27/11/2012
Un récit captivant: ma journée du 27 novembre 2012
Michel Jazy
(Billet garanti rigoureusement authentique et certfié ISO 2000)
4h30 (et pas 32 ou 29, notez bien): je me réveille je ne sais pas pourquoi.(Enfin si, mais ya des limites, je ne vous le dirai pas!) Je vais boire un verre de vodka d'eau. Je regarde l'heure. Je me sens en pleine forme. J'ai la flemme de me recoucher. Car qui dit recouchage dit relevage. Et comme le réveil sonne à 5h45 autant faire des trucs tranquillement. (Vous avez vu, mine de rien, comment je place l'heure à laquelle je me lève pour aller travailler, tout ça dans le but que vous m'admiriez, me plaigniez, m'aimiez etc?)
5h (et pas 32 ou 29, notez le à nouveau): après un bol de chocolat chaud des plus amincissants (van houten +un peu de lait au fond + on mélange + 1 cuillére à soupe de miel + ensuite le lait bouillant) je me mets à faire une compote de pommes. Faire une compote de pommes à 5 h du matin est exaltant, place au-dessus du commun des mortels, donne la sensation d'être une femme supérieure. Très agréable sensation.
10 minutes plus tard tandis que les pommes cuisent et dégagent une odeur exquise je me mets à cuire dans une autre casserole des pommes de terre. Alors là, double salto.
Il est donc 5h15, Paris s'éveille, je n'ai pas sommeil, et la cuisine bouillonne. Je regarde Libération sur mon téléphone portable assise en chemise de nuit dans les vapeurs des deux casseroles. Me sentant des plus vertueuses, je me dis "et si j'en profitais pour faire une petite lessive?" Mais j'ai pitié des voisins, j'attends 6 heures. Bon, qu'est ce que je pourrais faire d'utile? Ah je vais me faire un masque. Pas un masque de mardi-gras (quoique...), un masque de beauté: je prends de la crème hydratante et j'en mets une couche de 5 cms sur mon doux visage (c'est mon côté anti-consommation, hein Hervé, je n'achète pas des masques à la con qui côute la peau du dos, bientôt je me mettrai directement de l'huile d'olive sur la figure si ça se trouve,mon côté bio; j'ai beaucoup de côtés).
Voilà, voilà. Il est 5h 25 vu que je me suis aussi démêlé les cheveux (jour de fête, je déteste ça). Je regarde le ciel. Absinthe me regarde. La maison est silencieuse. Je prends garde de ne réveiller personne. Limite si je tire la chasse. Bon, retour à la compote: j'écrase les pommes, la fourchette se tord, hop de la cannelle, tiède c'est un délice, j'essaie de ne pas manger tout. (Vous connaissez cette merveilleuse chanson : "Tu tapes trop fort, ton clou se tord"?)Tout ça, la douche etc, nous mène l'un dans l'autre (j'ai une tante qui dit toujours ça: "l'un dans l'autre") aux alentours de 6heures moins 10. Je suis lavée, habillée, je vais me maquiller. Je me maquille. Je lance la machine. La machine à maquiller et la machine de linge.
6 heures: la grande question: est-ce que je vais faire du repassage? Non, là c'est trop, je ne peux pas. Je regarde si j'ai des mails (oui, pour du viagra, pour des offres "exceptionnelles" chez carrefour, une conférence avec Nicole Notat- mon dieu qu'est ce que 'ai fait au Bon Dieu?) et un mail de La Procure -pourquoi ils ont tous mon adresse mail?). Je décide d'écrire un billet. Je cherche une photo de la tête de Fillon jeune. Je n'en trouve pas de Copé. je veux dire: de Copé jeune.
6h15: je ne me relis pas (oui je sais, ça se voit), je poste le billet.
6h 30: je vide la machine.
6h 35: j'admire mon oeuvre: le linge étendu, la compote dans le frigo, les patates cuites, mes cils bien agglutinés par le mascara, oui, je pète le feu.
Après j'ai un trou de mémoire.
A 7h 5 je sors de l'immeuble, il fait frais et bon, un oiseau chante comme si c'était le printemps, c'est charmant.
Je marche seule dans la rue, la tête haute, je trouve qu'on devrait me donner la légion d'honneur, je me dis que je me léverai tous les jours à 4h et demi, rien de plus fastoche,calme divin, je pense (je pense énormément)
7h 15: j'achète Libération et un goal au tabac. Je gratte, j'ai gagné 10 euros dis donc!
7h20: je monte dans le train, il y a des places assises à cette heure là. A côté de moi, un jeune homme de seize ou dix sept ans dort profondément, ses écouteurs sur les oreilles. Une femme en face de moi lit la Revue Fiduciaire.
10 minutes plus tard, c'est moi qui dors (qui dort?). Je me réveille exactement en arrivant à Saint Lazare (j'ai un cerveau de James Bond). Je décide de m'acheter des boucles d'oreille avec les dix euros du grat-grat. Car figurez-vous, les boutiques du nouveau centre commercial ouvert dans la gare, ouvrent à 7h 30. C'est pas beau ça hein pour la consommation, n'est-ce-pas Hervé? Donc je rentre dans cette petite boutique qui s'appelle Parfois, pleine de boucles d'oreille entre 3 et 9 euros, rangées par couleurs. Vous vous en foutez comme du reste, mais je vous le dis: elles sont bleues, rondes, très jolies. Je me sens vraiment bien. Efficace, féminine, bonne ménagère, modeste, le monde m'appartient.
Normalement je suis au régime, maiis je m'achète deux croissants chez Paul: n'ai je pas le droit de récompenser une personne aussi méritante, levée à quatre heures et demi pour faire cuire des patates? Madame Péguy mère peut se rhabiller. Je m'excuse.
Après bah je prends le métro du croissant plein la bouche et je lis Libération, rien d'intéressant, ah si: dans certains hôpitaux de l'AP-HP il n'y a plus assez de draps, j'avais déjà entendu parler de ça, je me rendors, j'en suis à mon 2ème somme. Quand je sors du métro une demi-heure plus tard, le jour se lève à peine. Et ça y est je suis épuisée.
Bon, on avance un peu?
Le matin au boulot j'ai "un rendez-vous". "Avoir un rendez-vous" est assez chic. L'arrivée d'une personne extérieure apporte un air frais et fait de vous quelqu'un d'assez important, une sorte d'Anne Lauvergeon si vous voyez ce que je veux dire. Quand on a un rendez-vous, on peut dire" Bon il fait quoi mon rendez-vous?" à voix haute pour que nul absolument nul n'ignore que vous avez un rendez-vous. Pour ça, il est bon que le rendez-vous soit en retard. C'était le cas ce matin. Alors on va aux toilettes ou à la photocopieuse et on dit à ses collègues: "si mon RV arrive, j'arrive ", des phrases de ce genre.
9h45: mon RV arrive. Il une cravate bleue du bleu des chocolats avec une banquise dans la pub, il me parle comme si j'étais une DRH, je vois l'alliance à son doigt, il a l'air cabossé par la vie. Je me demande comment est sa femme. Qui il aime. Je raconte quelques blagues. Il rit.Il dit: "J'ai l'impression qu'on a vécu la même chose". Alors là, c'est osé. Quand je le raccompagne ensuite à la porte, je ne sais pas ce qui m'a poussé à lui dire maternellement: "c'est là les toilettes pour hommes" au cas où il aurait eu la colique après m'avoir parlé, il me regarde ahuri, il secoue la tête, il dit non non, il se sauve.
Chic du chic, après le RV j'ai "réu". Quelle journée fabuleuse. Captivante.
Après, cantine. Pâtes + une endive bouillie + deux tomates cuites. Rigolade avec les collègues sur le dos de qui vous vous doutez. (Non, pas le rendez-vous) Retour au travail. Toilettes. Un coup de poudre sur le nez. Le téléphone sonne. Et quelqu'un dit "Les affaires reprennent". Ah ah ha, trop drôle cette phrase entendue cent mille fois, ah ah ah, les affaires reprennent.
Et je vous le donne en mille, à 14h j'ai un autre "rendez-vous" qui se pointe. Une femme. Belle. L'air intelligent. Genre Valérie Trierwiller au point de vue beauté. Bien, bien, bien. Comme elle est parfaite le truc ne dure que 20 minutes. je la libére, je me libére.
Bon. Jusqu'à 17h15 je travaille. Pas 14 ou 16. Je ferme mon ordinateur. Très bon moment de la journée. Tout le monde s'en va et comme tous les mardis soirs on me dit "Bonne soirée, à demain...ah non c'est vrai, à jeudi".
Dehors le ciel est comme de l'encre, il crachine. Encore une journée que les Anglais n'auront pas. La suite de la journée? Vous croyez pas que m'étant levée à 4h et demie et ayant eu trois heures d etransport...et 2 "RV", je suis en état de raconter la suite! De toute façon dés que je sors du boulot, je suis une loque ! Et puis vous me connaissez, je suis bien trop pudique!
Ah si, pourquoi Michel Jazy? Parce que ce soir je me suis souvenue de lui.
22:36 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Je crois que je vais changer de nom pour commenter (2 fois cité dans le même billet, ça me fait peur !)
On dirait une journée à l'envers : vous faites la cuisine et la lessive au réveil, allez bosser et êtes épuisée dès la sortie du bureau. C'est + original que de s'occuper de ses pantalons et de sa compote le soir avant de dormir ;-)
Bon courage pour les prochains réveils !
Écrit par : Anne O'Nyme | 27/11/2012
belle journée Sophie,
Écrit par : jos | 27/11/2012
La chasse d'eau marche puisque vous avez le choix ?
L'éventail aussi, ou plutôt la machine à pluie-qui-passe!
A demain alors (et pas besoin de dire, ah non à jeudi c'est vrai)
Écrit par : tanguy | 27/11/2012
La vache! J'ai lu ton texte de la première à la dernière ligne, littéralement happée. Je n'ai même pas envie de lancer une petite vanne.
Écrit par : Marie | 28/11/2012
Je suis béate d'admiration devant ton courage...... Trois heures de transport par jour, ça me scie rien que d'y penser. J'ai (un peu) connu ça pour ma première nomination, Etre conduite à la gare par mon mari, prendre le train à sept heures et quart, puis un bus jusqu'au Lycée où je bossais, redescendre à pied la côte qui me ramenait à la gare, train puis voiture pour rentrer chez moi. A l'époque mes gamins avaient un an et cinq ans. Heureusement mon mari travaillait près de chez nous et ma mère pouvait aussi s'en occuper un peu. J'ai quand même le souvenir d'une année épuisante où je n'avais l'impression de réussir à rien faire de bien. L'année suivante, j'ai été nommée dans ma localité, le bonheur......
Écrit par : Julie des Hauts | 28/11/2012
- Anne 0' Nyme: très joli pseudonyme ma foi !
- Tanguy: TOUT MARCHE !
-Jos: vous aussi Jos, merci
- Marie: bon, alors petite vanne la prochaine fois!
- Julie: oui, je me réjouis chaque jour de ne plus avoir d'enfants petits dans ces circonstances (mais je l'ai fait aussi, même si ce n'était pas au même endroit)
Écrit par : Sophie | 28/11/2012
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