quelques jours". "Voilà qui me rajeunit de dix ans" dit la duchesse. Mais, même avec les infirmières la ménopause est un sujet tabou. Pffff... La duchesse qui se sent incomprise, encore faible sur ses jambes et aurait envie de faire pipi mais pas d'uriner, exaspère l'infirmière, qui sort.

La duchesse attrape la dame de Montsoreau et lui dit "Raboule, toi, je vais te lire un peu, le temps que le potage disparaisse complètement." Mais les deux dames à côté, opérées en même temps, se sont rhabillées, la duchesse se sent conne. En un tour de main la voilà habillée, elle sort au bout du couloir d'un pas décidé et se présente au secrétariat. "Déjà !" s'exclame l'infirmière. "Oui, ça y est, ça va" dit la duchesse avec sa voix la plus ferme, une vraie voix de duchesse.

Et quelques rapides formalités plus tard, la voilà dehors au soleil, remerciant le bon Dieu.

Et avec une forte envie d'uriner.

Fin