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26/09/2012

"Veux-tu que nous nous envolions ensemble?"

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(carte que Chateaubriand m'a envoyée pour mon anniversaire)



S'il vous plait, lisez cela en-dessous, ce passage de Chateaubriand, c'est sublime. Comme nous aimons tous les hirondelles! Mon grand-père me tenait la main et me disait, lui qui parlait encore moins que mon père, c'est dire, "regarde" et on levait la tête ensemble, on les regardait en silence se tenir ensemble sur les fils électriques et à la fin de l'été c'était le signe que l'automne approchait. Pauline de Beaumont le savait, qui est morte dans ses bras, ceux de  mon grand-père ? et que Chateaubriand appelait avec douceur "l'hirondelle".




"...A Bischofsheim, où j'ai dîné, une jolie curieuse s'est présentée à mon grand couvert : une hirondelle, vraie Procné, à la poitrine rougeâtre, s'est venue percher à ma fenêtre ouverte, sur la barre de fer qui soutenait l'enseigne du Soleil d'Or ; puis elle a ramagé le plus doucement du monde, en me regardantd'un air de connaissance et sans montrer la moindre frayeur. Je ne me suis jamais plaint d'être réveillépar la fille de Pandion, je ne l'ai jamais appelée babillarde, comme Anacréon ; j'ai toujours, au contraire, salué son retour de la chanson des enfants de l'île de Rhodes : " Elle vient, elle vient l'hirondelle, ramenant le beau temps et les belles années ! ouvrez, ne dédaignez pas l'hirondelle. "
" François, m'a dit ma convive de Bischofsheim, ma trisaïeule logeait à Combourg, sous les chevrons de la couverture de ta tourelle ; tu lui tenais compagnie chaque année en automne, dans les roseaux de l'étang, quand tu rêvais le soir avec ta sylphide. Elle aborda ton rocher natal le jour même que tu t'embarquais pour l'Amérique, et elle suivit quelque temps ta voile. Ma grand-mère nichait à la croisée de Charlotte ; huit ans après, elle arriva à Jaffa avec toi ; tu l'as remarqué dans ton Itinéraire . Ma mère, en gazouillant à l'aurore, tomba un jour par la cheminée dans ton cabinet aux Affaires étrangères ; tu lui ouvris la fenêtre. Ma mère a eu plusieurs enfants ; moi qui te parle, je suis de son dernier nid ; je t'ai déjà rencontré sur l'ancienne voie de Tivoli dans la campagne de Rome : t'en souviens-tu ? Mes plumes étaient si noires et si lustrées ! tu me regardas tristement. Veux-tu que nous nous envolions ensemble ? "
- " Hélas ! ma chère hirondelle, qui sais si bien mon histoire, tu es extrêmement gentille ; mais je suis un pauvre oiseau mué, et mes plumes ne reviendront plus ; je ne puis donc m'envoler avec toi. Trop lourd de chagrins et d'années, me porter te serait impossible. Et puis, où irions-nous ? Le printemps et les beaux climats ne sont plus de ma saison. A toi l'air et les amours, à moi la terre et l'isolement. Tu pars ; que la rosée rafraîchisse tes ailes ! qu'une vergue hospitalière se présente à ton vol fatigué, lorsque tu traverseras la mer d'Ionie ! qu'un octobre serein te sauve du naufrage ! Salue pour moi les oliviers d'Athènes et les palmiers de Rosette. Si je ne suis plus quand les fleurs te ramèneront, je t'invite à mon banquet funèbre : viens au soleil couchant happer des moucherons sur l'herbe de ma tombe ; comme toi, j'ai aimé la liberté, et j'ai vécu de peu"

 

Mémoires d'outre-tombe

Livre V, chapitre 7

 

 

 

Commentaires

Je vous cherchais depuis pas mal de temps... Contente de vous retrouver, et en plus avec du Chateaubriand.

Écrit par : Marie | 26/09/2012

Merci Marie. Chateaubriand vous embrasse !

Écrit par : Sophie | 27/09/2012

Que le ramage des oiseaux contient de belles choses ! Je n'en suis pas étonnée. Merci pour la beauté.

Écrit par : la Mère Castor | 26/09/2012

- C'est beau ce mot "ramage"...

Écrit par : Sophie | 27/09/2012

Elles s'en vont, en ce moment, aujourd'hui il pleut, il fait super moche, je ne sais même pas si j'irai marcher cet après midi. La marche me devient nécessaire, je redoute l'hiver, le moral en berne ce matin, mais un peu de Chateaubriand, ça ne peut pas faire de mal.

Écrit par : Julie des Hauts | 26/09/2012

Ah ! L'hirondelle de Bischofsheim ! Une des plus belles pages de cette dernière partie des Mémoires. Merci.

Écrit par : solko | 26/09/2012

Oh oui c'est d'une beauté...

Écrit par : Sophie | 27/09/2012

Pour Julie des Hauts
Que pouvons nous faire pour vous distraire un peu de vos peines et de vos chagrins ? Je pense à votre maman...Si vous avez un mail, je peux vous envoyer de beaux diaporamas et des photos d'animaux ou autres choses pour lui entraîner la mémoire et lui réjouir la vue...Je connais trop de monde ! Depuis ce matin je trie tout ce qu'on m'envoie...mille amitiés M.L.
SOPHIE...votre complicité avec Chateaubriand me rend jalouse....moi qui n'ai jamais rien lu de lui !!!!

Écrit par : meregrand | 27/09/2012

- Julie:saleté d'hiver, oui !je t'embrasse et pense à toi

Écrit par : Sophie | 27/09/2012

- Mèregrand: euh...Julie a parlé de sa maman? je ne suis pas certaine.

Écrit par : Sophie | 27/09/2012

J'ai parlé de ma mère dans un mot chez Mère Grand.

Je vais répondre à son message adorable.

Écrit par : Julie des Hauts | 28/09/2012

- Julie: ah, parfait!

Écrit par : Sophie | 28/09/2012

Les commentaires sont fermés.