22/08/2015
Louis Poirier (alias Julien Gracq) à Roscoff
Roscoff vers le 15 août cette année
"Ce qui ne paraît jamais dans les Amours jaunes de Corbière, que j'aime tant, c'est la douceur particulière à Roscoff; rarement l'heure rurale du dîner sur les plages évacuées, alors que le soleil brille encore assez haut dans le ciel, m'a paru aussi délicieuse, aussi intime pour le promeneur attardé, aussi tendre de couleur et de silence, entre le ciel qui jaunit au ras de l’horizon et la couleur déjà bleu ardoise de la mer.
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Et tendres aussi, au long de ses sentiers, l'herbe et les buissons de mer d'un vert éteint, pelucheux comme la coque de l'amande. J'y marchais le soir au long de l'étroit pré de mer décoloré, entre le vert bleu de la mer, cotonné de blanc à tous les beaux écueils de la côte, et la verdure frisée, ciselée, délicate comme l'acanthe, des champs d'artichauts. Le soir était si calme, dans la fin de saison d'une station alors à peine fréquentée, que j'entendais chaque fois, où que je fusse, sonner l'angélus à la jolie et basse église où la Bretagne, un instant, s'italianise. Je longeais le figuier géant, les épaisses maisons de granit de la place, maisons de notaires, chagrines et cossues, sises entre jardin et mer, dont les vagues, par derrière, venaient battre à marée haute la porte de service. Je ne passais jamais devant le modeste et attirant laboratoire de biologie marine sans songer avec jalousie que les naturalistes de l'Ecole Normale, où j'étais alors, avaient la possibilité de se faire détacher pour une année dans cette grotte bleue; il me semblait qu'affecté là, captif une fois pour toutes de cette mer à sirènes, j'aurais pour toujours planté ma tente entre aquarium et artichauts." |
22:21 | Lien permanent | Commentaires (4)
Alassio
Villa de la pergola (photo site du figaro)
S'il y a un endroit où j'aimerais aller, c'est là, à Alassio, sur la Riviéra, à 80 kms de la frontière française, entre Nice et Gênes, pour voir ce jardin sauvé des promoteurs immobiliers et où vivent 350 variétés d'agapanthes, des rosiers, des glycines, des pensées, des cactus, des palmiers et des bougainvillées. Je viens de lire ça sur le site du figaro.
07:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/08/2015
Et Bohémond de Tarente? (un autre valeureux croisé; qui cherche ici ce qu'il va pouvoir faire à manger ce soir)
La princesse byzantine Anne Comnène l'a décrit comme ça dans l'Alexiade, une biographie de son père l'empereur Alexis 1er.
« (Bohémond de Tarente) dépassait les plus grands d’une coudée ; il était mince du ventre, large des épaules et de la poitrine ; il n’était ni maigre ni gras. Il avait les bras vigoureux, les mains charnues et un peu grandes. À y faire attention, on s’apercevait qu’il était tant soit peu courbé. Il avait la peau très blanche, et ses cheveux tiraient sur le blond ; ils ne passaient pas les oreilles, au lieu de flotter, comme ceux des autres barbares. Je ne puis dire de quelle couleur était sa barbe ; ses joues et son menton étaient rasés ; je crois pourtant qu’elle était rousse. Son œil, d’un bleu tirant sur le vert de mer, laissait entrevoir sa bravoure et sa violence. Ses larges narines aspiraient l’air librement, au gré du cœur ardent qui battait dans cette vaste poitrine. Il y avait de l’agrément dans cette figure, mais l’agrément était détruit par la terreur. Cette taille, ce regard, il y avait en tout cela quelque chose qui n’était point aimable, et qui même ne semblait pas de l’homme. Son sourire me semblait plutôt comme un frémissement de menace… Il n’était qu’artifice et ruse ; son langage était précis, ses réponses ne donnaient aucune prise. »
Wow !
13:51 | Lien permanent | Commentaires (2)