Le premier dimanche de l'automne

Cette tasse laissée sur le banc par je ne sais pas qui, le soleil sur la bruyère  et dans les bambous comme  des splendeurs absolues, la tasse, la bruyère, la dernière rose de l'année, des splendeurs devant lesquelles s'agenouiller, mais les banalités qui couvrent tout, qui empêchent tout, cette femme au nez retroussé et aux lèvres minces qui se plaint qu'elle va avoir quarante ans, j'essaie de voir la beauté en elle et pas le grotesque et je n'y arrive pas, moi là et pas du tout, la pièce montée des dix ans de mariage d'une de mes soeurs, la petite fille aux longs cheveux qui m'a permis en souriant de lui faire une natte, les fromages servis avec de la pâte de coing, la douceur du soleil dans le jardin, la grande réunion de famille, les enfants courent partout et jouent à cache-cache, "l'homme descend du singe et c'est scientifique" dit quelqu'un et la façon dont cela est dit me choque, c'était le premier dimanche de l'automne, et j'ai bu trop de champagne.