01/01/2017
Un livre d'Alfred Cortot (1877-1962) sur Chopin (1810-1849) et en un sens sur Cortot
Par hasard, enfin il n'y en a pas, mais ce serait trop long à expliquer et sans intérêt, bref, je suis tombée sur un "vieux" livre - l'édition date de 1960, le texte de 49- "Aspects de Chopin" écrit par Alfred Cortot. Pour moi Cortot était un pianiste, que j'ai sans doute entendu jouer souvent, mais sans que j'en sache davantage. J'ai feuilleté le livre, je ne l'ai pas encore lu. Il est écrit comme on n'écrit plus. Ainsi la première phrase: "Et tout d'abord l'aspect physique". Si, si, je vous jure, c'est la première phrase. Mais soit, après tout, c'est le titre "Aspects de Chopin". Le deuxième chapitre s'appelle "La main de Chopin". Le troisième "Chopin pédagogue". Puis nous avons "L'oeuvre de Chopin"..."Ce que Chopin doit à la France"...Les concerts de Chopin"...et enfin,"Le caractère de Chopin"...(oui !). Mes yeux se sont arrêtés sur ces phrases incroyables, qui pouvaient être écrites autrefois, sans barguigner, par exemple à propos de George Sand: "...la mentalité de la femme mûrissante et prématurément blasée, à l'affût de la sensation inédite que semble lui promettre la probable inexpérience amoureuse de Chopin...". Il me semble qu'on n'oserait plus écrire avec cette sotte candeur, mais en même temps, quelle fraîcheur. La psychanalyse à la petite semaine n'est pas passée par là ! Quand on regarde les dates c'est intéressant d'ailleurs. Freud avait juste 20 ans à la naissance de Cortot. * Et lorsque Wikipédia m'apprend qu'il a connu au Conservatoire de Paris des élèves directs de Chopin, comme le pianiste Georges Mathias, je comprends à quel point Cortot, dont j'entendais parler dans mon enfance comme d'un "grand grand "pianiste, était beaucoup plus âgé que je ne le pensais. Je le pensais contemporain d'Alfred Brendel. Mais Brendel, qui s'appelait lui aussi Alfred, est né en 1931 !
Bon, toujours est-il que Cortot a écrit beaucoup de livres, a été professeur, a été très proche de Blum, puis a rejoint le régime de Vichy complètement inconscient semble-t-il de ce qu'il faisait, toujours cette candeur ?, puis a joué en Allemagne pour les dignitaires nazis et s'est fait arrêté à ce titre en 1944 par les FFI. A son procès se bousculent les témoignages en sa faveur (appui à de très nombreux artistes juifs, interventions pour préserver du STO certains etc). Finalement sa peine prononcée en 47 fut légère.
Quand il écrit ce livre sur Chopin tombé entre mes mains, deux années seulement le séparent de ce procès. Il est certain que je ne vais pas pouvoir lire ce livre comme si de rien n'était. Non pas à cause de son comportement pendant l'Occupation mais à cause de sa proximité avec Chopin. Le sarcasme, qui m'est assez aisé, de même que j'ai l'indulgence facile au fond, n'auront pas de place, et c'est tant mieux. Je n'ai pas à faire la maligne. * D'ailleurs je me trompe: une fois, à un seul moment, mais n'empêche, Cortot cite Freud.
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EMI a sorti en 2012 un coffret de 40 CD d'Alfred Cortot ! Voilà ce qu'en disait le Monde au moment de sa sortie:
"Les quarante CD de ce coffret suivent chronologiquement, de 1919 à 1960, la trajectoire du pianiste, incomparable traducteur de Chopin, des romantiques allemands et de Debussy (disques 1 à 28 avec plusieurs versions des Children's Corner, des Préludes de Chopin, du Carnaval op. 9 de Schumann, des Préludes de Debussy...). Du trio légendaire qu'il forma à partir de 1905 avec le violoniste Jacques Thibaud et le violoncelliste Pablo Casals (disques 29 à 33). Du chef d'orchestre dirigeant notamment les Concertos brandebourgeois, de Bach, avec son Orchestre de l'Ecole normale de musique (34 à 36). Du pianiste accompagnateur de Charles Panzera dans Schumann (37), de Maggie Teyte dans Debussy (38). Pour terminer avec les Sonates de Beethoven parfois commentées (disques 29 et 40), et un émouvant hommage à son disciple Dinu Lipatti, mort en 1950. L'auteur des Principes rationnels de la technique pianistique disait que subjectivité et culture sont consanguines de la maîtrise physique. Son art du chant, les couleurs merveilleuses de son clavier, l'imagination d'un jeu qui semble toujours improviser, sa justesse stylistique inouïe - malgré le bruit de fond des 78-toursd'origine - sont là pour en témoigner."
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31/12/2016
Le mimosa est fané
Merveille de cette correspondance de Tchekhov. La première lettre dans ce volume juste paru chez Bouquins, date de 1876, la dernière du 28 juin 1904. Il meurt quelques jours plus tard. Il s'agit d'un choix de lettres. En effet l'ensemble de toutes les lettres existantes correspond à...30 volumes ! Ce qui frappe dans cette correspondance: l'humilité de Tchekhov, sa tuberculose, sa fantaisie, la fraternité protectrice avec son frère, son dégout des conversations sans intérêt, son dévouement de médecin. "Pour nous autres, écrit-il à Souvorine le 25 novembre 1892, cette époque est celle de l'ennui, de l'aigreur et de la veulerie".
23:55 | Lien permanent | Commentaires (4)
Ferdinand Heilbuth (1826-1889) (quoi? qui? ) vous souhaite une bonne année 2017 !
Rien de mieux à mes yeux (enfin, pour moi, hein) qu'un inconnu (de moi) il y a vingt minutes, pour des voeux de bonne année. Il surgit in extremis le dernier jour de 2016 dans ma vie, c'est parfait. Il parait que Van Gogh l'admirait. Il est magnifique. Ce regard... Puisse l'année 2017 nous apporter à tous, beauté, calme, et poilade, au milieu des prévisibles tracas de la vie.
PS: j'aime particulièrement cet incroyable cardinal à la balustrade.
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