01/02/2014
En robe sans manches
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31/01/2014
Non ?
Lorette allongée, Matisse, 1916
21:47 | Lien permanent | Commentaires (1)
Ses pulls
J'ai été très amoureuse de Cavanna qui est mort hier. Pas le Cavanna de ses livres, je n'en ai pas lu un, mais le Cavanna de Charlie-Hebdo quand j'avais entre 17 et 20 ans, très amoureuse je vous dis, mon premier amour. Enfin non, avant il y a eu Gérard Klein quand il n'était pas encore instit, Gérard Kein que j'écoutais à la radio en 1968, Gérard Klein c'était sa voix.(Je ne vous ai jamais raconté ça? Vous voyez, vous ne connaissez pas tout de moi !) D'ailleurs non quand j'y pense, avant il y a eu Jean-Claude Killy, pour ses merveilleuses chroniques toutes les semaines et sa voix, - vous connaissez le journal où il écrivait et la radio où il parlait? non bien sûr je rigole, pas pour ça, mais pour l'exploit ! pour la neige! pour la glissade et les virages sur la neige! (je dois à la vérité de dire que j'étais aussi amoureuse d'Annie Famose, mais qui se souvient d'Annie Famose ?!?-si ça se trouve je l'ai inventée; tiens je vais aller regarder...Non non, je n'ai pas rêvé, Annie Famose existe, Annie Famose on l'aimait parce qu'elle avait l'air d'une fille tandis que Marielle Goitschel avait l'air d'un garçon ). De qui j'ai été amoureuse aussi? De Paul Newman, de Mike Brant, de Michel Lancelot, de Sylvie Vartan. Oui ! Bien sûr.
Mais de personne comme Cavanna. Les plus beaux pulls du monde. Des grands pulls où c'était sûr qu'on était délicieusement bien contre, s'il refermait les bras sur vous. Regardez les photos si vous ne le connaissez pas. Il est mort hier, il avait 90 ans, il était grand, magnifique, sublime (mais ensuite quand j'ai entendu sa voix, je n'aimais pas sa voix). Donc ses pulls. Il écrivait chaque semaine une chronique de mode, sur les pulls, dans Charlie-Hebdo. Je ne savais pas à l'époque qu'il l'avait créé avec Choron. je ne lisais pas Hara Kiri, sous-titré génialement "journal bête et méchant" (dans mon souvenir il était plein de photos de filles nues, j'étais très à cheval sur ça, si je puis dire, enfin non mais si sans doute, c'était quand même une sacrée bande de misogynes, et vous savez ce que je pense: "Révolutionnaires de tous les pays qui lave vos chaussettes?"), je savais qu'Hara -Kiri existait, que c'était lui aussi mais je fermais les yeux. En fait à l'époque le monde était comme ça: Cavanna c'était le gentil, Choron c'était le méchant ! (Pourtant aujourd'hui je pense que j'aimerais mieux Choron. Cavanna avait, même autrefois -il l'a toujours eu je crois- un petit côté...un petit côté....comment dire?"je me prends quand même un peu au sérieux" que Choron n'avait pas du tout. Pas du tout étonnant qu'en 1978 il ait dit "Ta gueule !" à Bukowski sur le plateau d'Apostrophes. Cavanna avait ce côté "je sais ce qui est bien ou pas", qui lui faisait faire finalement la police sur ce plateau alors que rien ne l'y autorisait ! Bukowski dira ensuite qu'il avait bu car c'était horrible ces gens en rond en train de parler de leurs bouquins ! je comprends tellement ce qu'il voulait dire ! Cavanna c'est l'élève brillant, chahuteur en chef ,qui le jour où le prof lui dit de faire un exposé,ne supporte pas qu'un autre élève puisse être un quart de millième aussi insolent avec lui qu'il l'est cent mille fois plus avec le prof et tout le monde ! (Les anars sont toujours un peu comme ça, non?)
Mais la chronique de Cavanna chaque semaine, c'était un immense air frais, une sorte de sauveur, et un formidable plaisir de lecture , bien que je ne me souvienne pas de ce dont il parlait ! Je le lisais avec révérence, reconnaissance, admiration, et pensais à lui comme à un idéal masculin (jusqu'à 20 ans j'ai eu un idéal masculin, ça m'a passé vite hein !). Avec ses grands pulls, ses grandes moustaches, ses grands bras, sa grande gueule, et ce truc bizarre de tendresse qui se voyait entre chaque ligne, il incarnait l'idée d'une autre vie possible, une vie intéressante, large, ample, libre, une vie où on pourrait se dresser contre la connerie, dire son fait à tous les cons. Oui voilà c'est ça: dire, se moquer, rire, ne pas se taire, et n'être embrigadé par rien.
La seule chose dont je me souvienne avec précision- c'est qu'il avait écrit un jour, que rien, aucune combinaison, aucun raffinement, aucune débauche, oui il avait dit quelque chose comme ça, ne remplaçait la simplicité de faire l'amour dans son lit, avec le soleil d'une belle journée, qui rentre par la fenêtre. C'était beau.
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