04/10/2013
" Le bouquet de marguerites"
Jean-François Millet (au musée d'Orsay) vers 1871
Vous avez vu la jeune fille derrière?
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Une lettre de Pierre Claver (né en 1580, canonisé 300 ans plus tard)
Des marguerites à Giverny, il y a un mois
"Hier, 30 mai 1627, jour de la Sainte Trinité, débarquèrent d'un énorme navire un très grand nombre de Noirs enlevés des bords de l'Afrique. Nous sommes accourus portant dans deux corbeilles des oranges, des citrons, des gâteaux et je ne sais quoi d'autre encore. Nous sommes entrés dans leurs cases. Nous avions l'impression de pénétrer dans une nouvelle Guinée ! Il nous fallut faire notre chemin à travers les groupes pour arriver jusqu'aux malades. Le nombre de ceux-ci était considérable ; ils étaient étendus sur un sol humide et boueux, bien qu'on eût pensé, pour limiter l'humidité, à dresser un remblai en y mêlant des morceaux de tuiles et de briques ; tel était le lit sur lequel ils gisaient, lit d'autant plus incommode qu'ils étaient nus, sans la protection d'aucun vêtement.
Aussi, après avoir enlevé notre manteau, avons-nous pris tout ce qu'il fallait pour assembler des planches ; nous en avons recouvert un endroit où nous avons ensuite transporté les malades en passant à travers la foule. Puis nous les avons répartis en deux groupes : mon compagnon s'occupa de l'un d'eux avec l'aide d'un interprète, et moi-même du second. Il y avait là deux Noirs, plus morts que vivants et déjà froids, dont il était difficile de trouver le pouls. Nous avons mis des braises sur des tuiles et avons placé celles-ci au centre, près des moribonds ; puis nous avons jeté sur ce feu des parfums contenus dans deux bourses que nous avons entièrement vidées. Après quoi, avec nos manteaux (ils n'avaient en effet rien de ce genre et c'est en vain que nous en avions demandé à leurs maîtres), nous leur avons donné la possibilité de se réchauffer : ils parurent, grâce à cela, retrouver chaleur et respiration ; il fallait voir avec quelle joie dans les yeux ils nous regardaient ! C'est ainsi que nous nous sommes adressés à eux, non par des paroles, mais avec nos mains et notre aide ; et comme ils étaient persuadés qu'on les avait amenés ici pour les manger, tout autre discours aurait été complètement inutile. Nous nous sommes assis ou mis à genoux auprès d'eux, nous avons lavé avec du vin leur figure et leur corps, faisant tout pour les égayer et leur montrant tout ce qui peut mettre en joie le cour des malades.
Plus tard, nous nous sommes mis à leur expliquer le catéchisme du baptême, leur disant quels étaient les effets admirables du baptême aussi bien pour le corps que pour l'âme. Quand ils nous parurent, à travers leurs réponses à nos questions, avoir suffisamment compris tout ceci, nous sommes passés à un enseignement plus approfondi, c'est-à-dire à leur parler d'un seul Dieu qui donne récompenses et châtiments selon ce que chacun mérite, etc. Nous leur avons demandé de dire leur contrition et de manifester combien ils détestaient les péchés qu'ils avaient commis. Lorsque, enfin, ils nous ont paru suffisamment prêts, nous leur avons expliqué les mystères de la Trinité, de l'Incarnation et de la Passion ; nous leur avons montré une image du Christ, fixé sur une croix où l'on voyait, des blessures du Christ, couler des ruisseaux de sang sur les fonts baptismaux ; nous leur avons fait dire avec nous, dans leur langue, un acte de contrition."
08:51 | Lien permanent | Commentaires (5)
01/10/2013
L'école fondée par François Sureau, l'auteur du magnifique "Chemin de morts" , septembre 2013, 7 euros 50, Gallimard
"L'Association Pierre Claver propose aux demandeurs d'asile une école, durant le temps où ils attendent leur titre de séjour en France. Une fois qu'ils l'ont obtenu , ainsi que l'autorisation de travailler en France, Pierre Claver se propose, si ils ont atteint un niveau de langue suffisant, de les accompagner et surtout de les encourager à choisir une formation ou un métier adapté à leurs compétences et à leurs désirs. Pour cela, l'Association Pierre Claver a noué des liens avec divers partenaires institutionnels.
L’école Pierre Claver est située en plein cœur de Paris, à deux pas de l’Assemblée Nationale. Elle se veut avant tout un lieu où il est agréable de se rendre, pour les élèves comme pour les enseignants.
De petite taille, l’école ne peut accueillir que 120 élèves par session de six mois. Cela permet et exige un véritable esprit de famille. Cet esprit de famille y est si fort qu’il n’est pas rare de voir d’anciens élèves revenir à l’école régulièrement. Et une des plus grandes fiertés de Pierre Claver est de compter parmi ses enseignants et ses cadres d’anciens élèves, qui rendent service à leur tour.
En s’inscrivant à Pierre Claver, les élèves s’engagent à respecter les règles de l’établissement : une assiduité sans faille dans la participation aux cours et uns attitude de respect et d’amitié irréprochable envers leurs camarades et leurs enseignants.
Inscrits à Pierre Claver, tous sont les bienvenus à l’école, tout le temps : pour y apprendre le français, pour prendre part aux séances de culture générale, de dessin ou de théâtre, pour y rencontrer leurs amis, pour prendre part aux événement sportifs, culturels, aux voyages, pour y consulter Internet , mais aussi pour y chercher de l’aide dans le cas d’éventuels problèmes administratifs, pour une aide juridique des avocats membres de l’Association Pierre Claver, laquelle est exclusivement réservée aux élèves de l’école.
La politique de Pierre Claver est cohérente. Toutes les ressources de l’Association sont au service de tous ceux qui témoignent d’un réel désir d’intégration en France. C’est une école où il est question d’apprendre : apprendre la langue et la culture du pays où l’on a choisi de vivre, c’est à dire apprendre à y vivre."
(site de l'école Pierre Claver)
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