Des insomnies délicieuses

 

 

Depuis plusieurs semaines ou quelques mois,  j'ai presque toutes les nuits  une insomnie. Je me réveille vers 3 heures, ou 4 heures et je suis en pleine forme. Je pète le feu. Je regarde le ciel. Il est noir comme la nuit, du côté de la forêt, et il scintille orange à l'horizon du côté de Sartrouville. Je me fais un thé en pensant chaque fois que j'aimerais boire un grand whisky,  et quand je m'asseois dans le canapé, Absinthe monte sur mes genoux. J'ouvre n'importe quel livre, c'est souvent un livre de cuisine, c'est pas du Jacottet. La maison dort,  je pense aux gens que j'aime, que j'ai aimé, que j'aime encore, que j'aime toujours ? que je n'aime plus depuis longtemps? je pense à leur vie, à leur mort, à ma vie, à ma mort. Je pense qu'il faut racheter du poivre et du liquide vaisselle. Je mets une machine de linge en route. Si je ne savais pas que je ne tiendrais pas jusqu'à onze heures du soir sans retourner dormir deux heures, je ne me recoucherais pas. Parce que ce qui me réveille dans la nuit, c'est l'envie de rab de vie.