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16/06/2017

Cette merveilleuse lettre de Chateaubriand à Léontine de Villeneuve le 18 avril 1828

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"En vérité, vous me faites peur. Vous voulez me charger de votre destinée ; elle sera mal entre mes mains. Je vous l’ai dit et vous le répète, craignez-moi ; j’ai quelque chose de fatal. Je ne sais quel sentiment je vous inspire ; ce n’est pas de l’amitié. L’amitié est fille du temps. Ce n’est pas de l’amour, vous le dites et je vous crois. On n’aime pas d’amour ce qu’on n’a jamais vu et, surtout, un homme de mon âge. Ce n’est pas de l’admiration ; je ne la mérite pas et, d’ailleurs, l’admiration n’est pas si passionnée. Qu’est-ce donc ?

Allons plus loin : supposez que je vous rencontre aux eaux, que, malgré tout ce qui doit vous mettre à l’abri d’une folie, vous vous attachiez à moi. Si je vous trompais ? Vous me dites que vous cesseriez de m’aimer si je ne vous aimais plus : très bien, je pourrais m’arranger de cela ; vous aimer toute ma vie, assuré que je serais de votre amour ; ou vous laisser, sachant que vous seriez bientôt guérie. Mais n’êtes-vous point dans l’erreur ? Vous consoleriez-vous si vite et si bien ? Et n’auriez-vous rien perdu dans le passage ? Si j’étais froid, égoïste, incapable d’aimer et de regretter rien, si je n’étais pas l’homme de mes ouvrages ?

Léontine, je veux être, comme vous le voyez, brutal et odieux. J’arrive à des suppositions absurdes pour vous épouvanter et pour que vous n’ayez jamais à me dire : Vous m’avez séduite, vous avez abusé de mon abandon et de ma confiance. Maintenant, voici ma conclusion. Si, avertie comme vous l’êtes, vous ne voulez pas prendre votre parti, vous marier par exemple et m’oublier, si vous persistez à vouloir me voir aux eaux ou ailleurs, je consens à tout, mais à vos risques et périls. Je ne crois pas que vous couriez le plus petit danger et, quand vous m’aurez vu, vous rirez de votre peur et des airs que je me donne d’être si formidable. Mais, enfin, comme j’ai rendu malheureux tout ce que j’ai rencontré, je ne veux plus être responsable de rien. Disposez de moi à cette condition.

Quand je vous dis que je ne sais ce que je ferai, ce que je deviendrai, je vous dis la vérité. Toutes les probabilités sont que je serai libre au mois de juin et que j’accomplirai mon pèlerinage aux Pyrénées ; mais il y a toujours dans ma vie de l’inconnu, et ma fortune est fantasque. Je me mets à vos pieds. Pardonnez-moi."

Commentaires

Il avait surtout la frousse de s'engager.......

Écrit par : Julie | 17/06/2017

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