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08/01/2016

Les instants

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W. F Yeames (1835-1918)

Il y a tous les jours des instants parfaits dans ma vie. SI, si, je vous assure. Bon, fugitifs. J'ai bien dit: des instants. Prenons un exemple: l'instant chouquettes. Ou plutôt, prenons ma vie. Sujet très intéressant. Ma vie actuelle s'entend. Ma vie quotidienne. Sujet encore plus intéressant. (N'oubliez pas ma devise: toujours tout ramener à soi)

Le premier instant -oui, je vais vous les faire dans l'ordre chronologique, je suis la rigueur incarnée, arrêtez de pouffer bêtement- c'est celui où je sors à 7 heures le matin de l'immeuble. Des nuées de paparazzi sont cachés dans les bosquets. Je leur fais un gracieux petit signe de la main. J'aspire l'air du dehors. Je me sens vivante. C'est un instant parfait. Les oiseaux chantent (sous les pétarades des motos -des paparazzi- qui m'escortent jusqu'à la gare, les flash crépitent, je laisse ces travailleurs faire leur métier), la lune brille, ou la pluie tombe (ça c'est la version hiver; on verra plus tard les autres saisons).

Le deuxième instant a lieu environ une heure plus tard, c'est l'instant chouquettes. Figurez-vous que depuis quelques semaines, j'ai trouvé le paradis: dans un recoin de ma station de métro (c'est pour ça que je ne le savais pas avant) il y a un marchand de journaux formidable qui fait les meilleures chouquettes du monde (vous savez, super fraîches, elles sortent juste du four, et caramélisées en-dessous) et qui presse des oranges à la demande. Et maintenant, summum du summum, "ils" me connaissent, j'ai juste à dire bonjour, attraper le journal, et "ils" me préparent ma petite bouteille de jus d'oranges et douze chouquettes exquises toute tièdes.

En plus, "ils", je les adore. C'est une femme et un homme. Pas en couple (j'ai mené mon enquête). Elle, la quarantaine, elle a une tête de petite fille, avec une frange, des cheveux mi-longs châtains, les yeux maquillés, "trop" de poitrine, "trop" de fesses, mais sublimement portées avec fierté, pull moulant, gros ceinturon, jean ou mini-jupe, gouaille et autorité. C'est la patronne. Lui c'est l'employé. Un grand ours immense, ronchon, plus jeune qu'elle, distant et aussi réservé qu'elle ne l'est pas.  Un couple splendide. (Oui je sais, j'ai dit que ce n'était pas un couple, mais c'est un couple professionnel). Elle, archi-féminine, lui archi- masculin. Le moment parfait se situe quand je pars de chez eux, ils me disent toujours "bon courage" (et ça me fait rire), et le moment plus que parfait le vendredi, car en plus j'ai le Elle tout frais qui vient de sorti, sous le bras. Et donc la pensée dans mon sac, de la présence des chouquettes, du jus d'orange, et des journaux, ah je me sens vraiment la plus vernie du monde. Vous pouvez pas savoir. Je suis vivante. J'ai un boulot. Je vais manger des divines chouquettes. Si chaudes parfois que leur chaleur transperce le papier de leur sac (vous voyez ce que je veux dire ?)

Suivant. Instant parfait suivant. 8h 20 ou 25 ou 30 j'arrive au boulot la première. (Oui, et j'ai semé les paparazzi. Les motos sont interdites dans le métro) J'ouvre la lumière du couloir. J'adore ouvrir cette lumière. Quoi il m'en faut peu ? Ben oui ! C'est mon côté femme préhistorique - émerveillée de l'électricité- et ouvrir la première la lumière ça me donne un sentiment de supériorité exquis. Oui. A bas prix)

Je précise que ces instants parfaits sont toujours très brefs et aussitôt gâchés par quelque chose, mais bon dieu...ils existent !

Ensuite ça se gâte. Je crois que l'instant parfait suivant n'a lieu qu'au retour de la cantine, lorsque je me dis en me rasseyant devant mon ordinateur: voilà, la moitié de la journée de boulot est faite.

Et l'instant parfait d'après? Je vous le donne en mille: c'est quand je sors de l'immeuble pour rentrer à la maison ! Moment aussitôt gâché par la perspective du long trajet à se taper.

Dites donc, on en est à combien d'instants? je n'ai pas compté.

Le merveilleux instant d'après c'est quand enfin rentrée, mes chaussures enlevées, les mains lavées, e manger des chats donné, le courrier ouvert, je m'asseois à MA place sur le canapé. J'appuie mon dos sur le dossier, je regarde les livres et les petits ours bruns sur les étagères, Jimmy vient sur mes genoux et Absinthe me regarde avec ses beaux yeux verts: instant parfait.

Après ?

Après, non mais qu'est-ce que vous croyez, c'est ma vie privée ! je vous le redis: un peu de respect.

07/01/2016

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