L'année Rameau, mon heure de gloire

Joseph Aved, musée de Dijon

C'est l'année Rameau parce qu'il est mort il y a deux cent cinquante ans. Dans deux cent cinquante ans ça sera mon année. Si toutefois je meurs cette année. Sinon il faudra attendre encore. Autant dire que même si je meurs demain, ce n'est pas demain la veille mon heure de gloire.

Car peu glorieuse je suis parfois. Ainsi j'étais tellement fatiguée ce soir qu'en rentrant du travail je n'arrivais pas à ouvrir la boîte à lettres. Je forçais en maugréant la serrure et en maugréant assez longtemps pour la bouziller, quand je me suis aperçue que c'était la boîte à lettres au-dessus de la notre. Ils vont être contents les gens. J'ai trouvé ça super drôle. La fatigue je pense.

Les têtes lugubres des chats m'ont calmée quand je suis arrivée. Ce soir il me semble qu'ils tiraient spécialement la tronche.

Sinon aujourd'hui j'ai pris des billets pour "Les fêtes de l'hymen et de l'amour", l'opéra de Rameau, le 11 mars au théâtre des champs- élysées. C'est un opéra de 1747 qui sera joué sous forme de concert, dirigé par Hervé Niquet.

Voilà Hervé Niquet.

 

 

 

 

 

 

 

 

Je sens que vous êtes trop contents de voir Hervé Niquet. Tiens, au lieu de ricaner, voilà ce que disait de lui Le Monde il y a quelques jours pour la "première" de ce concert donné à l'Opéra de Versailles:

"LU AVEC FORCE ROULADES

Le chef d'orchestre Hervé Niquet s'est fait plaisir. Il a notamment lu avec force roulades dix-huitiémistes les didascalies de cette pièce divisées en trois entrées – Osiris, Canope et Aruéris ou Les Isies – précédées d'un Prologue  ajouté au préexistant ballet héroïque, Les Dieux d'Egypte, préempté pour le mariage princier moyennant le rajout opportun par le librettiste Louis de Cahusac d'une querelle vite surmontée entre l'Amour et l'Hymen.

" Cacherl'art par l'art même » : cette devise orgueilleuse de Rameau n'est pas sans lien avec la fausse réputation de froid intellectuel de l'auteur des Indes galantes, également brillant théoricien.

UN MERVEILLEUX VOLONTIERS CATACLYSMIQUE

Force est de reconnaître  en écoutant la variété des couleurs instrumentales, la profusion d'un chant où airs et récitatifs suivent le flux du texte, la subtilité des rythmes de danse, la vivacité de l'inspiration ramiste. Il n'était pas facile de tenir  un public en haleine sans que la moindre vision scénique ne vienne relayer un merveilleux volontiers cataclysmique – ainsi le fameux débordement du Nil submergeant temples et pyramides (Canope).

L'engagement d'Hervé Niquet à la tête du Concert spirituel, une distribution ad hoc dominée par le soprano de Chantal Santon ont redonné lustre et vie à ces Fêtes de l'Hymen et de l'Amour, heureux présage pour l'Année Rameau."

---

Bref c'est l'année Rameau, c'est l'année Niquet, c'est mon année.