UA-122527695-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/12/2012

Payer de sa personne

maximilien-luce-peintre-neo-impressionniste-e-L-1.jpeg

Maximilien Luce

 

 

Je vais dire "je". Je ne vais pas dire "elle" quand même, alors que c'est moi! Je dis je. A un moment dans ma vie au travail j'ai dû m'exposer. Je n'avais plus d'employeur. J'avais choisi que ça soit moi. Donc tout dépendait de moi. Il fallait convaincre des gens de me payer pour ce que je faisais. C'est moi qui fixais les prix, qui établissais les factures, qui réclamaient les règlements, c'était à la fois ennivrant et angoissant. Le premier (gros, je m'en souviens) chèque que j'ai touché, m'a transportée. Je ne le devais qu'à moi. Et en plus pour un travail qui m'avait demandé un peu de préparation mais qui ensuite avait été charmant: parler deux heures. (Bill Clinton, c'est moi). je dis charmant parce que c'était dans un endroit ravissant dont j'ai oublié le nom, à trente kilomètres de Marseille, peut-être que Fanfan saurait, dans un restaurant où nous avions mangé délicieusement sous une treille. J'étais venue en avion le matin, et comme j'avais une sinusite du feu de Dieu, chose qui ne m'était jamais arrivée et ne m'est jamais re-arrivée depuis, le médecin m'avait la veille donné de la cortisone à haute dose, c'est à dire en une seule dose, et j'étais complètement euphorique et déchaînée (et j'avais été un peu hors des clous d'ailleurs!).

Tout n'a pas ensuite été aussi merveilleux et je le savais mais ce jour-là j'avais trouvé si bon de ne plus avoir que moi comme patron (en même temps je divorcais, bref, viva la libertad!).

Bon tout ça pour dire que j'ai vraiment dû compter sur moi, moi qui comptais comme un pied. (Je pourrais en écrire des choses  sur toutes les erreurs qu'il ne faut pas faire quand on monte son entreprise mais ça me bassinerait trop de devoir revivre ça en l'écrivant!)

Et puis comme tous les gens à leur compte, au bout d'un certain temps les taxes diverses et variées me sont dégringolé dessus,la rigueur nécessaire aussi pour répondre aux obligations administratives, j'étais en retard pour payer la TVA trimestrielle, j'avais des pénalités terribles à payer, enfn tous ces tracas d'une grande banalité. L'angoisse me bloquait le dos et quand je ne pouvais pas travailler non seulement je ne gagnais pas d'argent mais je perdais des contrats, et perdais aussi la confiance des clients qui forcément disaient à leurs copains que je n'étais pas fiable, que je pouvais avoir le dos bloqué du jour au lendemain et leur faire faux-bond, ce qui m'était arrivé une fois cruciale un lundi matin, laissant en plan vingt personnes, un truc horrible.

Retourner au travail salarié est devenu alors mon rêve et après plusieurs péripéties, j'y suis retournée. Là, me fondre dans l'obscurité a été un délice. Recevoir ma paie chaque mois, le nirvana. Ne plus avoir à convaincre, me battre, séduire, courir par monts et par vaux, ne plus avoir en un mot à payer de ma personne. Juste un peu. Pas une montagne.

Au-delà des contingences (mon travail est loin et autres points laissant à désirer) voilà ce que je veux dire, le salariat est une prison mais bien dorée, le mariage aussi, et tous les liens qui permettent de n'avoir qu'à râler contre. Oui je sais, vous ne pensiez pas que je finirais comme ça ce billet. Travail, famille, patrie, nous tiennent en joue de notre plein gré.

 

28/12/2012

Le repos lors de la fuite en Egypte (3)

 

Brueghel (Métropolitan, New York)

ME0000100139_3.jpg

Le repos lors de la fuite en Egypte (2)

 

ME0000095267_3.jpg