06/10/2012
Très français
Philip Roth en 2007
En y repensant, je ne l'ai pas écrit ce matin parce que ça s'est éclairci dans ma tête ensuite, Modiano, Echenoz, et Quignard sont très français. C'est peut-être ça qui était frappant aussi mercredi (enfin pas si frappant puisqu'il m'a fallu 3 jours pour m'en rendre compte!). Et je me disais qu'il faudrait quand même que je nettoie le four que si un autre "écrivain", un écrivain pas français, avait été là, peut-être Philip Roth pour son dernier(doublement dernier puisqu'il dit qu'il n'en écrira pas d'autre) livre, "Némésis" (le dieu de la vengeance si j'ai bien compris), c'est celui dont le nom me vient, tout aurait changé. Non pas que je place ceux-là moins hauts que Roth ou quelque chose comme ça, -quoique- mais parce que je me disais que finalement Modiano, Echenoz, Quignard, ne parlent qu'à nous, qu'à un très petit nous, et que par exemple Roth écrit dans une langue, l'américain, accessible à beaucoup plus. Bon c'est des banalités, je sais bien, cette histoire d'espace, d'Amérique, de prix Nobel...qu'il aura peut-être la semaine prochaine (d'aucuns disent que ça pourrait être Bob Dylan, non mais pincez-moi ! Vincent Delerm pendant qu'on y est!), et je me demandais ce que cela aurait fait, si Roth avait été là, avec eux, l'un, dans son ressassement (et le ressassement ce n'est pas forcément pas beau), l'autre dans sa volonté de sujets très différents à chaque livre, et le troisième avec ses fragments dans lesquels il veut dit-il se noyer. Cette espèce de tranquillité qu'ils avaient tous les trois en aurait-elle été bousculée, même d'un quart de poil? Et pour lui Roth, c'est quoi trois écrivains français?
Entre parenthèses, quand on pense qu'il a fallu deux ans pour que "Némésis" paru en 2010 aux Etats-Unis soit traduit aujourd'hui en France....
Plus "petits" avec Roth, question d'échelle, peut-être que les trois lascars seraient apparus plus précieux écrivant dans cette langue venue du latin? Mais plus "précieux" a deux sens...
Je vous laisse, je vais prendre un doliprane.
(Et sinon bien sûr j'adore Bob Dylan. "Time out of mind", est mon album préféré, je l'ai écouté un milliard de fois, il est sublimissime, et à cause de ça je ne peux plus l'écouter.)
21:37 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Damned, je n'ai rien compris mais je suis d'accord avec votre billet, Sophie.
Écrit par : tanguy | 06/10/2012
Bien sûr que cette harmonie trinitaire apparente aurait été bousculée et il en faut de la place pour chacun de ces auteurs si discrets soient-ils. Et la langue est essentielle, la traduction aussi; déjà qu'il porte chacun un monde en français...
Cela dit, si on aime la bousculade c'est J. Ellroy qu'il eût fallu convoquer.
Pas besoin de doliprane du tout. En revanche, j'enverrai bien Busnel chez le coiffeur.
(Quelle est ta chanson préférée de Bob D.?)
Écrit par : Marie-Hélène | 06/10/2012
Erratum: "ils portent" et "j'enverrais"
(Misère!)
Pour Bob Dylan, j'aime particulièrement: "Changing of the Guards".
Écrit par : Marie-Hélène | 06/10/2012
- Tanguy: moi non plus, rien compris à ce que j'ai écrit !!
Écrit par : Sophie | 06/10/2012
Il aurait peut-être dit ça Philip et mis un peu d'ambiance, comme on dit:
"À 74 ans, j’ai réalisé que je n’avais plus beaucoup de temps, alors j’ai décidé de relire les romans que j’avais aimés à 20 ou 30 ans, parce que c’est ceux-là qu’on ne relit jamais. Dostoïevski, Tourgueniev, Conrad, Hemingway… et quand j’ai fini, j’ai décidé de relire tous mes livres en commençant par la fin : Némésis. Jusqu’au moment où j’en ai eu marre, juste avant Portnoy et son complexe, qui est imparfait. Je voulais voir si j’avais perdu mon temps à écrire. Et j’ai pensé que c’était plutôt une réussite. À la fin de sa vie, le boxeur Joe Louis a dit : “J’ai fait du mieux que je pouvais avec ce que j’avais.” C’est exactement ce que je dirais de mon travail : j’ai fait du mieux que j’ai pu avec ce que j’avais.
Et après ça, j’ai décidé que j’en avais fini avec la fiction. Je ne veux plus en lire, plus en écrire, et je ne veux même plus en parler. J’ai consacré ma vie au roman : je l’ai étudié, je l’ai enseigné, je l’ai écrit et je l’ai lu. À l’exclusion de pratiquement tout le reste. C’est assez ! Je n’éprouve plus ce fanatisme à écrire que j’ai éprouvé toute ma vie. L’idée d’affronter encore une fois l’écriture m’est impossible !
(...) Écrire, c’est avoir tout le temps tort. Tous vos brouillons racontent l’histoire de vos échecs. Je n’ai plus l’énergie de la frustration, plus la force de m’y confronter. Car écrire, c’est être frustré : on passe son temps à écrire le mauvais mot, la mauvaise phrase, la mauvaise histoire. On se trompe sans cesse, on échoue sans cesse, et on doit vivre ainsi dans une frustration perpétuelle. On passe son temps à se dire : ça, ça ne va pas, il faut recommencer ; ça, ça ne va pas non plus, et on recommence. Je suis fatigué de tout ce travail. Je traverse un temps différent de ma vie : j’ai perdu toute forme de fanatisme. Et je n’en ressens aucune mélancolie."
Écrit par : Marie-Hélène | 07/10/2012
- Marie-Hélène: merci beaucoup d'avoir recopié ce passage
Écrit par : Sophie | 08/10/2012
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