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04/10/2013

Une lettre de Pierre Claver (né en 1580, canonisé 300 ans plus tard)

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Des marguerites à Giverny, il y a un mois


"Hier, 30 mai 1627, jour de la Sainte Trinité, débarquèrent d'un énorme navire un très grand nombre de Noirs enlevés des bords de l'Afrique. Nous sommes accourus portant dans deux corbeilles des oranges, des citrons, des gâteaux et je ne sais quoi d'autre encore. Nous sommes entrés dans leurs cases. Nous avions l'impression de pénétrer dans une nouvelle Guinée ! Il nous fallut faire notre chemin à travers les groupes pour arriver jusqu'aux malades. Le nombre de ceux-ci était considérable ; ils étaient étendus sur un sol humide et boueux, bien qu'on eût pensé, pour limiter l'humidité, à dresser un remblai en y mêlant des morceaux de tuiles et de briques ; tel était le lit sur lequel ils gisaient, lit d'autant plus incommode qu'ils étaient nus, sans la protection d'aucun vêtement.

 

Aussi, après avoir enlevé notre manteau, avons-nous pris tout ce qu'il fallait pour assembler des planches ; nous en avons recouvert un endroit où nous avons ensuite transporté les malades en passant à travers la foule. Puis nous les avons répartis en deux groupes : mon compagnon s'occupa de l'un d'eux avec l'aide d'un interprète, et moi-même du second. Il y avait là deux Noirs, plus morts que vivants et déjà froids, dont il était difficile de trouver le pouls. Nous avons mis des braises sur des tuiles et avons placé celles-ci au centre, près des moribonds ; puis nous avons jeté sur ce feu des parfums contenus dans deux bourses que nous avons entièrement vidées. Après quoi, avec nos manteaux (ils n'avaient en effet rien de ce genre et c'est en vain que nous en avions demandé à leurs maîtres), nous leur avons donné la possibilité de se réchauffer : ils parurent, grâce à cela, retrouver chaleur et respiration ; il fallait voir avec quelle joie dans les yeux ils nous regardaient ! C'est ainsi que nous nous sommes adressés à eux, non par des paroles, mais avec nos mains et notre aide ; et comme ils étaient persuadés qu'on les avait amenés ici pour les manger, tout autre discours aurait été complètement inutile. Nous nous sommes assis ou mis à genoux auprès d'eux, nous avons lavé avec du vin leur figure et leur corps, faisant tout pour les égayer et leur montrant tout ce qui peut mettre en joie le cour des malades.

 

Plus tard, nous nous sommes mis à leur expliquer le catéchisme du baptême, leur disant quels étaient les effets admirables du baptême aussi bien pour le corps que pour l'âme. Quand ils nous parurent, à travers leurs réponses à nos questions, avoir suffisamment compris tout ceci, nous sommes passés à un enseignement plus approfondi, c'est-à-dire à leur parler d'un seul Dieu qui donne récompenses et châtiments selon ce que chacun mérite, etc. Nous leur avons demandé de dire leur contrition et de manifester combien ils détestaient les péchés qu'ils avaient commis. Lorsque, enfin, ils nous ont paru suffisamment prêts, nous leur avons expliqué les mystères de la Trinité, de l'Incarnation et de la Passion ; nous leur avons montré une image du Christ, fixé sur une croix où l'on voyait, des blessures du Christ, couler des ruisseaux de sang sur les fonts baptismaux ; nous leur avons fait dire avec nous, dans leur langue, un acte de contrition."

 

Commentaires

Ce pourrait être un récit de Saint Vincent de Paul , mais je crois qu'il est né plus tard...De qui est ce récit abominable mais vrai, dur à imaginer dans la quiétude de nos maisons ! C'est en lisant ces affreuses choses du passé qu'on apprécie le présent...et la chance d'êre nés en France...J'ai déjà lu aurefois beaucoupo de livres sur ce sujet, dont :RACINES d'Alex Halley mais il y a longtemps....Bonjour à toutes et tous M.L.

Écrit par : meregrand | 04/10/2013

Chère Mèregrand, c'est une lettre de Pierre Claver, un jésuite extraordinaire (Mèregrand,c'est dans le titre!)

Écrit par : Sophie | 04/10/2013

Les pauvres gens morts dans la mer en Italie n'ont pas rencontré une âme charitable sur leur chemin. Les choses ont-elles changé depuis cette époque ?

Écrit par : Julie des hauts | 04/10/2013

J'ai lu aussi "Racines" il y a bien longtemps, l'esclavage a disparu en principe mais il esxiste bel et bien une autre forme d'esclavage pour certains peuples ou certaines gens, trop nombreux encore ...

Écrit par : jos | 04/10/2013

Bien sûr, j' ai lu trop vite...avec avidité et puis j'aurais dû dire " aussi" de St Vince,t de Paul. Excuses ! M.L.

Écrit par : meregrand | 04/10/2013

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