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14/09/2013

Le dégoût de la norme et de l'anti-norme

140920132918.jpgJe lis un livre dont je peux dire qu'il est le plus beau, le plus simple, le plus fort, que j'aie lu depuis longtemps, et je ne m'y attendais pas du tout. C'est "Retour à Reims" de Didier Eribon que je n'avais pas lu à sa sortie et qui est paru en poche il n'y a pas longtemps (dans la collection Champs Flammarion). Eribon qui admire beaucoup Annie Ernaux a quelque chose de tendre et d'émouvant qu'elle n'a pas et que je ne sais pas définir. Peut-être ses interrogations, là où il me semble, mais je peux me tromper, qu'Annie Ernaux ne s'interroge pas. Il est donc question tout le temps de classe sociale et c'est poignant. Mais pas que de classe sociale.

Il y a une semaine une de mes soeurs me disait en parlant de ce qu'on appelle "un jeune couple": "C'est insupportable, il lui en veut de son enfance, mais ce n'est pas de sa faute, il lui en veut parce qu'elle entendait Bach quand elle était petite". Mais c'est en effet insupportable dans les deux sens.

Quand Eribon retourne à Reims c'est après la mort de son père qu'il détestait, c'est des années après l'avoir fui, avoir fui son "milieu", les pensées politiques et l'homophobie et de son père et de ce "milieu".

Ce livre est magnifique, très intelligent, oui magnifique. Sur le lieu dont on est issu, sur le vote ouvrier passé du parti communiste au front national, sur la responsabilité des socialistes dans cela, sur la norme aussi, beaucoup, le dégoût de la norme et le même dégoût d'une anti-norme qui ferait une fierté de ne pas être dans la norme. Oui c'est pourtant le livre d'un sociologue (et bêtement je ne peux pas, en général, supporter les sociologues) mais quel sociologue!

J'apprends ce soir qu'il a écrit "Echapper à la psychanalyse" que j'ai envie de lire très vite. Quand on connait bien Freud et Lacan on peut avoir envie d'y échapper. Eribon a des mots sévères et justes sur eux. N'importe quelle femme sait qu'ils ne sont pas à prendre au pied de la lettre, ces deux maîtres admirables dont en effet il est bon de  reconnaître la force et le génie, mais, aussi, bon de les laisser là où ils sont, de ne pas s'y soumettre, de faire nos petites affaires ailleurs, loin d'eux tous.

Mais je suis bête: c'est, précisément, ce qu'ils nous enseignent !

 

Commentaires

Tu as vraiment le chic pour donner envie de lire. Cela dit, j'aime beaucoup Annie Ernaux. Il n'y a qu'un livre d'elle que n'ai pas aimé, une histoire de passion, qui m'a un peu énervée, que j'ai trouvée indigne d'elle.

Écrit par : Julie des Hauts | 15/09/2013

Ah l'occupation cette histoire de jalousie est le livre d'elle que je préfère ! Mais je n'ai pas dit que je ne l'aime pas, que je ne la respecte pas. Simplement elle me fiche le bourdon.

Écrit par : Sophie | 15/09/2013

Tiens, moi aussi, Annie Ernaux me tape sur les nerfs;, et ce n'est pas d'aujourd'hui....Nous avons commencé notre vie toutes deux dans le même milieu, modeste, difficile, dans une épicerie, mais je n'ai rien compris dès son premier livre....et je ne lis plus rien d'elle.J'aimais mes parents, moi...
Je me méfie énormément des psychiatres...beaucoup de personnes croient tout ce qu'ils racontent...j'arrête ici car il y aurait bien des choses à dire sur la psychanalyse. M.L.?

Écrit par : meregrand | 15/09/2013

Mais elle ne me tape pas sur les nerfs! Mèregrand vous savez la tendresse que j'ai pour vous, aussi j'espère ne pas vous peiner mais là ça me choque que vous puissiez dire qu'elle n'aimait pas ses parents. Comme le dit Julie elle a écrit des choses vraiment magnifiques sur sa mère. Et je ne suis pas du tout, mais pas du tout d'accord avec vous sur la psychanalyse. Ceci dit je n'écris pas ici pour convaincre qui que ce soit, vous êtes bien libre de penser cela. Mais enfin bon ! Psychiatre et psychanalyste ce n'est déjà pas la même chose !!

Écrit par : Sophie | 15/09/2013

Moi, j'aime son style net, clair, sans fioriture, sans un mot inutile, chaque mot bien choisi, à sa juste place, une certaine dureté parfois. Je ne crois pas qu'elle n'aimait pas ses parents. Elle a écrit de très belles pages sur la fin de vie de sa mère, beaucoup de tendresse et de douleur.

J'ai lu "Les années", et j'ai énormément aimé ce livre, très original, je l'ai même lu une seconde fois pour l'enregistrer pour la bibliothèque sonore d'Evry, et je l'ai encore plus apprécié qu'à la première lecture.

Écrit par : Julie des Hauts | 15/09/2013

Chères amies,
Bon, il faut que je m'explique au sujet d'Annie Ernaux ! Voilà, nous sommes nées toutes deux dans un certain milieu, les deux très différents. Nées dans un milieu modeste, mais plein d'espoir d'amélioration, la vertu et l'acceptation de notre rang social, sans revanche...un milieu chrétien, qui n'était pas celui d'Annie.
Je n'ai lu d'elle que le premier livre, je crois que c'était "les armoires vides"...et il m'a dégoûtée tout de suite.
Mais je n'en n'ai lu qu'un, elle a sans doute fait des progrès depuis...et moi aussi dans un autre sens !
Pour que mes enfants sachent d'où nous venons j'écris encore sur notre famille, mais je ne serai jamais célèbre. Sauf dans leur mémoire... J'aime bien les livres, mais pas ceux qui me mettent mal à l'aise...Et puis, je suis d'une autre époque....très imprégnée par le 19ème siècle

Écrit par : meregrand | 16/09/2013

Mère Grand, nous avons parfaitement le droit d'avoir des idées différentes et des goûts différents ! C'est même ce qui fait l'intérêt de partager et confronter nos points de vue. Une mauvaise expérience avec un auteur peut vous en dégouter à vie, je connais cela aussi.

Je lis en ce moment Haruki Murakami, j'ai commencé par "Kafka sur le rivage" que j'ai beaucoup aimé, si j'avais commencé par "la ballade de l'impossible", je n'aurais rien lu d'autre de cet auteur.....

Écrit par : Julie des Hauts | 17/09/2013

De Annie Ernaux, j'ai "les armoires vides", "une femme", "la place", "les années", c'est tout
Je les ai lus il y a un peu de temps, "les années" m'ont rappelé un peu notre temps des années 60, je vais les relire car je ne m'en souviens pas assez , elle est originaire de Yvetot en Seine Maritime, à relire,
Sophie nous donne oui plein d'idées de lectures ou de relectures
Pour reprendre les termes de Julie, confronter nos idées et correspondre est très important pour ceux comme beaucoup de nous sont "retirés de la "vie active" ", retraite ou autre mais qui n'ont pas oublié nos années de labeur et restent dans une vie sociale et grâce à la toile se retrouve même sans se connaître, c'est un peu hors sujet ma phrase mais tant pis, non c'est pour dire que l'on reste "actif" dans notre tête et nos idées
Amitiés à vous tous, toutes

Écrit par : jos | 17/09/2013

Merci à JOS et JULIE pour leur présence ici....Vous êtes toutes deux réconfortantes, et c'est un plaisir de discuter avec vous...Avec mon âge...avancé...je veux rester présente même dans les discussions, car je suis vraiment très seule et - à part mon chat- je peux rester des jours sans parler. J'ai de gentils voisins mais ils répètent toujours la même chose, mais ils sont très discrets et je les estime beaucoup. Ils n'ont pas d'ordinateur. Comme je vais mieux, hier soir j'ai écrit dans ce blog délaissé....M.L.

Écrit par : meregrand | 17/09/2013

Merci Mèregrand, j'aime aussi parler avec vous tous et toutes, lorsque je vais un peu "mieux", ce n'est pas du "caprice" mais parfois je me trouve un peu nulle, il faut avoir les idées positives pour suivre une conversation....merci à Sophie de nous permettre cela

Écrit par : jos | 17/09/2013

Conversez ! Mon salon vous est grand ouvert !!!

Écrit par : Sophie | 17/09/2013

Merci qui ? Merci Sophie.

Pas trop dur, ce mercredi de boulot ?

Écrit par : Julie des Hauts | 18/09/2013

Les commentaires sont fermés.