UA-122527695-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/12/2012

Un peintre norvégien dans la neige

Fritz Thaulow

frits-thaulow.jpg

Perdues

Ce qu'il y avait de beau et de précieux aujourd'hui qui était le jour de Noël, c'est cela: nous nous sommes perdues avec maman.Il était 17h30, il faisait nuit. Quittant C. où vit ma soeur et où nous avons déjeuné pour Noël, nous étions sur un genre d'autoroute amenant vers La Défense, c'est un chemin connu par coeur pour rentrer de chez elle.

Soudain je m'en aperçois et je crie: "Arrrr, j'ai oublié mon sac là-bas" (avec dedans mes clefs, mes papiers, enfin bon, tout ça, et je répète bêtement "ça ne m'arrive jamais"; mais le fait est là: ça m'était arrivé.). Il faut faire demi-tour. Maman ne dit rien, prend une espèce de bretelle d'autoroute pour rebrousser chemin. Les lumières s'éteignent. Nous voilà vite dans le noir et vite perdues. Pas de panneaux indicateurs, des rues très étroites, la Seine, pas âme qui vive, et comme mes lunettes sont dans mon sac je ne vois rien, mais rien.

Je dis "ça doit être vers la droite". J'en mettrais alors ma main au feu. Mais Maman impassible tourne à gauche et je la trouve insensée. Je ne dis rien mais je suis furieuse, on va encore plus se perdre, elle perd la tête. C'est forcément à droite qu'il faut aller. On est perdues.On ne sait pas où on est.

Et puis elle a raison: on revient peu à peu à la civilisation et un quart d'heure plus tard on a retrouvé l'autoroute. Je vais chercher mon sac. Mon beau-frère rigole "et n'oublie pas ta tête".

Nous nous sommes perdues et ma mère avait raison et je me trompais.

25/12/2012

Solitude

602499_342957459136321_1990047512_n.jpg

Une lettre de Malraux le 3 mai 1971 (à Mr Jean-Claude Andro):

" Cher Monsieur,

Je crois comprendre ce que vous dites de la solitude---mais il n'y a malheureusement pas de réponse. L'audience est une loterie: Tolstoï gagne très tôt, Dostoïevski, lorsqu'il va mourir. Ecrire, c'est écrire seul, dans la solitude comme dans l'illusion du contraire. Si vous liez votre talent à votre audience immédiate, vous deviendrez enragé. Alexandre Dumas, comblé, mais pas si bête, a dit à Victor Hugo:" Nous rencontrons tous la solitude; au début, au milieu, à la fin, ou après. Mais si nous n'écrivions pas?"

Personne n'aide personne sur l'essentiel. Pourtant il est parfois bon de savoir que l'on n'est un écrivain (quoi qu'il en semble) que contre tout; et qu'un écrivain qui s'exprime n'est jamais si seul qu'il le croit".

 

 

 je lis ça dans "Lettres choisies 1920-1976" de Malraux qui vient de paraïtre chez Gallimard.