03/02/2013
Les tulipes de La Bruyère
"Le fleuriste a un jardin dans un faubourg : il y court au lever du soleil, et il en revient à son coucher. Vous le voyez planté, et qui a pris racine au milieu de ses tulipes et devant la Solitaire : il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, il ne l’a jamais vue si belle, il a le cœur épanoui de joie ; il la quitte pour l’Orientale, de là il va à la Veuve, il passe au Drap d’or, de celle-ci à l’Agathe, d’où il revient enfin à la Solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner : aussi est-elle nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées ; elle a un beau vase ou un beau calice : il la contemple, il l’admire. Dieu et la nature sont en tout cela ce qu’il n’admire point ; il ne va pas plus loin que l’oignon de sa tulipe, qu’il ne livrerait pas pour mille écus, et qu’il donnera pour rienquand les tulipes seront négligées et que les œillets auront prévalu. Cet homme raisonnable, qui a une âme, qui a un culte et une religion, revient chez soi fatigué, affamé, mais fort content de sa journée : il a des tulipes."
(La Bruyère, De la mode, dans Les caractères)
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02/02/2013
Le dragon bleu
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Dans 4 jours
ll était une fois une mère, sa fille, et un chat. La fille mesurait dix centimètres de plus que sa mère et ella avait presque dix-huit ans. Dix-huit ans dans quatre jours. Le chat avait 4 ans. La mère s'appuyait des fois contre sa fille et le chat pensait que la mère avait une mine atroce. La mère n'arrêtait pas de dire qu'elle était épuisée. Quarante ans séparent la mère et la fille, tant d'années, tant de choses, tant de bonheurs, tant de tourments. Quarante années vécues avant qu'elle naisse ! Dans quarante ans j'aurai presque cent ans. Ici, tout à l'heure, à quatre jours de sa majorité, c'est à quoi je pensais, à sa jeunesse, à sa majorité, à sa présence ici encore, à la maison, vite, vite, la douceur de ces moments, elle est si pressée d'habiter ailleurs! Et ce chat qui me regarde, comprend tout, et surveille ma tristesse comme le lait sur le feu !
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