Toujours les mêmes mots à propos de la mélancolie

 

Deux comédiens. Edward Hopper (1966)

 

Vous voulez savoir ce qui me fatigue? Non? Vous avez des choses plus intéressantes à faire? Vous êtes vous-même fatigués? Non parce que quand même je voulais dire que ce n'est pas drôle toujours ces mêmes mots sur la mélancolie, toujours par exemple ces mêmes mots sur les tableaux d'Hopper (grande exposition en ce moment, immense succès qui laisse songeur quand même, enfin je ne sais pas, je n'y suis pas encore allée). Quand j'entends parler de la mélancolie de Hopper, ça me donne envie de rire pour ne pas pleurer. Parce que ça me gêne, ça me met mal à l'aise.

 

 

 

La balustrade

 

Alors voilà la balustrade où nous pourrions nous appuyer parce qu'on ne tiendrait pas trop debout, et la lune ferait ça sur la mer noire et on aurait bien mangé et on irait se coucher ensemble. Il ferait encore chaud.

 

 

Mon alibi

 

La" liseuse en blanc et jaune" (elle est plutôt bleue, non?)  de Matisse a été volée au musée de Rotterdam cette nuit à trois heures du matin. J'ai un alibi. A cette heure-là je ronflais tranquillement.Pas folle. Des sbires travaillaient pour moi. La liseuse est maintenant dans la cuisine. Je l'ai trouvée bien empaquetée en rentrant du travail. Ils l'avaient laissée chez le gardien. Beau boulot les gars.

A ça près que vous vous êtes trompés. Je vous avais demandé le très beau portrait de femme qui ferme les yeux peint par Lucian Freud, il est dans l'exposition qui vient d'ouvrir, vous connaissez le chemin c'est dans le même musée, le musée Kunsthal. Alors vous passez ce soir, vous boirez une petite bière à la maison, vous reprenez cette liseuse emmerdante dont je n'ai que faire, vous prenez vos petites jambes, vous retournez là-bas, vous faites l'échange, et vous faites gaffe, il peut y avoir des agents de police.