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13/05/2013

Le bleu irisique du lundi 13 mai

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Ce matin, un chat que je ne nommerai pas, excité par le chant des oiseaux, veut absolument à 4 heures et demi, aller sur le balcon écouter, dans la nuit qui finit, les oiseaux se réveiller. Je n'aime pas la nuit, alors, comme ce chat, moi aussi j'aime  la nuit qui finit. Un verre d'eau. L'iris qui était en bouton la veille s'est ouvert dans la nuit. La pensée que tout à l'heure c'est, après deux semaines de vacances, le retour au boulot, le retour au métro. La tentation de rester debout. La raison qui dit de se recoucher pour une heure et demi. La sonnerie du réveil à 6 heures. La sensation première: être vivante. La pensée première: où sont les enfants? quel âge ont les enfants? La cuisine: donc ce n'était pas un rêve, l'iris s'est ouvert dans la nuit. Le bleu de l'iris est unique. La force de l'iris dans la cuisine. Le "hello bonjour" de l'iris "c'est lundi". Le froid du frigo, le lait dedans, le lait bout et il fait grand jour. Et il fait gris. Il avait fait gris comme ça tout le mois de mai quand j'avais 17 ans. Pendant que le bol de chocolat chaud refroidit je vide le lave-linge, j'adore ça. Pourquoi j'adore autant, sortir le linge lavé d'un lave-linge? Surtout en sachant qu'ensuite je vais boire un chocolat chaud tiède. L'iris est là, immobile, élégant, vivant. Tout le monde est vivant. Louise m'a prêté son beau sac bleu. Je pars à la gare. A cette heure là je ne croise jamais personne sauf les gars des poubelles. Nous nous saluons tous les matins. Il y en a un très beau, petit, avec une moustache et des yeux comme du chocolat chaud.Il crachinotte. Dans le train je lis Libération, je le referme, il m'ennuie, seul le dessin de Willem me fait rire (un Cahuzac qui redescend sur terre au marché de Villeneuve sur Lot, comme un Christ en majesté,avec un pagne en billets de banque). Au boulot G. m'embrasse. (C'est qui "G"? Hein, c'est qui?) On me raconte: le chef a disparu. Quoi? Le chef a disparu? On me demande où je suis partie en vacances. Je dis "chez moi".Tout le monde s'accorde à dire: "C'est bien ce qu'il y a de plus reposant", pour être aimable. Une collègue dit qu'elle est allée à Lisbonne "mais sans les enfants, ils sont trop jeunes, ils pourraient pas en profiter".Enprofiter, elle dit ce mot. On travaille jusqu'à midi treize. On part à la cantine où il y a des salsifis. Je m'ennuie. Après au Carrefour en face, j'achète des bricoles. A la caisse, une femme d'un certain âge, mais plus jeune que moi. une autre caissière arrive et lui demande à quelle heure elle finit: "19h tous les soirs mais 22h samedi". "Ma" caissière s'exclame "Ah! moi aussi samedi à 22 heures". Celle qui est venue deux secondes debout à côté d'elle rit et dit "Ah ben on sera au moins deux vieilles". Elle se tourne vers moi: "Le samedi soir c'est toujours des étudiants. L'autre samedi je me suis retournée, c'était que des jeunes, j'étais la seule vieille". Elles rient toutes les deux avec gentillesse. La deuxième dit à la mienne "Je suis contente. Alors samedi on sera toutes les deux, tant mieux". Elles sont magnifiques. Instant de solidarité prolétaire. Plus belle chose de la journée avec l'iris. Je retourne travailler. Je sors à cinq heures 20. Dans le métro des cris soudain, des beuglements. Une foule de types habillés en PSG envahissent le quai, essaient de monter dans les rames quand les portes se referment, bloquent le démarrage, crient, font un boucan du diable, avec des drapeaux et l'envie d'en découdre. On dirait des buffles dans un western qui piétinent la barrière du champ. Dans le train ensuite une femme parle très fort dans son téléphone. Sur le chemin entre la gare et la maison je cueille une petite branche de lilas, deux petites gueules de loup rose foncé, une grappe de glycine. Je redescends chez le médecin où j'ai RV à 19h30. Il me dit que lui aussi il a été en vacances et qu'il a "cassé du bois", que lui aussi il est resté chez lui mais qu'il a cassé du bois. Je remonte à la maison. Je fais chauffer une boîte de petits pois en regardant l'iris comme si c'était le plus bel amour du monde. On dîne. Je dis que j'aimerais bien regarder "Two lovers" à la télévision. A cause du titre. Mais c'est nul, doublage nul, c'est tout obscur, j'y vois rien et ça ne m'intéresse pas. La télé est fermée. Un thé. L'iris. Le 13 mai est bientôt fini et peut-être que cette nuit l'iris va se faner.

 

Commentaires

Quelle journée !

J'adore les iris, j'en ai un peu, que j'ai enlevés du jardin de maman quand nous avons vendu sa petite maison. C'est un souvenir d'elle, elle les aimait beaucoup. Leur parfum m'enchante, mais les miens ne sont pas encore fleuris et ont subi une attaque en règle de petites et odieuses limaces grises.

J'aime bien "les types habillés en PSG", quel ignoble bazar causé par quelques excités, probablement téléguidés par des gens aux objectifs peu clairs. Je hais le foot.

J'aime bien aussi la conversation entre les deux caissières, une "tranche de vie", simple et chaleureuse. Je pense souvent à la vie de ces personnes contraintes de faire des horaires à la gomme qui doivent les priver d'une vie de famille normale.

Écrit par : Julie des Hauts | 14/05/2013

Oui c'est du gros n'importe quoi la vie des caissières, c'est dégueulasse leurs conditions de travail

Écrit par : Sophie | 15/05/2013

C'est quoi l'âge des enfants de la collègue ? Je trouve que dès qu'ils marchent, les enfants profitent des vacances familiales... C'est plutôt qu'elle avait envie de profiter de ses vacances sans les enfants. Ce qui peut être compréhensible.

Écrit par : sabine | 14/05/2013

3 et 7 ans je crois

Écrit par : Sophie | 15/05/2013

Bel article et bel iris! Comme Sabine, ce terme de "profiter" attire mon attention, j'ai toujours détesté que l'on me dise "profite-bien" quand je pars en vacances par exemple, j'ai l'impression qu'on veut me gaver.

Écrit par : Fanfan | 15/05/2013

Les vacances sans les enfants, c'est un concept qui m'a toujours laissée pantoise.

Des collègues étaient coutumiers du fait. Trois semaines à l'ile Maurice, invités par une amie à eux qui leur laissait sa maison, et ils sont partis sans leur fille qui avait huit ans.... Je n'ai jamais compris.

Écrit par : Julie des Hauts | 15/05/2013

Peut-être qu'elle ne voulait pas partir avec ses parents... hi hi hi

Écrit par : Sophie | 16/05/2013

Petite, si, elle aurait bien voulu, mais quand elle est devenue plus grande, vers dix sept ans, elle ne voulait plus, bien fait pour eux !

Écrit par : Julie des Hauts | 16/05/2013

Les commentaires sont fermés.