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19/12/2012

Là ou là?

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Hier soir le sapin est arrivé. Il a frappé à la porte. Il n'y a pas de sonnette chez nous. Nous sommes restés très simples. "Salut" , "Salut". "Vous connaissez le chemin" j'ai dit. Il a penché la cime pour acquiescer, il est entré, je me suis dépêchée de fermer la porte pour qu'Absinthe n'essaie pas de fuir aussitôt comme chaque fois que la porte est ouverte tel un chat battu, il a traversé le couloir, ce qui dure une seconde et demi, il a tourné à gauche avec l'économie de gestes d'un docteur de garde qui débarque dans la nuit, il est entré dans le salon, il a demandé "bon, là ou là?". Louise regardait à la télévision quelque chose d'innénarable (je ne sais pas où mettre les "n"), des marseillais à Miami, quelque chose d'un intellectualisme que vous ne pouvez même pas imaginer dans vos têves les plus fous, elle a à peine levé les yeux. Absinthe, elle,  regardait le sapin comme si des souris allaient en sortir par milliers. L'homme que j'esclavagise préparait le repas (= faisait réchauffer une brique de soupe knor). J'ai dit :" là", là n'étant pas là où d'habitude le sapin est. Là, étant devant la fenêtre du balcon. A gauche plutôt qu'à droite. (il faut bien que quelque chose soit à gauche dans ce pays) Alors j'ai crié "Chériiiiiiiiii tu peux me descendre les décorations?". Chéri est sorti de la cuisine et m'a apporté le sac en plastique des décorations qui est en haut d'un placard que si je monte sur une chaise pour l'attraper, il se peut que je me casse le col du fémur et aussi j'ai la flemme. Il m'a embrassée dans le cou avant de repartir dans la cuisine. Louise que ça dégoûte les gens qui s'embrassent au-dessus de 23 ans, a dit "chut" et a monté le son des marseillais. Quel attendrissant tableau de famille. J'ai alors sans me presser disposé les boules dans le sapin et les petits sujets. De temps en temps, le sapin se tortillait, il disait que les boules et les sujets le chatouillaient. Chose vraisemblable. Moi aussi ça me chatouillerait si on m'accrochait des petits sujets. Pendant ces cinq minutes, à tout casser, tous les Noëls passés me sont revenus au coeur, je n'en étais pas étonnée, ça me fait ça chaque année, j'ai eu envie de pleurer. Louise a alors relevé sa jolie tête et a dit" Il est petit mais il est mignon" avec un air soudain joyeux. Jingle bells, jingle bells!  Absinthe est venue taper dans quelques boules avec sa petite patte blanche et noire. Ensuite Louise a fermé la télé. On s'est mis à table. J'ai toussé (vous savez que depuis six jours je ne suis pas sortie, que j'ai une bronchite affreuse, que je suis très malheureuse?). Louise m'a dit alors  sévèrement "Maman, c'est dégueulasse, crache pas dans ta soupe".

Eh bien sans rire, elle a raison: cracher dans la soupe je trouve ça dégueulasse, j'espère que je ne le fais pas trop souvent. Au figuré, s'entend.

 

 

 

"Je ne ferai pas se pousser l'enfant et je ne me déplacerai pas, chut"

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Evert Pieters (1856-1932)

 

 

Le plaisir complètement physique d'être avec les petits enfants, de leurs joues, de leurs profils, de leurs regards levés, de leur "sagesse" ici, de leurs petits corps tout lisses, tout doux avec leur peau élastique, rebondie, c'est ce que je ressens en premier, cette douceur, cette paix dans ce tableau mas pas du tout désincarnée , les petits enfants et la mère ou la grande soeur mais je ne crois pas, ou une tante, protégés entre les braises du feu, -et un peu plus d'ailleurs que des braises, la soupe cuit (ça m'étonnerait que ça soit des sushis)- et la lumière du jour entre par la fenêtre. Oh la nuque féminine pleine de soleil qui attire les baisers. Et puis ensuite, on voit que le livre est au centre.

Bien sûr je vois l'humidité sur les murs, je vois le sol en terre battue, j'entends les enfants un jour ou l'autre tousser, être malades et seuls les plus forts résister, les autres mourir, et je sens la nuit immense sans électricité et cette fragilité. Mais là c'est la lumière et la paix, le rouille, le vert, et le mauve des habits, et puis ce génie du peintre qui n'a pas laissé voir entier le visage du petit enfant de droite avec un fichu sur la tête, l'enfant qui est assis le plus bas: comme pour dire "je peins ce que je vois, je ne ferai pas se pousser l'enfant, je ne le dérangerai pas, je ne me décalerai pas non plus pour peindre tous les visages, pour tout posséder, non, je reste à distance, je ne vais pas m'emparer d'eux, chut, ne bougez pas, regardez cette simplicité, cette sagesse, cette beauté et ne faites pas de bruit. Heureux les petits enfants car le royaume des cieux est à eux."

Un pas de plus et nous devenons ogres.

 

 

 

 

18/12/2012

Drew Dernavitch

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